Читаем Le passager полностью

Anaïs se sentait dans une forme éclatante. Les amphètes continuaient de faire leur effet. Après avoir prévenu Crosnier, elle avait directement filé à l’aéroport de Nice. Le flic marseillais avait pris le relais. Il avait même accepté d’occulter sa présence sur la scène de crime. Elle avait attrapé un vol pour Paris à 10 h 20 — elle suivait toujours le périple des mercenaires sur son iPhone : quand elle avait embarqué, ils parvenaient porte de la Chapelle.

Elle avait atterri une heure plus tard. Les gars avaient rejoint la rue de Turenne où ils avaient passé près de 20 minutes, à hauteur du 18–20. Dans le même temps, elle avait loué une voiture à Orly — craignant un moment que la fille du comptoir Avis ne refuse de lui faire un contrat tant elle avait l’air défoncé. Finalement, elle avait pris la route à bord d’une Opel Corsa, dotée d’un GPS — elle ne connaissait pas assez Paris pour s’y retrouver seule.

Entre-temps, les hommes avaient quitté la rue de Turenne pour l’avenue Foch. À l’évidence, ils suivaient un itinéraire précis mais Anaïs ne pouvait encore imaginer lequel. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’ils ne paveraient pas leur route de cadavres.

Quand elle était arrivée rue de Turenne, elle avait poussé la porte de la galerie Pernathy par pur feeling. Bonne pioche. L’homme venait de lui livrer des informations capitales. Narcisse était un peintre de la Villa Corto. Pernathy avait récemment vendu toutes les toiles connues du maître — une trentaine, réalisées entre septembre et octobre 2009 — à des collectionneurs parisiens.

Ces réponses étaient plus ou moins celles qu’elle attendait. Avant d’avoir été Mathias Freire, psychiatre, Victor Janusz, SDF, le beau ténébreux avait été Narcisse, peintre fou interné dans les environs de Nice…

Le galeriste lui avait montré plusieurs polaroïds de ses toiles : des autoportraits bizarres, où l’artiste s’était peint dans la peau de personnages costumés. Les tableaux tiraient sur le rouge — le sang — et se partageaient entre deux tendances : mi-épiques, mi-sarcastiques. On aurait dit des hymnes, mais des hymnes massacrés par un orchestre qui jouait faux.

— Qui est venu aujourd’hui vous parler de Narcisse ?

L’homme laissa échapper un soupir serré, convulsif :

— Narcisse lui-même.

— À quelle heure ?

— Vers 11 heures.

C’était l’heure où les tueurs stationnaient devant la galerie. Elle avait donc vu juste. Ils avaient retrouvé leur proie. Ils la suivaient en attendant l’opportunité de l’abattre. Son cœur sauta dans sa poitrine.

— Que voulait-il ?

— Voir ses tableaux.

— Vous les lui avez montrés ?

— Impossible. Je les ai tous vendus. Il m’a demandé la liste des collectionneurs qui avaient acquis ses toiles.

— Vous lui avez donnée ?

— Il était armé !

Anaïs jeta un coup d’œil à son iPhone : le Q7, après avoir stationné avenue Victor-Hugo, repartait en direction du Trocadéro. À l’instinct, elle devina : Janusz faisait la tournée des collectionneurs, les chasseurs à ses trousses.

— Faites-moi une copie de la liste. Tout de suite.

— C’est confidentiel. C’est…

— Je vous conseille de me l’imprimer avant que les choses n’empirent. Pour vous.

Le galeriste contourna son bureau, se pencha sur son ordinateur, cliqua. Presque aussitôt, l’imprimante se mit en route. Anaïs observa de nouveau son écran. Les assassins étaient passés rive Gauche.

— Voilà.

Le galeriste déposa la liste sur son bureau.

— Vous avez un stabilo ? demanda-t-elle.

Pernathy lui donna un surligneur orange. La série comportait une vingtaine de noms — la plupart sur Paris. Elle coloria celui de Whalid El-Khoury, avenue Foch, puis celui de Simon Amsallem, Villa Victor-Hugo. Qui serait le prochain collectionneur ? Coup d’œil au traceur : les tueurs remontaient les quais en direction du boulevard Saint-Germain.

— Narcisse, que voulait-il d’autre ? demanda-t-elle en revenant à Pernathy.

— Rien. Il est parti avec sa liste. C’est tout.

— Vous n’avez pas reçu d’autres visites ce matin ?

— Non.

Quelque chose ne cadrait pas. Si les pros avaient voulu abattre Janusz, ç’aurait déjà été fait. Qu’attendaient-ils ? Voulaient-ils savoir ce qu’il cherchait ? Et lui, pourquoi voulait-il revoir ses toiles ? Ces tableaux contenaient peut-être une information. Un secret que Narcisse y avait déposé. Un secret qu’il avait oublié et qu’il cherchait à découvrir.

Le Q7 filait toujours. D’après sa liste, ils auraient pu s’arrêter au domicile de Hervé Latannerie, 8, rue Surcouf 75007 PARIS, mais ils dépassèrent cette rue et rejoignirent la place des Invalides.

— Narcisse vous a-t-il dit autre chose ?

— Non. Enfin, si. Il m’a posé des questions sur Gustave Courbet.

— Quel genre ?

— Il s’intéressait à un de ses autoportraits. L’homme blessé.

— Soyez plus précis. Je veux savoir, mot pour mot, ce qu’il vous a demandé.

— Il voulait savoir ce qu’est un repentir.

— Je vous le demande aussi.

— Une toile qu’un artiste a beaucoup corrigée. Ou qu’il a entièrement repeinte.

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