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Il a hoché la tête, fermé les yeux et avalé sa salive. Tout à coup, le sol s’est éloigné sous nos pieds.

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Notre avion a traversé la barrière électrostatique et pénétré dans un jour trouble.

Soudain Vox n’était plus qu’une parcelle sombre à la surface de la mer de Ross, beaucoup plus bas que nous, entouré comme d’un récif sous-marin par les îles sabordées des Fermiers. Nous sommes montés à une vitesse vertigineuse jusqu’à ce que l’océan se perde dans la brume, jusqu’à ce que nous traversions un banc de nuages qui allait d’un horizon à l’autre.

Turk a confirmé notre destination aux protocoles embarqués de l’avion et a réussi à interdire l’accès à tout signal en provenance de Vox. Ce qui a aussi isolé son nœud de l’activité du Coryphée : il a frissonné, puis secoué la tête comme pour s’éclaircir les idées. Il a ordonné au véhicule de nous prévenir en cas de poursuite (il n’y en a pas eu, sans doute grâce à Isaac) et s’est écarté des surfaces de contrôle, pâle et éreinté. Les nuages en bas semblaient aussi inhospitaliers qu’un massif de montagnes désertiques.

Il m’a regardée, les yeux plissés. Je me suis souvenue de cette impression, celle de Treya quand le Réseau était tombé en panne, comme si on avait privé le monde de toute couleur et de toute sensation. « Promets-moi une chose, a-t-il dit.

— Laquelle ?

— Ce truc qu’ils m’ont accroché à la colonne vertébrale… promets de me l’enlever une fois arrivés. »

J’en ai fait la promesse solennelle.

Une fois arrivés. Nous n’avions pas vraiment pu discuter de l’endroit.

À Centre-Vox, j’avais passé beaucoup de temps à visualiser des extraits des archives voxaises (en ne me servant que d’interfaces manuelles, ce qui était lent et frustrant) et à lire les histoires qu’on avait préparées pour Turk. Vox avait été persécuté pendant des siècles par des démocraties corticales jalouses, du moins à ce qu’on m’avait enseigné. Mais sans le Coryphée pour mener la revue, ces histoires familières semblaient ambiguës et même dérangeantes. Les fondateurs de Vox avaient constitué l’aile activiste d’un système de croyance radical. Rejetés par les majorités bionormatives des Mondes du Milieu à cause de leurs expériences avec la technologie interdite des Hypothétiques, ils avaient choisi de créer leur propre régime fermé, une démocratie limbique à métaphysique intégrée.

Vox avait dû sembler, du moins au début, un exemple juste un peu plus excentrique de ces nombreuses communautés d’îles artificielles qui s’étaient développées sur les océans d’Ester, un monde aquatique parmi ceux du Milieu. Les fondateurs avaient abandonné leurs expériences avec la biotechnologie des Hypothétiques au profit d’une croyance en une union finale entre humains et Hypothétiques, ce qui les conduisait à sanctifier quiconque avait été touché par ces derniers… à commencer par Jason Lawton, à l’aube de l’ère du Spin, et en incluant d’innombrables sectaires de la longévité, d’anciens Quatrièmes Âges martiens et les âmes intrépides ou malchanceuses enlevées par les Arcs temporels.

La majorité bionormative était le méchant récurrent de l’histoire voxaise. Ester avait interdit les communautés neurales limbiques peu après les tragédies de Hyum et de Loi, forçant ainsi Vox à lever l’ancre pour entamer son pèlerinage de plusieurs siècles vers la Terre. Mais sur la plupart des planètes de l’Anneau – surtout Ester et Port Nuage –, les démocraties corticales prospéraient encore et toujours. Une fois arrivés signifiait, à long terme, une fois sur un de ces paisibles et florissants Mondes du Milieu.

J’y ai réfléchi après le crépuscule, alors que nous volions vers le nord. Turk a mangé sans appétit, levant et baissant la tête pour regarder la surface désolée de la Lune et les nuages toxiques. Ses pensées vagabondaient sur d’anciennes peines. « On a bien bousillé cette planète, hein ? a-t-il dit.

— Ça dépend de qui est ce on.

— Les gens en général. Et ma génération en particulier, j’imagine. »

Ce que nous avions sous les yeux témoignait amplement de l’échec de l’humanité. Les nuages étaient d’une beauté étrange, mais la lueur de la Lune s’y reflétait teintée d’un vert vénéneux. « Possible, ai-je répondu. Sauf que tout n’est pas encore terminé. Combien y avait-il d’habitants sur Terre, quand tu en es parti ? Six ou sept milliards ?

— À peu près.

— Mais les humains ne vivent plus uniquement sur Terre. On en trouve sur tous les mondes de l’Anneau. Tu sais combien il y a de personnes en vie, en ce moment, dans l’Anneau des Mondes ? Presque cinquante milliards. Et ce n’est pas une prolifération toxique, comme sur Terre. Cinquante milliards d’êtres humains vivant en relation étroite avec leur environnement, vivant relativement heureux. En tant qu’espèce, nous n’avons pas échoué, mais réussi.

— C’est ça que fuyait Vox ? Une réussite ?

— Eh bien, Vox… Vox ne fuyait pas les Mondes du Milieu, mais courait vers les Hypothétiques.

— Ce ne sont pas eux qui ont lancé une attaque nucléaire sur Centre-Vox.

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