Читаем Le Soldat Oublié полностью

J’aperçus le grand corps de Halls allongé en haut de la butte. Mon pauvre copain, déjà blessé, avait été projeté au loin et demeurait sonné.

— Halls ! fis-je en le secouant.

Le géant porta une main à son cou. Fort heureusement, Halls n’était pas mort.

Quelqu’un essaya de faire sortir le taxi du puits où il s’était fourré. Les roues labourèrent la terre mais ce bon Dieu d’engin demeura sur place. Désolés, nous regagnâmes une position d’artillerie qui s’apprêtait à lever le camp. Les gars nous chargèrent en plus de tout leur matériel, et nous partîmes enfin pour un coin plus tranquille.

Au loin l’horizon était rouge.

— Vous venez de ce brasier ? questionna un artilleur.

Il s’adressait à l’ancien. Celui-ci ne répondit rien. Il venait de sombrer dans un sommeil anesthésique. Notre groupe de clochards s’endormit malgré les rudes heurts du puissant véhicule. Seuls Halls et moi demeurions encore à peu près éveillés. Mon épaule démise m’empêchait de bouger et me faisait énormément souffrir. Quelqu’un se pencha sur moi, j’avais la gueule inondée de sang. La vitre du pare-brise m’avait fait mille coupures et mon visage rougi laissait penser que ce sang s’échappait d’une profonde blessure.

— Il va crever, celui-là, fit le gars qui m’avait regardé.

— Non ! répondis-je dans un souffle.

Plus tard, on s’occupa de nous faire descendre. Chaque mouvement se répercutait dans mon épaule gauche et la douleur, à cause de la fatigue, me donnait des nausées. Je me mis à dégueuler tripes et boyaux. Deux feldgrauen m’aidèrent à marcher jusqu’au pied d’une maison où l’on avait étendu de nombreux blessés. Halls, dont le cou était rouge, vint me rejoindre ainsi que le chauffeur du tout terrain qui sautait sur une seule jambe.

— Ça ne va pas, mon vieux ? fit Halls en me regardant dégueuler. Tu ne vas quand même pas crever, Sajer ?

Ces paroles me parvenaient, lointaines à travers un bourdonnement.

— Je veux rentrer à la maison, murmurai-je entre deux hoquets.

— Moi aussi, je voudrais bien, fit Halls.

Et il s’allongea sur le dos et s’endormit.

Avec le jour nous fûmes réveillés par le service sanitaire qui venait faire le tri des morts et des vivants. Un type aux mains froides tira ma paupière et regarda mes yeux.

— Ça va, mon gars, fit-il, où as-tu mal ?

— À l’épaule, je ne peux plus remuer.

L’infirmier dégrafa mon attirail, et me fit gueuler.

— Pas de blessure apparente, Herr Major, déclara-t-il à un grand type en casquette.

— Qu’a-t-il à la tête ?

— Je ne vois rien, reprit l’autre ; il a du sang plein la figure, c’est tout. Une luxure à l’épaule…

Le gars me remua le bras gauche et je poussai un cri. Le major fit seulement un signe de la tête et l’infirmier m’accrocha un bout de carton blanc sur la poitrine. Il en fut de même pour Halls et pour le chauffeur. Seulement, le chauffeur on le chargea dans une ambulance avec beaucoup d’autres. Halls et moi restions à terre. Vers midi, deux autres types s’occupèrent de ceux qui, comme nous, étaient restés à ronfler sur le trottoir. Ils essayèrent de me mettre debout.

— Ça va, les gars ! je peux marcher, c’est à l’épaule que j’ai mal.

Ceux qui tenaient sur leurs pattes formèrent un rang et nous fûmes dirigés vers la cantine.

— À poil ! jeta le feld.

J’eus un mal inouï à me déshabiller. Deux copains m’aidèrent et mon épaule enflée et meurtrie fut mise à nue. On fit à chacun une piqûre dans la cuisse. Puis les infirmiers lavèrent les blessures à l’éther et collèrent du sparadrap un peu partout. Près de la porte, on recousait un gars qui avait une sacrée balafre dans le dos et qui gueulait sous la morsure des instruments chirurgicaux. Puis deux types à lunettes s’occupèrent de moi et s’agrippèrent comme des ours à mon épaule sensible. J’eus beau gueuler et les insulter, ils ne prêtèrent aucune attention à mes vociférations. Dans un craquement, qui me fit mal jusqu’au bout des orteils, ils replacèrent mon membre démis et passèrent au cas suivant.

Je retrouvai Halls à l’extérieur. On venait de lui coller un gros sparadrap et un paquet de coton à gauche du cou. Mon copain avait reçu un sale morceau de ferraille trois centimètres plus bas que la première blessure qu’il avait eue à Kharkov.

— La prochaine fois, j’y laisserai ma tête, fit Halls.

Nous retrouvâmes plus loin l’ancien, le Sudète, Lindberg et le grenadier qui ronflaient comme des sonneurs sur l’herbe d’un talus. Nous nous couchâmes auprès d’eux et en fîmes autant.

Ainsi se termina pour nous la bataille pour Bielgorod. Nous étions revenus en arrière par rapport à notre point de départ. L’offensive allemande avait reperdu le terrain qu’elle avait si durement conquis pendant une dizaine de jours, et même davantage. Un tiers de l’effectif engagé avait sombré dans l’enfer. Parmi eux, beaucoup de jeunes lions, des « Hitlerjugend ».

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