Читаем Tango chinetoque полностью

Les hommes s'empressent, à l'exception de Béru et de moi qui avons encore besoin de « causer ». Le Gros regarde partir le brancard dans l'escalier. Alfred, Pinuche, le sourdingue, le bistrot d'en bas et M. Trocut s'y sont atelés. Félix, qui a l'habitude de cornaquer son pachyderme, dirige la manœuvre, penché par-dessus la rampe.

— Plus haut, à gauche, il crie ! Attention au tournant de l'escalier ! Baissez un peu pour pas qu'elle se pète le naze dans la lampe !

— C'est bien une croix pour ce pauvre Félix, compatit Béru, inépuisable de bonté.

— Elle est paralysée à la suite d'une polio ?

Le Gros secoue négativement la tête, s'assure que Berthe ne peut pas entendre et murmure.

— Je vais te confier un secret de famille. Cette pauvre Geneviève était sœur…

— De charité ? coupé-je.

— Non : siamoise. Elle faisait équipe avec une autre qui s'appelle Hortense et qu'est maintenant garde-barrière dans l'Eure-et-Loir. Un jour Félix est tombé amoureux d'elle et l'a épousée. Seulement leur vie manquait d'intimité à Geneviève et à lui à cause d'Hortense qui assistait à toutes leurs conversations et à tous leurs zébats. C'était des discussions à n'en plus finir et la noye, à trois dans un plumard, ça devenait infernal. Alors Félix a drivé ses siamoises chez un chirurgien cambodgien qu'avait une méthode à lui pour diviser les siamois.

« En effet, le toubib en question a séparé les deux frangines. Manque de bol, elles avaient des organes en commun les sisters. Geneviève a gardé la rate pour elle toute seule et Hortense a conservé le sexe par devers elle, si bien que lorsque Félix a le zigomar qui polissonne il est obligé d'aller trouver sa belle-sœur à Saint-Gougnafié-le-Petit-Trou tandis que, quand Hortense a besoin de se marrer, faut qu'elle rapplique dare-dare à Nanterre pour se dilater la rate ! »

Béru hausse ses puissantes épaules.

— Ce sont des choses qui compliquent la vie, conclut-il.

— Amène-toi, fais-je brusquement.

Je viens de décider qu'on ne peut pas envoyer délibérément un individu d'exception comme Béru se faire massacrer.

— Où ? demande-t-il.

— Chez le Vieux !

— Pourquoi faire ?

— Peut-être pour lui dire ses quatre vérités, Gros. Arrive !

<p>CHAPITRE DEUX</p>

Je me demande si le Vieux ne se serait pas dégauchi une frivole souris ?

Depuis quelque temps, il se fringue dans les tons clairs, un peu hardis. Le démon de la cinquantaine qui lui chatouille les nougats, probable ? Toujours est-il qu'il porte aujourd'hui un de ces Princes de Galle gris pâle qui le rajeunit d'au moins trois semaines.

Chemise en voile bleu (comme aurait dit la chère Gaby Morlay), avec une cravate tricotée bleu-marine, if you please, et une pochette noire assortie, madame ! Et je ne sais pas s'il démarre un choufieur du foie ou s'il s'est badigeonné à la bronzine, mais il a la frite d'un moniteur de ski en fin de saison. Y a pas à dire, c'est du mec « Le style, c'est l'homme », comme a dit machin qui s'y connaissait.

En défrimant le Vioque, on se rend compte à quel point c'est réel. Ce qui le situe, notre dirlo, ce sont ses manières aisées, son port de tranche plus que son port d'arme. Sa façon de mater l'interlocuteur, poliment mais impitoyablement, de ses grands yeux bleus dans lesquels on se noierait facile si on plongeait dedans sans sa ceinture de sécurité.

Il m'écoute, le bout des doigts joints, opposant chaque phalange à la phalange correspondante. Ses boutons de manchette, c'est deux boutons, mais en or. Ils brillent dans la lumière onctueuse de son déflecteur de burlingue.

Lorsque j'ai terminé mon plaidoyer, il reste un instant silencieux. Puis il sépare ses mains de prélat et titille le bord de sa pochette.

— Mon cher San-Antonio, murmure-t-il d'une voix suave, je comprends mal qu'un homme de votre trempe vienne me tenir un pareil langage…

In petto je me dis que c'est râpé et je regrette d'avoir déballé mon sentiment à cet homme de fer.

J'aimerais pouvoir reprendre mes paroles. On dit qu'elles s'envolent, c'est peut-être vrai, en tout cas les miennes font du rase-mottes dans la pièce.

Un vol de corbacs, les gars. Bien noir, bien braillard.

— Pourquoi, monsieur le Directeur ? riposté-je sèchement.

Il me file un petit coup de périscope pas gentil, scrutateur et âpre afin de voir où j'en suis. Il sent bouillonner ma hargne et ne s'en émeut pas. Lui, ce qui fait sa principale force, c'est qu'il ne réagit pas aux variations de température. La chaleur ne le dilate pas, le froid ne le contracte pas. Il est constant ! C'est une citadelle. C'est un roc ! C'est un pic ! C'est une péninsule !

Перейти на страницу:

Похожие книги

Агент 013
Агент 013

Татьяна Сергеева снова одна: любимый муж Гри уехал на новое задание, и от него давно уже ни слуху ни духу… Только работа поможет Танечке отвлечься от ревнивых мыслей! На этот раз она отправилась домой к экстравагантной старушке Тамаре Куклиной, которую якобы медленно убивают загадочными звуками. Но когда Танюша почувствовала дурноту и своими глазами увидела мышей, толпой эвакуирующихся из квартиры, то поняла: клиентка вовсе не сумасшедшая! За плинтусом обнаружилась черная коробочка – источник ультразвуковых колебаний. Кто же подбросил ее безобидной старушке? Следы привели Танюшу на… свалку, где трудится уже не первое поколение «мусоролазов», выгодно торгующих найденными сокровищами. Но там никому даром не нужна мадам Куклина! Или Таню пытаются искусно обмануть?

Дарья Донцова

Детективы / Иронический детектив, дамский детективный роман / Иронические детективы
Бюро гадких услуг
Бюро гадких услуг

Вот ведь каким обманчивым может быть внешний вид – незнакомым людям Люся и Василиса, подружки-веселушки, дамы преклонного возраста, но непреклонных характеров, кажутся смешными и даже глуповатыми. А между тем на их счету уже не одно раскрытое преступление. Во всяком случае, они так считают и называют себя матерыми сыщицами. Но, как говорится, и на старуху бывает проруха. Василиса здорово "лоханулась" – одна хитрая особа выманила у нее кучу денег. Рыдать эта непреклонная женщина не стала, а вместе с подругой начала свое расследование – мошенницу-то надо найти, деньги вернуть и прекратить преступный промысел. Только тернист и опасен путь отважных сыщиц. И усеян... трупами!

Маргарита Эдуардовна Южина , Маргарита Южина

Детективы / Иронический детектив, дамский детективный роман / Иронические детективы