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Son père n’avait pas pris lui-même le traitement martien, même s’il avait aidé beaucoup de monde à en bénéficier. Se trouvant encore largement au milieu de son existence, il n’était pas encore prêt à assumer les devoirs et obligations de la longévité. La mère de Bose avait eu moins de scrupules : elle s’était débrouillée pour que Bose reçoive ce traitement qui lui sauverait la vie. Il était bien trop jeune pour le médicament, mais l’éthique martienne acceptait des exceptions en cas de vie ou de mort. Comme on pouvait s’y attendre de sa part, sa mère avait commencé par le lui administrer avant de s’occuper de l’approbation de ses collègues. Bose ne lui avait jamais été aussi reconnaissant qu’il savait devoir l’être ; quand le souvenir de l’agression à Madras revenait le torturer, il se disait souvent qu’il n’aurait pas été si terrible que sa mère le laisse mourir.

Le gamin sous la pluie continuait à marcher d’un pas régulier. Il passa devant une deuxième voiture de protection. Le périmètre était encore mieux protégé qu’au moment où Bose avait fait un tour en voiture, quelques heures plus tôt. Que se passait-il donc à l’entrepôt pour justifier un tel déploiement ? Sans doute Findley avait-il pris peur en apprenant qu’Orrin s’était échappé du State Care. Sans doute craignait-il qu’une agence fédérale demande à perquisitionner dans les locaux. Mais il restait à savoir de quelle manière il comptait neutraliser cette menace.

Bose espéra que Turk allait tout simplement abandonner et rentrer chez lui, sans quoi lui-même aurait sans doute à l’intercepter et à le prévenir de ne pas approcher. Tout cela prenait trop de temps et il lui fallait encore retrouver Orrin Mather. Il accéléra un peu le pas, en évitant la lumière des réverbères et en restant autant que possible dans les allées des bennes à ordures et des livraisons.

Quand il revit Turk, celui-ci se tenait immobile à seulement une dizaine de mètres. Il se trouvait à deux rues au sud de l’entrepôt Findley et on ne voyait pas le moindre garde. Bose recula d’un coup quand le gamin regarda des deux côtés dans la rue, qui ne lui offrit d’autre spectacle que des portes fermées et des trottoirs misérables sous une pluie incessante. Il passait nerveusement son sac plastique d’une main à l’autre. Bose s’apprêtait à se montrer, soit pour l’affronter, soit pour le faire fuir, quand le gamin tourna subitement à gauche, le sac serré dans ses bras, et se mit à courir entre deux bâtiments obscurs.

Merde, se dit Bose. Il suivit à pas rapides mais prudents en espérant que le gamin n’allait pas se faire ou les faire repérer et tuer.

Mais Turk était rapide, et malin, du moins sur le plan tactique. Il savait que le quartier abondait en ruelles et en allées, la plupart mal éclairées, et gagna sans se faire remarquer celle qui donnait sur l’entrepôt. Et qui était très surveillée, mais le gamin se faufila entre deux voitures vides, profita d’une bourrasque de pluie particulièrement violente pour traverser à toute vitesse un espace à découvert et atteindre sans se faire voir l’embouchure d’une autre allée. Bose présuma qu’il ne voulait pas arriver à l’avant de l’entrepôt, mais à l’arrière, aux quais de chargement. Tout comme dans l’histoire d’Orrin.

Bose suivit par le même chemin en ayant l’impression d’être ridiculement voyant. Il se rappela que son seul objectif était d’empêcher le gamin de faire une énorme erreur et de blesser quelqu’un ou d’être lui-même blessé. Le problème était que Turk pourrait réagir de manière imprévisible à toute tentative de l’aborder. Il fallait néanmoins que Bose établisse le contact.

Il n’avait pas d’arme, mais certains de ses talents personnels pourraient lui servir dans cette situation. À la différence de sa contrepartie modifiée proposée au marché noir par les vendeurs de longévité, le médicament martien supprimait ou améliorait certaines fonctions neurologiques. Il supprimait l’agressivité spontanée, si bien que Bose était ce qu’on appelait « long à la colère ». Il augmentait l’empathie et éliminait la peur. Il améliorait aussi l’acuité visuelle et le temps de réaction, ce qui avait aidé Bose à se forger une excellente réputation de tireur d’élite à l’école de police.

Turk remonta l’allée jusqu’à l’intersection avec la ruelle passant derrière l’entrepôt. Il s’accroupit, presque invisible dans son poncho noir, et tendit le cou pour voir ce qui se passait. Bose saisit l’occasion pour se glisser dans son dos.

C’était le moment ou jamais. « Salut », dit-il à voix basse, mais juste assez fort pour être entendu dans le crépitement de la pluie.

Le gamin sursauta et se retourna d’un coup. Bose tendit les mains, paumes levées. « Je ne suis pas armé, dit-il en approchant encore de deux pas. Et je ne suis pas avec eux.

— Qui vous êtes, alors ? » parvint à dire l’adolescent. Il tenait le bidon d’alcool méthylique dans la main droite de manière à pouvoir s’en servir comme d’une masse d’armes.

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