Читаем Mange et tais-toi полностью

Ils m'obéissent. La porte du gai logis s'ouvre au même instant. Un grand rectangle de lumière orangée tombe sur le sol et la silhouette de la môme Olga se découpe dans l'encadrement. Rigolard, tout de même, que nous nous trouvassions pile devant sa cambuse! La môme a enfilé une robe de chambre blanche à rayures saumon, en tissu-éponge, ses magnifiques cheveux sont liés par un large ruban blanc. Elle s'élance hors de sa crèche vers une zone éclairée où des militaires vietcongs s'affairent. La môme s'adresse à eux en anglais et leur demande ce qui se passe. Un zigoto au parler nasillard lui répond que les deux autres prisonniers viennent de s'évader. Moi, vous me connaissez? Je sais prendre le temps comme il vient, les femmes par où ça leur fait plaisir, et la chance par les cheveux. Je calcule que notre seule possibilité de ne pas être gueulés au murs de la battue qui se prépare, c'est de nous planquer à l'intérieur des bâtiments, puisque c'est à l'extérieur qu'on va nous courser. Un nouveau petit signe à mes coéquipiers pour les alerter et, plus furtif que le lézard des ambles, je me faufile dans le cabanement de Mam'zelle Olga. L'honorable Alexandre-Benoît Bérurier et son camarade de détention m'imitent. Nous voici donc dans une espèce de maisonnette préfabriquée qui, comme la prison (tous les locaux sont bâtis sur le même mot d'aile) comporte deux pièces. La première — qui est aussi la plus grande — sert de salon-kitchenette, la deuxième — qui est de surcroît la seconde — de chambre à coucher (et de chambre à accoucher lorsqu'on l'utilise dans une maternité). Je m’y précipite de ma démarche otarienne.

Les chevaliers de la belle en font tôtant. Tous les trois, en parfaits pieds nickelés, nous nous coulons sous le lit de fer. On a les targettes qui dépassent de l'autre côté, mais l'essentiel est d'être invisibles depuis l'autre partie du baraquement; vous ne pensez pas? Non, je le vois à vos bouilles sinistrées que vous ne pensez pas!

Je poursuis quand même.

On demeure dans la position sardines à l'huile, sans broncher, à attendre la suite des événements, Dehors, ça gesticule vilain, moi je vous le dis. Au pas de course qu'ils se remuent le prose, les camarades sovietcongs. Et ça gueule dans le landerneau, comme disent les Bretons. Y se causent de l'air du pays, entièrement en vietnamien, c'est-à-dire de bas en haut (du moins je crois). Les chefs promettent aux sous-chefs qu'ils les feront bonzer pour le cas où on ne nous retrouverait pas, et les sous-chefs jurent à leurs hommes qu'ils auront de gros ennuis hématiques… Quelques instants (j'ai oublié de compter le nombre d'instants, mais je sais qu'il y en a plusieurs) plus tard, Olga revient et ferme sa porte. Une veine qu'elle habite seule, la chérie. Elle donne un tour de clé et vient dans la chambre. Au lieu de se pointer vers le lit, elle dénoue sa robe de chambre et la laisse tomber à ses pieds.

Je sens la pomme d'Adam du Gros qui commence à yoyoter d'émotion. Nos souffles se précipitent. Si miss Olga continue ses exhibitions, son plumard va se soulever, mes fils, c'est couru. Elle passe dans sa douche dont elle tire le rideau transparent. La flotte commence à gicler du paumeau et dégouline sur son corps bronzé. Elle forme une cascade entre les seins. Elle perle dans le creux de ses hanches, se perd dans des zones frisottées pour réapparaître… Ce que c'est beau! Ce que c'est grand! Ce que c'est noble! La transe! Ah! la belle sirène dont nous aimerions devenir les tritons (ce qui n'est qu'une image, vu que le triton, lui, est un batracien à la queue aplanie).

Elle offre son visage, ses épaules, ses seins, son ventre, ses cuisses, ses fesses à l'averse cinglante. On se croirait dans un film nouvelle vague, parole! A Godard noble but! Je sors de ma planque et m'installe sur le lit. On est bigrement mieux par en- dessus que par en dessous.

Le Gros et Curtis restent assis par terre, le dos à la porte de communications (ce qui interrompt celles-ci avec l'extérieur).

Lorsque la belle espionne s'est bien aspergée, bien rafraîchie, elle fait coulisser le rideau. Elle reste coite dans son tub. Son regard stupéfait va de l'un aux autres. Et puis elle a le geste de Phryné pour se masquer l'essentiel.

— Soyez pas effarouchée, Olga, lui dis-je, on est entre nous: votre mari, votre amant, et un vieil ami de la famille; vous ne risquez pas grand-chose…

Elle est ruisselante d'eau et de questions, mais elle s'abstient d'éponger l'une et de poser les autres.

— Voyons, Béru, interpellé-je, qu'attends-tu pour passer sa robe de chambre à mademoiselle, tu ne vois pas qu'elle est extrêmement douchée?

— Tout ce qu'il y a de volontiers, s'empresse l'ahaneur qui, avec la galanterie bien française et des gestes frôleurs, aide Olga à nous sevrer de sa nudité.

Une fois protégée de nos regards concupiscents, la jeune femme retrouve son aplomb.

— Bien joué! approuve-t-elle en s'asseyant dans un fauteuil d'osier. Je n'ai jamais vu un garçon plus audacieux que vous, Tony.

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