Читаем Tango chinetoque полностью

— Mon cher, il emphatise, rendez-vous compte qu'un de mes collaborateurs, en l'occurrence Bérurier, s'est porté volontaire pour une mission en Chine ; ce en pleine ambassade des U.S.A. Et devant un parterre de diplomates et d'agents du F.B.I. Qu'il ait agi en état d'ivresse ne change rien à l'affaire. En s'engageant il a engagé nos Services. C'est notre prestige tout entier qui est en cause et même, San-Antonio, n'ayons pas peur des mots, le prestige de la France !

Il y a des relents de Marseillaise dans le gaz carbonique qu'il expulse. Son œil bleu et blanc se cerne de rouge.

— Le prestige, murmuré-je, qu'est-ce que ça signifie à côté de la vie d'un homme ? Vous le savez, patron, l'échec est assuré. Mieux, la tentative est insensée. Vous sacrifiez Béru délibérément pour la simple satisfaction de ne pas faire machine arrière. C'est un parti pris auquel il m'est impossible d'adhérer.

De la fumée nous sort des naseaux à l'un comme à l'autre. On se virgule de l'électricité fielleuse. On a l'estime réciproque qui nauséabonde !

— Je pense, fait-il en se levant, qu'il est inutile de poursuivre cette conversation.

— Je le pense aussi ! Approuvé-je en reculant vers la lourde.

Rarement nos rapports furent aussi tendus, mes filles ! J'ai idée que si ça continue commako ma carrière se déguisera vite en eau de boudin. Pont-aux-Dames me guette à brève échéance.

Comme j'atteins la porte, il me lance :

— Bérurier a un moyen bien simple d'échapper, à cette mission.

Je me retourne.

— Qu'il démissionne ! fait le Vieux durement, la mâchoire en tiroir de commode mal fermé.

— Je vais le lui suggérer, et même le lui conseiller, Monsieur le Directeur !

Le Gravos est assis dans l'antichambre comme chez le dentiste.

En l'apercevant dans son fauteuil de cuir râpé, le bitos sur les genoux, les tifs collés à l'eau de Cologne, anxieux et immuablement gentil, j'ai le corgnolon qui accordéon.

Il n'ose me questionner, par pudeur. Mais son bel œil cloaqueux tirebouchonne dans ma direction.

Je me laisse tomber en face de lui sur une banquette.

— Béru, soupiré-je, à côté de ce bonhomme, Staline était un grand-papa-gâteau.

— Il t'a envoyé sur les roses ?

— Sans ménagements.

Il hausse les épaules.

— Je m'en gaffais. Bon, eh bien ! après tout, c'est bien fait pour mes lattes, San-A. Je partirai.

— Arrête tes couenneries, tu vas tourner une bath lettre de démission et te lancer dans la Police Private voilà tout.

— Filatures en tout genre, ricane-t-il, l'œil du bidet ? Très peu pour moi, merci. Filer le train aux petites friponnes dévergondées qui vont doubler leurs matous dans les studios meublés de Courcelles, c'est pas dans mes emplois, gars. J'ai l'idéal au-dessus de la ligne de flottaison, Dieu merci.

— Faut mieux être un Privé vivant qu'un Officiel mort, riposté-je. En tout cas, si la poule artisanale te débecte, tu peux faire autre chose : gérer un petit troquet ou prendre une carte de représentant.

Mais Béru est intraitable. Il sort de sa poche un peigne plus édenté qu'un centenaire, le promène lentement sur ses tifs collés, s'humecte d'un doigt léché les favoris et murmure :

— Ménage-toi la salive, Gars. T'en auras besoin pour baratiner les frangines. Je partirai pour la Chine, un point c'est tout.

Et il entonne de sa belle voix qui n'est pas sans évoquer une plaque de tôle ondulée dévalant un escalier Nuit de Chine, nuit câline, nuit d'amour… Tagada tagada ! Tant de sérénité dans le courage me bouleverse.

Je file un coup de poing dans le brandillon du Gravos.

— Après tout, tu es dans le vrai, Béru. Il faut toujours aller jusqu'au bout de ses folies. Je pars avec toi !

Il s'arrête de chanter et devient d'un rouge pivoine très intense. J'ai une vue plongeante sur ses amygdales morillesques, sur sa langue plus chargée que le porte-bagages d'un campeur, sur ses ratiches jaunasses, crevassées, ébréchées (les fausses plus encore que les vraies).

— T'es pas louf, bredouille-t-il depuis le fin fond de son gosier. Une sonnerie, c'est suffisant, deux ça tourne à la guignolade.

— Disons que je fais ma crise de dinguerie, moi aussi.

Il me saute au cou et m'embrasse violemment. De grosses larmes poisseuses coulent sur ses pommes.

— Merci, Bonhomme ! hoquette-t-il. Bien sûr, je refuse ton sacrifice, mais ça ne change rien à la beauté du geste. T'es bien le grand San-A que j'admire depuis toujours.

— Tu n'as pas à refuser ou à accepter, Gros, je suis ton chef.

— Avant tout, t'es mon pote, rectifie son Ampleur. Je permettrai pas que tu files ta peau dans les tinettes pour m'être agréable. Tu le sais bien que c'est une mission sans retour, comme on dit sur les bouquins d'espionnage.

— Et après ? On a le droit de mourir avec qui on veut, non ?

Ayant dit, je retourne toquer à la lourde directoriale. Le Dabe m'aboie d'entrer.

Notre algarade l'a mis dans une humeur de hot-dog. Il est debout devant sa fenêtre, regardant le Paris morose sur lequel tombe une petite averse mousseuse.

Dans son dos, ses mains se tortillent comme deux poignées de vers.

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