Читаем Tango chinetoque полностью

Ils n'ont pas parcouru cinquante mètres qu'une déflagration se produit. Il y a un bref embrasement bourré d'étincelles bleues, une explosion. Le corps de celui qui courait en tête se soulève de terre, tournoie, se disloque, éclate, s'éparpille.

Il en pleut de partout. Quant à moi je chope une main sur la figure. Pour Béru il s'agit d'un panard. C'est effrayant, un cauchemar à l'état pur ! Le second homme a été renversé par le souffle de l'explosion. Il se relève, fait quelques pas en boitillant, puis, comme saisi d'une intense panique, se remet à courir en louvoyant. Il ne va pas loin. Quelques dizaines de mètres et une seconde déflagration le réduit en miettes.

Votre petit camarade San-A., dit l'invincible, dit le téméraire, dit j'ai-pas-peur, dit trompe-la-mort, se met à glaglater comme un perdu. Je dois ressembler à un tremble ! Je sucre vachement, mes filles ! J'ai les chailles qui interprètent un solo de castagnettes pour quenottes-le-zout. Ça me fait froid à l'intérieur, j'avoisine le zéro absolu !

— Ça, alors, bégaie Béru ! Ça, alors, c'est pas croyable !

Il fait un pas en avant.

— Ne bouge plus ! abois-je. Tu ne comprends donc pas que ce terrain est miné ! Voilà pourquoi il était bordé de panneaux indicateurs ! Voilà pourquoi aussi nos poursuivants ne s'y sont pas aventurés !

Il réalise, le Gros ! Et à son tour il a la bouille qui pend comme un drapeau mouillé sur sa hampe. Son râtelier à freins Whestinghouse ronchonne des présages, ayant soudainement repris une pleine et entière autonomie.

— Mais, il bredouille, mais alors, San-A…

— Oui, fais-je, complétant sa pensée. Nous avons galopé toi et moi dans une plaine truffée de mines. Et nos anges gardiens ont réussi ce miracle de nous faire mettre à chaque foulée nos pieds dans un endroit sain. Bénis soient-ils, ces vaillants pilotes z'ailés. Cependant ne tentons pas Belzébuth. Une supposition qu'ils fassent la pause-café, nos anges gardiens ! Nous serions illico déguisés en confetti.

— Mais que faire ? clame le Dodu.

Je regarde avec effroi l'immensité hostile qui nous environne comme un linceul dont les plis seraient prêts à se refermer sur nous. A chaque mouvement ce peut être la mort ! Nous avons parcouru plusieurs kilomètres dans un univers piégé, courant à deux, de-ci, de-là, sans jamais heurter un détonateur. Nous venons de voir ces deux pauvres bougres parcourir quelques mètres et se désintégrer. J'aimerais me livrer à un calcul de probabilités qui m'indiquerait combien de milliards de fois il faudrait parcourir une même distance sur ce terrain pour renouveler l'exploit de ne pas sauter !

— Hein, dis voir ? insiste Sa Trouillasse d'une voix qui se fluidifie. Qu'est-ce qu'on va devenir ?

— A dire vrai, je ne vois pas. Faut réfléchir, bonhomme, ne bronche pas d'un poil !

Je me baisse pour ramasser quelques pierres où mettre mes deux pieds. Je les lance les unes après les autres, loin de moi. Les deux premières tombent sans histoire, mais la troisième fait partir une nouvelle mine.

— Bon Dieu, les vaches, ils ont pas plaint la marchandise, balbutie le Gravas, c'en est truffé.

Je lève vers le ciel des yeux à la fois reconnaissants et implorants. Une frange ocre, au bord de l'horizon, annonce l'aube.

— Attendons qu'il fasse jour, Gros. Ça ne va pas traîner.

Et pour subir plus facilement notre position verticale, nous nous inclinons l'un vers l'autre, et, joue contre joue, les bras enlacés, nous commençons la plus horrible, la plus hallucinante des attentes.

<p>CHAPITRE ONZE</p>

Je pourrais m'endormir, car je suis exténué, et m'écrouler sur quelque détonateur de mines, mais fort heureusement, c'est Béru qui en écrase. Il pionce debout, comme un vieux bourrin-livreur. Son ronflement à bout portant me tient éveillé, et, comme je suis éveillé, je le soutiens. C'est de l'auto-allumage.

Le jour monte dans le ciel indigo. Les choses retrouvent leurs formes réelles, leurs couleurs naturelles…

Je tire Béru du sirop en lui soufflant dans les portugaises. Il sursaute ! Il a toujours la même manière de s'éveiller en sursaut, le Mastar.

Un tressaillement, les gobilles mal arrimées qui roulent dans ses orbites, et puis ce lent mouvement de la bouche qui fait songer à la mastication rêveuse d'un ruminant. Faut toujours qu'il balbutie une question. Il a besoin d'entendre le son de sa propre voix avant d'enchaîner fenêtre, Berthe ? Il demande, je crois qu'il pleut ! Je ne lui parle pas, préférant le laisser recoller au peloton de nos emmerdements tout seul. Il soulève davantage ses paupières bouffies.

— Oh ! ch… donc ! soupire-t-il, on est toujours en Chine !

— Et pas en pullman, Gars, soupiré-je en lui désignant l'immense champ de mines.

— V'là que j'ai soif, dit-il.

— Je voudrais avoir un petit coup de champagne à t'offrir, mais ça sera pour plus tard.

— Le champagne, c'est du vin blanc de seltz, ripasse le Gravos, je préfère un bon muscadet, c'est plus sincère.

Tout en parlant je le refoule gentiment et je m'assure avant de le larguer qu'il se tient à la verticale par ses seuls moyens.

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