Читаем Le Soldat Oublié полностью

Chaque fois que le danger s’écartait pour un instant et que nous jetions un regard par-dessus les roseaux, nous pouvions voir la tragédie. Presque tous les occupants des barques ou des chalands qui n’avaient pas été immobilisés par une blessure ou par la mort, sautaient à l’eau et tentaient à la nage une fuite éperdue. Les avions firent un quatrième passage. Tous les fusils et les spandaus de la plage les accueillirent, mettant, un peu tard, une fin à la ronde infernale. Puis une grande clameur monta, l’un des avions bolcheviks venait d’être atteint et grimpait en chandelle en dégageant un énorme panache de fumée noire. Il cabriola et piqua irrémédiablement vers le fleuve. Quelque chose se détacha de son bord, probablement le pilote, qui venait de tenter le grand saut. Son parachute, s’il en avait un, ne s’ouvrit pas. Homme et machine piquèrent à la même allure et s’éparpillèrent au contact de l’eau. Les hourras couvrirent un instant les cris des blessés sur les chalands. Vers midi, l’aviation russe refit son apparition. Cette fois, il s’agissait de chasseurs bombardiers. Ils étaient au moins une douzaine.

Entre-temps, on nous avait mis en demeure de creuser des trous d’homme ; de ces futiles abris, nous ne ménageâmes pas les cartouches sur ces oiseaux de malheur. Ce fut toujours sur notre flottille de passage que s’acharnèrent les Russes. Au moment de l’attaque, les chalands se trouvaient près de l’autre bord. La Flak essaya de maintenir à distance les chasseurs bombardiers qui foncèrent néanmoins.

Impuissants et blêmes de colère, nous vîmes les bombes filer à la surface de l’eau. Un chaland fut volatilisé avec son chargement humain, nous faisant rugir de rage. Notre flottille s’épuisait et la danse ne faisait que commencer. Déjà les « Il » prenaient de la hauteur pour mieux plonger ensuite. À mes côtés, un soldat pleurait en gueulant à tue-tête :

— Les fumiers ! les fumiers !

Les mains moites pétrissaient nerveusement la terre, manœuvraient les culasses.

— Nous n’en sortirons plus ! hurlait mon compagnon. Ils vont nous anéantir ! Fumiers ! Dieu pourri.

Et pourtant un miracle incroyable se produisit. Un miracle qui changea le ton de nos cris :

— Sieg ! Sieg ! La Luftwaffe !

Oui, neuf « Messerschmitt 109‑F » venaient d’apparaître et filaient droit sur les avions russes qui finissaient de se mettre en position d’attaque.

— Vive la Luftwaffe ! hurlions-nous de plus belle.

Déjà les avions russes, conscients de leur infériorité technique, décrochaient au plus vite. Les rafales emplirent le ciel et nous eûmes la joie immense, la joie qui nous fit jaillir de nos trous, la joie sauvage mue par un sentiment de vengeance, de voir deux « Il » bolcheviks tourbillonner dans l’air comme des perdreaux atteints par le coup du chasseur. Les cris redoublèrent. Cinq avions popovs passèrent au-dessus de nous sans que nous réalisions le danger encouru. Nous brandîmes nos poings sur leur passage :

— Vive la Luftwaffe ! Allez-y les gars, ne les laissez pas filer, hourra !

Le type à côté de moi qui rugissait de rage tout à l’heure, rugissait maintenant de joie. Il semblait fou.

Effectivement, les chasseurs allemands se jetèrent à la poursuite des « Il » qui s’enfuirent en rasant le sol. La meute disparut derrière les collines nous privant ainsi du spectacle. Nous perçûmes des rafales et une explosion sourde. Le soir arriva sans que nous ayons autre chose à faire que de donner du courage aux blessés.

Et la nuit couvrit la terre.

Le lendemain, nous nous réveillâmes sous la pluie. Nous en fûmes presque heureux.

Le trafic de passage, qui ne cessait jamais, avait fait tout son possible pendant la nuit. Néanmoins, il restait encore un monde fou à l’est. Depuis combien de jours patientions-nous ? Nous n’en avions plus conscience. À travers nos déboires, nous avions quand même réussi à nous réorganiser en partie. Les hommes appartenant à telle et telle unité s’étaient triés d’eux-mêmes et stationnaient maintenant en groupes distincts.

Les officiers avaient placé des hommes armés sur les collines en cas d’une surprise de la part d’Ivan. Nous les savions tout proches et nous étions nerveux, inquiets et surpris aussi de ne pas les avoir encore vus déferler. Il était fort probable que la bataille pour Kiev les absorbait presque totalement.

J’étais maintenant mêlé à un important groupe formé en majeure partie d’éléments « Gross Deutschland » et des rescapés d’un régiment d’infanterie qui s’était porté à notre secours lors de la percée de Konotop. Nos officiers ici présents – parmi lesquels j’avais eu l’indéniable plaisir de retrouver Herr Hauptmann Wesreidau – prétendaient que nous aurions dû être les premiers à embarquer pour l’ouest en tant que soldats appartenant à une division d’élite qui, de plus, était spécialisée dans les opérations offensives et non défensives. Ils affirmaient même que nous serions du prochain voyage.

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