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Bose lui brossa le scénario dans ses grandes lignes. Pendant qu’il est employé dans l’entrepôt Findley, Orrin découvre d’une manière ou d’une autre que le fils du patron s’apprête à perpétrer un incendie criminel et il inclut cette information dans les histoires qu’il écrit. Les carnets sont l’œuvre d’un jeune homme tourmenté que tout le monde, y compris sa sœur, croit moins malin qu’il est, mais à l’emprise plus qu’hésitante sur la réalité. Subitement licencié, enfermé ensuite au State Care, Orrin panique : il croit que l’incendie est prévu sous peu et pense pouvoir l’empêcher s’il arrive à retrouver sa liberté. (Voilà pourquoi il a mordu Jack Geddes durant sa maladroite tentative d’évasion, se dit Sandra.) Une fois libéré par Bose et Sandra, il emprunte à Ariel de quoi se déplacer et part empêcher Turk Findley de commettre un acte impardonnable.

Sandra y réfléchit. « Je n’ai pas l’impression que ça colle vraiment, sur le plan chronologique. Orrin a été renvoyé avant de pouvoir savoir quoi que ce soit sur les peines de cœur de Turk.

— On ne connaît pas sa source. Il l’a peut-être su de seconde main. Il est peut-être resté en contact avec quelqu’un à l’entrepôt. Ces passages-là sont les plus récents de son document et on ne sait pas trop quand ils ont été écrits.

— Qu’est-ce que ça peut lui faire, d’ailleurs, que Turk Findley mette le feu à l’entrepôt de son père ? Il a déjà perdu son travail là-bas, un boulot qui lui rapportait moins que le salaire minimum et devait à peine lui permettre de se payer l’asile de nuit.

— Je ne sais pas, avoua Bose. Il y a quelques jours, j’espérais que tu pourrais me le dire. »

Elle n’avait toujours pas la réponse. « Et si l’explication était encore plus étrange ? Je ne sais pas. Quelque chose de juste… bizarre.

— Alors on reste assis là, dit Bose. À faire ce qu’on fait. »

L’employée derrière le comptoir, celle qui avait encouragé Bose à se mettre à son aise, rentra chez elle. Sandra l’aperçut qui s’éloignait au volant d’une Honda bleue vieille de dix ans. Elle fut remplacée par un adolescent qui souffrait d’un tic nerveux et d’eczéma sur le visage. Le gérant de nuit sortit une fois ou deux la tête de son bureau pour les regarder, si bien que Bose finit par aller le rassurer. Il en profita pour acheter deux beignets auxquels ni Sandra ni lui ne touchèrent.

Le bus suivant arriva à l’heure. La pluie se déversait toujours, les caniveaux débordaient et débarrassaient la rue de son éclat huileux. Quatre hommes descendirent, cette fois, qui pour Sandra ressemblaient tous à des travailleurs de nuit. Aucun d’eux n’était Orrin Mather. Trois partirent en courant vers la gauche chercher un abri. Le dernier se mit en marche d’un pas décontracté vers la droite, comme si la pluie ne le concernait pas.

En quittant la fenêtre des yeux, Sandra s’aperçut que Bose continuait à scruter l’extérieur. « Qu’est-ce qu’il y a ?

— Le jeune. Celui qui est tout seul. »

Jeune, oui. Et maigre, avec un poncho noir sur le dos et un objet encombrant dans un sac en plastique.

« Merde », dit Bose.

Elle parvint aussitôt à la même conclusion, absurde mais inévitable. « Tu crois que c’est Turk, le fils de Findley ? » Le garçon atteignit le coin de la rue et tourna en direction de l’entrepôt. « Qu’est-ce qu’on fait ? »

Bose sauta sur ses pieds. « Reste ici. Garde ton téléphone sous la main. Appelle-moi si tu vois Orrin. Ou quoi que ce soit d’autre que j’aie besoin de savoir. Sinon, ne bouge pas tant que je ne te donne pas de nouvelles.

— Bose ! protesta-t-elle.

— Je t’aime », dit-il, d’une façon exaspérante et pour la première fois.

Il sortit avant qu’elle puisse refermer la bouche. Elle le vit par la fenêtre traverser le parking en longeant une clôture parallèle à la rue et sans se soucier de la pluie, qui le trempa en un instant.

L’adolescent au comptoir avait dû remarquer son expression stupéfaite. « M’dame ? lança-t-il charitablement. Vous voulez un café ou quelque chose ?

— Dingue, lâcha-t-elle à voix haute.

— Pardon, m’dame ?

— Pas vous. »

<p>26</p><p>Récit d’Allison</p><p>1</p>

J’ai attendu Turk au milieu des avions sur les quais aériens loin au-dessus de la ville.

J’avais pris un itinéraire détourné, par les calmes terrasses tribord et les verdoyants couloirs ombragés que Treya avait tant aimés dans son enfance. Chaque jardin et porte sur le chemin croulait sous les (ses) souvenirs. Comment ne pas avoir de peine ? Vox mourait et je ne pouvais rien y faire… Je ne pouvais rien pour les amis perdus, la famille qui m’avait ostracisée ou la ville que j’avais aimée autrefois. Rien sinon emporter mes souvenirs et mes appréhensions dans un endroit plus sûr, à plusieurs mondes de distance.

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