Читаем Tango chinetoque полностью

Le chef du détachement (le détachement est le mot qui convient), s'avance et se met à causer. Je vois des travailleurs s’entre-regarder, puis s'avancer chacun vers un prisonnier et le cramponner par les étiquettes afin de lui maintenir la tronche à l'équerre. Alors, prompt comme un éclair au chocolat je me précipite vers le grand Chinois aux yeux éloquents et je lui biche la tête à deux mains.

— You are American ? me demande-t-il à voix basse.

J'en reste médusé, comme disait le gars qui s'était baladé sur un radeau.

— Non, Français, réponds-je sans remuer les lèvres, mais je travaille pour les Services américains.

— La base ?

— Oui.

— Je crois savoir où elle se trouve. Les rizières du Poû Lo Pô… C'est à cent miles d'ici, au Nord…

Je gamberge à fond de cellules. Le Vieux a dit que les Ricains avaient parachuté des agents d'origine chinoise ; m'est avis que je viens d'en rencontrer un dans des circonstances très particulières.

— Qui êtes-vous ? m’enquis-je.

— O.S.S. 116, répond le malheureux.

Un sifflement, un bruit mat ! Je regarde. La tête du premier supplicié vient de rester entre les mains du travailleur qui la maintenait. Son corps décapité s'affaisse.

Le gros bourreau l'enjambe et s'avance vers le second. Il lève son sabre. Il est fantastique, bouleversant de cruauté. Il joue le rôle principal des Grands Cimeterres sous la lune avec un brio affreux. Fllüüt ! Vlan ! Une seconde calbombe est décollée. Le tortionnaire est hermétique, on joue à bourreau fermé (Il essuie la lame du sabre à un chiffon que lui tend son assistant).

Mon patient à moi, O.S.S. 116, ne frémit pas. Sa tête ne bouge pas, ce sont mes mains qui tremblent.

— Ayez du courage, balbutié-je.

— Ça m'est d'autant plus aisé que je m'abandonne entre les doigts d'un compagnon, répond-il. Souvenez-vous de ce que je viens de vous dire : les rizières du Poû Lo Pô. Si vous parvenez à transmettre l'information…

Fllüüt ! Vlan ! Le troisième condamné vient de divorcer d'avec sa tronche. C'est à nous, maintenant, si je puis me permettre ce pluriel.

Je coule un regard effaré au monstre en uniforme dont l'ombre se confond déjà avec celle de sa victime. Je détourne mon regard de la nuque offerte. Je regarde le ciel presque blanc de chaleur, la lame scintillante du sabre entre dans le champ, aveuglante ! De minces sillons rouges coulent vers la poignée.

Fllüüt ! Flan !

J'éprouve une légère secousse. Je me sens comme libéré d'une entrave et un poids monstrueux pèse dans mes mains. Le bourreau m'écarte d'un coup de pied.

Je recule avec la bobine d'O.S.S. 116. Je suis au comble de l'horreur. Anéanti, les jambes molles, la tête en feu, je contemple le corps décapité gisant à mes pieds. Le sang coule dans la terre poudreuse qui l'absorbe sans bruit.

— Lâche-la, quoi, me murmure Béru, t'attends qu'on t'en fasse un paxon ?

Je constate alors que les autres ont déposé les têtes tranchées près des cadavres.

Je les imite. Le regard luisant d'O.S.S. 116 perd progressivement de son farouche éclat, mais il continue de me fixer et de m'encourager par-delà les mystérieuses frontières de la mort.

<p>CHAPITRE DOUZE</p>

Lorsque tous les condamnés sont morts, les gardes nous les font enterrer dans la partie de mine désaffectée, après quoi le camion jaune repart. On nous distribue de l'eau tiède et une louche de riz à chacun, et puis le turbin recommence dans l'accablante chaleur. Il dure jusqu'au soir, ponctué de coups de fouet et d'invectives. Parfois, un homme frappé d'insolation s'écroule.

Un garde vient alors s'assurer qu'il est hors d'usage, lui file une praline dans le chignon et le fait enterrer. C'est simple, rapide de bon goût et cela évite les formalités. M'est avis que les pompes funèbres générales ne doivent pas faire florès dans la région.

Lorsque l'obscurité revient, coup de sifflet final de l'arbitre. Les hommes se mettent en rang d'un pas pesant et repartent en chantant. Le chant est obligatoire.

— Je m'en souviendrai de celle-là, balbutie Béru. Moi qu'aime pas le jardinage, je suis fadé. Vise un peu ces Wonder que j'ai dans les Paluches !

— J'en ai autant à ton service, gars, soupiré-je en lui montrant mes paumes couvertes de cloques impressionnantes.

It's a long way to le pénitencier. Près de quatre bornes. Les gars titubent en marchant.

Nous atteignons une sombre forteresse dont le toit pagode ne parvient pas à humaniser la dure architecture. On franchit une lourde qui se referme derrière nous avec un bruit d'écluse, puis une autre, tout aussi rébarbative et épaisse que la précédente. Nous voici dans un vaste quadrilatère bordé de murs dont chaque fenêtre ne permettrait même pas le passage d'une tortue adulte.

Coup de sifflet : la colonne se fige. Un gardien paraît, un registre en main et se met à appeler des noms chinois.

— Téhun Salo ! répond mornement chaque intéressé en allant se placer devant l'homme.

On entend la voix acide du garde réverbérée par la cour sonore.

— Sôu po Chou !

— Téhun Salo !

— Li d'kan !

— Téhun Salo !

Et ça se poursuit.

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