Читаем Tango chinetoque полностью

— Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il en se retournant.

Il m'avise, réprime un tressaillement et se hâte de froncer les sourcils, pour être paré à la manœuvre défensive.

— Oui ?

— Monsieur le Directeur, avec votre permission, j'accompagnerai Bérurier en Chine.

Là, ça lui perturbe le mental. Il se dit que j'ai dû déjanter. Ou alors que ma matière grise fait la colle. Voilà qu'après lui avoir déballé un noir tableau de la mission je viens lui annoncer que j'entends y participer ! Son regard ne se désunit pas.

— Refusé ! lâche-t-il sèchement.

On s'affronte, on est pâles. On s'enfonce lés yeux dans les yeux.

— Puis-je vous demander pourquoi, Monsieur le Directeur ?

Il aimerait m'envoyer chez plumeau, mais se retient de justesse.

Il respire un bon coup pour s'approvisionner les soufflets et explique :

— Bérurier a fait une bêtise, il va la payer. Cela dit, je n'ai pas envie de sacrifier les meilleurs éléments de mes Services.

Je serre les poings. Je devrais être flatté, je ne suis que rogneux. La façon dont il balance le Gros m'ulcère.

— En ce cas, Monsieur le Directeur, fais-je, j'ai l'honneur de vous remettre ma démission.

Il reste de glace.

— Comme vous voudrez, San-Antonio, personne n'est indispensable.

— Vous l'aurez dans dix minutes, Monsieur le Directeur, le temps de la rédiger. Je vous présente mes respects. Adieu, Monsieur le Directeur.

J'ai les oreilles qui bourdonnent. Ça hulule mochement sous mon caberlot.

Je quitte la pièce sans me retourner.

Le Bérurier des familles a récupéré. Il m'attend en roulant une cigarette à l'aide d'un appareil tellement compliqué qu'on aimerait voir passer son inventeur par les armes, histoire de lui apprendre à phosphorer correctement.

En voyant ma mine tendue, il lâche l'objet combustible en cours de réalisation et croasse :

— Y a du grabuge ?

— Je viens de démissioner, Gros. Et je te rengage à en faire autant.

— Toi, démissionner ? murmure-t-il, incrédule de bas en haut.

— Parfaitement.

— Il le sait ? demande le Gravos en désignant la porte du Vieux.

— Il le sait et accepte ma démission. Si tu veux venir écrire la tienne, t'auras qu'à copier par-dessus mon épaule en changeant simplement les nom et prénoms…

Sais plus m'occuper de lui, je dévale l'escadrin jusqu'à mon bureau (pardon : jusqu'à mon ex-bureau).

D'une écriture rapide et majestueuse et en termes concis, je libelle le texte qui me sépare de la Grande Maison. Il m'est déjà arrivé de flanquer ma démission, mais jamais pour de bon, soit dit entre nous et la pissotière du boulevard Haussmann. Mes dents grincent plus fort que ma plume. Au moment où j'étale mon paraphe au bas du document, le Gros éploré s'annonce timidement.

— T'as pas le droit de faire ça, San-A.

Je ne réponds rien.

— Tu me masturbe mes derniers instants, gars, reproche Sa Majesté. A cause de ton emportement, je vais canner avec une arrière pensée et ça risque de me faire rater mon examen de passage au Paradis… Vois-tu, le Vieux, faut le comprendre. S'il n'était pas intraitable, il aurait plus qu'à aller vendre des moules, la Grande Taule partirait en brioche. Un big chief, on peut pas juger son comportement, sinon ça fout la chetouille dans le chantier. Ce qu'il faut, c'est s'incliner devant ses décisions, même si ça nous ferait grincer les ranches comme des raisins verts.

— Savez-vous que vous vous exprimez fort bien, Bérurier, dît une voix familière depuis l'encadrement de la porte.

On se retourne. Le Boss est là. Sa rogne est tombée et il sourit. Il s'avance, une main dans la poche, l'autre posée à plat sur sa calvitie pour pas qu'elle prenne froid.

— Au cours de ma carrière pas trop mal remplie, déclame le Dirlo, je n'ai jamais rencontré deux têtes de mules comme vous !

Il se penche sur mon sous-main, saisit ma démission, et se met à la pétrir sans la lire pour en faire une boulette serrée.

Puis, familièrement, il s'assied sur un coin de la table et nous considère alternativement.

— Sacré tandem ! dit-il.

Brusquement il se passe quelque chose d'incroyable, les gars. Quelque chose de jamais vu qui nous sidère, Béru et moi.

Un petit truc rond tombe d'un œil du Vieux et s'écrase sur mon buvard. On regarde : pas d'erreur, c'est bien une larme, une vraie.

D'où est-ce que ça lui sort, ce machin-là ? Je le, croyais tari à bloc, pire que le désert du Sahara, le Big Boss.

Déjà il en a honte. Il renifle. Son œil s'évapore pour redevenir dur comme un caillou.

— D'accord, San-Antonio, me dit-il. Vous partirez tous les deux…

Un silence médusé. Il reniflé encore une fois, une dernière, légèrement, d'une seule narine.

Puis, soudain, pointant un index menaçant dans notre direction, il hurle :

— Mais à une seule condition !

Sa voix tombe et il dit :

— C'est que vous en reviendrez tous les deux, vu ?

Je saisis la main qu'il me tend et la serre comme jamais je ne l'ai fait.

— D'accord, patron, balbutié-je, on en reviendra tous les deux !

— Néanmoins, grommelle Bérurier, on prendra des allers simples. Pas la peine de mettre l'Administration dans les frais.

<p>CHAPITRE TROIS</p>
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