Читаем Mange et tais-toi полностью

Je chique au désinvolte, histoire d'effacer mes suprêmes remords. La piaule est navrante, propre à inspirer des comédiens qui répèteraient Huis Clos. Un lit de fer rouillé, avachi, recouvert d'une étoffe suspecte, souillée, honteuse et pleine de miettes à ressorts. Une chaise en bambou. Un placard d'orner, planté de guingois entre la porte et le lit. Vous mordez le topo? C'est pas l’endroit idéal pour se remettre d'une dépression nerveuse.

J'entreprends de déballer mon matériel. J'ai l'air du petit plombier venu réparer la fuite de madame. Je sors de ma mallette une espèce de pistolet auquel s'ajuste une lunette de visée et, parallèlement à la lunette, un micro effilé. Un fil souple relie la crosse de ce fin pistolet à un potentiomètre à alvéoles vermifuges, ce qui lui assure une induction sous-cabrée et un prédéterminisme constant. Je branohimouille le foufirazeux ostentatoire et je coiffe un casque d'écoute.

— Mais que faites-vous donc? s'exclame Laura qui suit attentivement mes faits et gestes.

Au lieu de lui répondre, je vais à la croisée et je m'embusque derrière le rideau haillonneux pour pouvoir braquer mon appareil en direction du camp sans me faire repérer. Grâce à la lunette, je parcours de l'œil chaque détail des bâtiments. Je détecte le cantonnement, les entrepôts, les garages, les burlingues, la coopérative, le bloc sanitaire, la salle de projection, la piscine couverte, le karting, la buanderie, le gymnase, la chapelle, le terrain de baise-bol, le stand de tir, la piste artificielle de ski nautique, la cantine, la distillerie de Coca-cola, la salle de lecture où sont réunies toutes les grandes publications qui forgent l'intellect américain (Play-Boy, Mickey, Men Only, cite…), le Luna-Park, l'abri anti-atomique (des fois que les Chinetoques seraient en avance sur l'horaire), la salle des cartes (tarots, canasta, etc…), le chenil, la banque, la succursale de la General Motors, celle de Ford, le magasin à gadgets et enfin la prison. Celle-ci se trouve à l'écart du camp. Elle forme une enclave car elle est isolée par un très haut grillage hérissé de pics aussi pointus que celui de la Mirandole. Cette précaution pour compenser le fait que le bâtiment réservé à la détention est de plain-pied. C'est maintenant que mon appareil va vraiment remplir son rôle. Je vise la première fenêtre du bâtiment et j'appuie sur la gâchette du pistolet.

Immédiatement je perçois un bruit de voix. Deux Amerloques discutent. «J'aime autant être ici que dans la brousse», fait la première voix, au moins on est peinard… — Plus que deux jours à tirer, hélas», répond en soupirant la seconde…

Je passe sur la seconde fenêtre. Etant donné la chaleur, toutes sont ouvertes, mais seraient-elles fermées que je percevrais aussi parfaitement ce qui se dit à l'intérieur du local.

Ma jumelle d'approche cerne le carré central formé par deux barreaux verticaux qui croisent deux barreaux horizontaux. J'écoute. Simplement me parvient un bruit de respiration. J'attends un bon moment, mais il n'y a que ce souffle régulier. Pas de doute: le prisonnier de la seconde cellule est seul. Je me dirige alors vers la troisième fenêtre. Le vide! Rien! Elle est inoccupée. A la quatrième maintenant. Un type fredonne. Il chante un truc de Sinatra intitulé «Sors dehors que je te rentre dedans». Je prête une esgourde attentive: pas d'autres bruits dans la cellote. Ce nouveau prisonnier est seul également. S'agit-il de la voix de mon ami Curtis? Je passe le casque d'écoute à Laura. Elle est abasourdie, la chère âme. Elle pige pas, croit que le chant provient de la carrée voisine. Une fois, à la cambrousse, dans un petit pays de Savoie, j'ai vu une vieille paysanne devant un poste de radio. Son premier (un cadeau de son fils qui travaillait à la ville). En entendant des voix sortir de l'appareil, elle a fait le tour de sa maison, une trique à la main, pour vérifier s'il y avait des petits malins venus lui faire une blague.

— La voix que vous entendez, mon chou, provient de cette cellule dont les barreaux s'inscrivent dans le viseur optique. Les ondes crépitantes sont cernées, isolées et grossies douze mille cinq cent vingt-trois fois; un déboutonneur à gelée granulitique simple les squejepanse et le son nous est alors restitué par le pousse nosographique que voici. On peut l'auditionner par casque ou le brancher sur l'émetteur magnéso-bismural qui se trouve incorporé dans la sangle de l'étui. Maintenant, écoutez cette voix qui fredonne et dites-moi si vous croyez qu'il s'agit de celle de Curt.

Encore éberluée et moite de surprise, elle prête l'oreille, les yeux fermés, recueillie.

— Non, fait-elle enfin, non, Tony, je ne pense pas, Curt n'a pas une voix aussi grave.

— O.K., continuons…

Je tends l’oreille sur la cinquième fenêtre: la cellule est vide. Vide aussi, la sixième…

— Alors? demande Laura, à bout de nerfs.

Il ne reste plus de fenêtres sur cette face de la prison.

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