Étirant son grand corps, Pyros émergea d’un curieux rêve dans lequel un nain des ravins s’envolait dans les airs. Et Verminaar qui braillait à propos d’une prêtresse… Ainsi, il avait été mis au courant. Il fallait s’en occuper tout de suite…
— Inutile de te mettre dans des états pareils, seigneur…
Pyros s’interrompit. Un objet étrange voletait au-dessus d’eux. Ils levèrent la tête et le suivirent du regard. C’était le chapeau de Fizban.
Tanis réveilla tout le monde avant le lever du jour.
— Alors, c’est décidé, nous appliquons notre plan ? demanda Sturm, soucieux.
— Nous n’avons pas le choix, répondit Tanis. Si l’un de nous a trahi, il devra vivre avec la honte d’avoir entraîné des innocents à la mort. Ne pouvant croire qu’il y a un félon parmi nous, je m’en tiens donc à notre plan.
Maritta et Lunedor conduisirent le groupe jusqu’au premier étage. Les gardes ne les accompagnèrent pas, ce qui inquiéta la jeune prisonnière. Mais il était trop tard pour rebrousser chemin.
Selon la carte de Gilthanas, la salle de récréation des enfants était séparée du dortoir par deux pièces dont l’une s’ouvrait sur l’antre de Flamme. L’aube pointait lorsqu’ils approchèrent de la salle de jeu. Les quatre draconiens qui la gardaient cessèrent de parler quand ils virent arriver le groupe de femmes. L’un d’eux ouvrit la porte pour les laisser entrer.
Maritta s’empara d’une torche accrochée au mur, l’alluma, et guida les compagnons dans le couloir obscur qui menait à l’antre du dragon…
— Fizban, ton chapeau ! murmura Tass.
Le vieux mage tenta en vain de le rattraper, mais il était trop tard.
— Des espions ! Je le savais ! rugit Verminaar. Capture-les, Ambre ! Je les veux vivants !
Pyros déploya ses ailes et s’envola à une vitesse effrayante.
— Prends tes jambes à ton cou, vite ! dit le vieux mage en le poussant. Sestun est avec moi !
Tasslehoff courut dans la galerie sans lâcher le magicien. Derrière eux, ils entendaient le souffle du dragon.
— Non content d’être un espion, tu es un magicien ! cria Pyros. Nous n’allons pas te laisser dans le noir, tu pourrais te perdre. Je vais t’éclairer !
Tass entendit un énorme mugissement et se retrouva environné de flammes qui, à sa vive stupéfaction, ne le touchèrent pas. Tout se mit à brûler dans la galerie, vite remplie de fumée. Tass coula un coup d’œil admiratif au vieux magicien.
— Combien de temps peux-tu tenir ce sortilège ? cria-t-il à Fizban.
— Aucune idée ! Je ne savais pas que j’en étais capable ! (Une autre vague de feu les enveloppa. La chaleur commençant à se faire pénible, le mage hocha la tête.) Je suis en train de perdre le contrôle des événements !
Au moment où ils atteignirent les portes de bronze de la galerie, le sortilège de Fizban mourut. L’huis qui conduisait à la Salle de la Chaîne se trouvait face à eux, grand ouvert. Tass referma les battants de bronze et fit une pause pour reprendre son souffle.
Sauvés ! Le kender s’apprêtait à crier victoire, quand l’énorme patte griffue du dragon s’abattit sur le roc, au-dessus de lui.
Sestun poussa un hurlement et se précipita dans l’escalier. Tass le retint par le collet.
— Pas par là ! Ça mène aux appartements de Verminaar !
— Retournons dans la Salle de la Chaîne, dit Fizban.
Ils franchirent le seuil de la porte secrète au moment où le mur cédait.
— Vous êtes revenus vers votre trou comme des rats. Maintenant, vous êtes piégés, tonna Pyros. Ce ne sont pas les cloisons qui m’arrêtent… !
Il y eut un grattement effroyable. Les murs de la salle se mirent à trembler, puis se lézardèrent.
— Je ne regrette pas ce que nous avons tenté, dit Tass, navré de perdre la partie. Ce dernier sortilège était fantastique ! Cela valait presque de périr sous les griffes d’un dragon…
— Périr ? À cause d’un dragon ? s’indigna Fizban, comme piqué par une épingle. Je dirais que non ! Quelle insulte ! Il doit y avoir une voie… Descendons par la chaîne !