Читаем Mange et tais-toi полностью

L'œil rivé au viseur je surveille la cible. Heureusement il fait un clair de lune au néon. Et, re-heureusement, là façade de notre hôtel est plongée dans l'ombre. D'en bas nous parvient le tohu-bohu géant des matafs américains ivres-morts. Des bribes de juke-box aussi.

A mes côtés, personne ne moufte. A croire que le temps s'est arrêté, obéissant ainsi à Lamartine avec quelque cent trente ans de retard. On dirait même que nos cœurs ne battent plus.

C'est ça le suce-pense..! Un léger claquement, une vibration profonde nous libèrent. J'ai eu beau m'écarquiller le lampion sur la lunette, je n’ai rien vu. La flèche aurait-elle manqué son but?

Inquiet, je me tourne vers l'homme chargé d'assurer la soudure avec Curtis (une soudure à l'arc, en somme). Il est impassible, son arbalète dans les pognes.

— Raté? soufflé-je.

Il fait un signe négatif.

— Non, M’sieur, pas raté.

— Pourtant, je regardais.

— Flèche, très rapide…

Je coiffe mon casque et branche le fouisaneur lombaire à émancipation correctible. O bonheur! O joie! O vieil ennemi! Je perçois un bruit de papier déplié. Il y a un court silence. Puis une exclamation en ricain. Et puis un souffle haletant. Et alors, enfin, la bonne chère voix du bon cher Curt.

— San-Antonio, my love! Tu es le diable ou le bon Dieu! Alors, réellement, tu peux m'entendre?

Ce que j'aimerais pouvoir lui répondre. Mais pour l'instant, mon petit engin ne fonctionne qu'à sens unique.

Nouveau froissement de papelard. Curtis relit le message, ou bien il l'utilise autrement. Je suppose qu'il le relit pour bien se persuader que je peux l'entendre.

Ça doit être déroutant de parler sans recevoir de réponse, surtout lorsque des murs et plusieurs centaines de mètres vous séparent de votre interlocuteur.

— Qu'est-ce que ta bricoles? demande Lathuile!

D'un geste péremptoire, je lui ordonne de se verrouiller le piqueupe.

Mais l'intarissable Bérurier chope le relais.

— Les postes à galène c'est démodé, Gars, t'aurais intérêt à t'acheter un transistor!

— Ne parlez pas, je vous en supplie! dit Laura.

Elle entraine mes deux camarades dans un angle de la chambre et leur explique ce qu'est mon appareil. Cependant, dans sa cellote, Curt reprend d'un ton posé et précis d'officier rendant compte de sa mission.

— Je suis bouclé dans une espèce de chambre forte, my friend. Par précaution, comme le bâtiment n'a pas d'étage, on a scellé des plaques de fer dans les murs et dans le plancher. La porte est également en fer. Elle ferme avec deux verrous et une clé. Elle donne sur un couloir éclairé seulement par des hublots. A un bout de ce couloir, il y a le mur. A l’autre, un poste de garde avec des factionnaires. Pour pénétrer dans ce poste de garde, il faut franchir un petit bâtiment plein de soldats. Bref, le Bon Dieu lui-même ne pourrait pas me tirer de ce guêpier. Inutile de tenter quelque chose, boy, tu y laisserais tes belles plumes!

Malgré le ton enjoué du prisonnier, je décèle l'étendue de son amertume. Il en a gros sur la patate, Curt. Faut dire que c'est démoralisant, l’idée de se faire fusiller après-demain pour une faute qu'on n'a pas commise.

Ce qui me met en renaud, c'est de ne pas pouvoir lui poser les questions qui me viennent en tête.

— Je ne sais pas si tu m'entends vraiment, vieux frère.

J'écris fiévreusement sur un feuillet: «Finis de jouer les défaitistes, nous sommes là pour t'arranger le coup. T'arrive-t-il de sortir de ton piège à rat au cours de la journée. Si oui, quand et comment. Reçois-tu des visites? Parle, bonté divine! Raconte-nous aussi les barreaux de ta fenêtre!»

J'enroule, comme précédemment, le message après la flèche.

Sans un mot je la tend au tireur.

Le voilà qui se remet à bander dur son arc métallique.

Cette fois, je m'abstiens de lorgnetter puisque le gars est plus rapide que mon nerf optique. Je préfère contempler les faits et gestes de l'arbalétrier. Il épaule, les coudes déployés comme les ailes d'une chauve-souris. Il parait sur le point de s'envoler. La flèche empennée de blanc repose sur sa rampe de lancement. Et puis soudain: dzzzi, elle y est plus, l'arc est détendu. Il vibre.

Je recoiffe le casque:

— …Il parle? murmure Laura.

— Que dit il?

— Rien de plus intéressant que ce que la Marquise de Sévigné écrivait à sa fille!

Effectivement, le voilà qui se remet à jacter, Curt. Sa voua a changé, cette fois il reprend espoir. Mon second message le dope. Il en veut!

— Alors, vrai, tu m'écoutes! saint-thomase-t-il. C'est bon, tu sais. Oui, tous les matins à huit heures pile je vais aux douches. Deux M.P. viennent me chercher…

Ça m'aurait étonné que l'hygiène fût négligée. Je connais les Ricains et leur côté Cadum..

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