Читаем Mange et tais-toi полностью

Mon javelot bien en main, j'avance, courbé en deux en direction du camp, plus félin que nos voisins, les tigres du Bengale. Tous les quatre pas je m'oblige de m'arrêter pour écouter et sonder la nuit. Je crains de me faire repérer par une sentinelle. Parvenu à une cinquantaine de mètres des bâtiments, je me couche derrière une touffe de cactus Picotas-Graducus, l'espèce la plus épineuse, vous ne l'ignorez pas.

Si je m'écoutais, je foncerais encore; mais je sais me faire la sourde oreille quand la prudence l'exige. Je me rends parfaitement compte qu'avant de tenter quoi que ce soit, il me faut étudier la vie nocturne du camp. Que voilà donc une sage décision. Grâce à la lune et à mes talents de nyctalope, je finis par apercevoir, disposé tous les trente mètres environ, un guetteur couché. Pas dingues, les Popofs. Une sentinelle debout constitue une cible, ils le savent. Alors ils font coucher les leurs. Si j'avais fait deux pas de plus j'étais repéré. Je possède sûrement un septième sens, c'est pas possible autrement.

Avec le manche de ma lance je coupe une pousse de cactus en forme de fourche, composée de cinq larges feuilles en i grec. Ensuite, je l'embroche de la pointe de mon arme. Doucement, je la place devant moi. Elle constitue un bouclier naturel derrière lequel je peux me dissimuler à condition de ramper très bas. Il s'agit dorénavant de progresser avec une lenteur extrême afin que les factionnaires ne s'aperçoivent pas que ce cactus est mobile. Les touffes de cactées sont nombreuses alentour et leurs ombres familières aux guetteurs vont m'aider à endormir leur attention.

J'ai repéré l'un d'eux et, comme il n'a pas de bol, c'est sur lui que je repte. Je ne sais pas ce qu'indiquent nos horoscopes du jour, à lui et à moi; mais je pense intimement que l'un des deux est à foutre dans les gogues.

J'avance toujours; si lentement que je suis à peine sûr de progresser. Je deviens souche de bois, cactus à mon tour. Et, pourtant, la distance diminue, qui me sépare de la sentinelle. Bientôt, je peux voir son casque et les reflets de sa carabine.

Encore une dizaine de mètres. Faut les faire. Je m'applique à tenir la touffe de cactus bien droite. Dans ce pays où la guérilla utilise toutes les ressources de l'imagination, les ruses de ce genre sont monnaie courante. Je sais que si le soldat a le moindre doute, il défouraillera recta. Je continue, tout mon être tendu; pas un poil de ma poitrine qui ne participe pas à l'opération! Je gagne encore cinq mètres.

A travers la fourche constituée par les feuilles de cactus, je vois très nettement l'homme. C'est un Viêt dont le visage jaune et large brille de sueur. La nuit est étouffante, je le répète, et mes hardes sent collées à mon corps. Le voici arrivé, l'instant décisif où la confrontation de nos deux horoscopes va s'effectuer. Je dois neutraliser la sentinelle d'un seul coup et sans bruit pour ne pas attirer l'attention de celles qui continuent la chaîne de surveillance.

«Han»: encore deux mètres, San-Antonio, et tu auras ta chance. Je mets près d'un quart d'heure pour les parcourir. Je me déplace millimètre par millimètre. Cette fois, je suis à distance convenable. Immobile, je fais progresser la plante grasse, chaque fois que le factionnaire regarde dans une autre direction. Avez-vous assisté déjà à des corridas? Oui, je pense, du moins au cinématographe. Vous avez frémi, comme tout le monde à la minute suprême, lorsque le torero dressé sur la pointe des pieds s'apprête à plonger l'épée recourbée dans le cœur de l'animal. La tête inclinée, le bras pareil à une flèche posée sur la corde tendue d'un arc, il vise. C'est l'instant de vérité. Le destin de l'homme et celui de la bête se croisent, se confondent un instant. Ils sont en suspens dans l'air capiteux des arènes. A cette minute, je me fais l'effet d'être le toréador sur le point d'estoquer. Mais en face de moi, au lieu d'un toro, un homme. Un homme qui ne m'a rien fait et pour lequel je ne nourris aucune haine.

Un homme qui entrave ma route et que je vais essayer de supprimer avant qu'il ne me supprime. Je vise de mon mieux, longuement, jusqu'à ce que le tremblement de ma main se dissipe et qu'elle devienne dure et insensible comme cette tige de bambou. Et puis tout se déroule sans que j'aie plus à le décider. J'agis en état second. Mes muscles obéissent à ma volonté alors qu'elle a cessé d'être effective. Comme le cerveau électronique d'un robot a enregistré un ordre et l'exécute, mon corps hypertendu accomplit mon dessein. J'ai un rush terrible, de félin. Le plus moche, ce sont les sons dans ces cas-là.

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