Le jour dit, à l'exception de Célia qui ne pouvait dissimuler son abattement, comparaissaient au banquet que l'Empereur leur offrait, le tribun et sa famille, accompagnés de Caius Fabrice et de Fabius Corneille.
Hadrien les reçut avec une amabilité extrême, évoquant lors de leurs échanges de l'après-midi les sujets les plus variés concernant la vie sociale et politique de l'Empire.
À un certain moment, après les dégustations habituelles, Hadrien s'est adressé à Helvidius Lucius en ces termes :
Mon ami, l'objectif principal à cette invitation est de te remercier de ta précieuse collaboration acquise à l'exécution de mes plans dans Tibur. Franchement, tes réalisations ont dépassé mes attentes les plus optimistes !
Merci, Auguste ! - a répondu le patricien ému et satisfait.
Et comme s'il voulait changer de sujet de conversation, l'Empereur lui demanda avec un vif intérêt :
Quand réaliseras-tu le mariage de ta fille ? Je prétends faire un long voyage en Grèce avant de me retirer à Tibur de manière définitive, mais je ne souhaiterais pas partir sans assister au bonheur des fiancés.
Désignant Caius qui ressentait la plus grande joie vu l'intérêt impérial porté
Auguste, vous nous honorez beaucoup de votre généreuse attention. Le mariage de ma fille ne dépend que de son fiancé qui se suborne à l'expérience de la vie, avant de répondre à l'appel de l'amour.
Qu'en est-il, Caius ? - a demandé l'Empereur avec un large sourire. Qu'attends-tu alors ? Si Vénus n'a pas encore frappé fort aux portes de ton âme, tu ne peux entretenir avec des promesses le cœur qui t'attend au printemps de l'amour.
Vos propos, César - répondit l'interpellé en parfait auguste -, me réconfortent l'esprit comme les rayons du soleil ; cependant, devant remplacer Vénus par Junon dans mon sanctuaire domestique, j'attends l'occasion propice à ma future tranquillité.
Aelius Hadrien fit un geste expressif, fixant son regard énigmatique dans celui d'Helvidius Lucius, il ajouta :
L'occasion attendue doit être arrivée alors. La sagesse des anciens affirmait que la meilleure façon de parler à des parents est de faire le bien à leurs enfants, raison pour laquelle j'ai décidé de prendre soin de la dote de la jeune Helvidia en lui donnant une délicieuse propriété dans les environs de Capoue, au pied du Volturno où le fruit des vignes et des oliviers suffirait à entretenir le bonheur d'une famille pendant cent ans d'existence sans autres inquiétudes d'ordre matériel.
Un souffle de joie a animé tous les visages, se dessinant tout particulièrement sur ceux d'Helvidius Lucius et de sa femme qui se regardèrent heureux pris d'une sincère reconnaissance pour la générosité spontanée de l'Empereur à qui Fabius Corneille s'est adressé avec la plus respectueuse courtoisie, le remerciant au nom de tous de ce cadeau royal.
Caius Fabrice, ne pouvant contenir sa joie, a serré les mains de sa fiancée, s'exclamant:
Après les paroles de Fabius, nous souhaitons manifester notre reconnaissance à votre magnanimité, Auguste ! Votre pensée exprime la générosité et votre pouvoir sur le monde !... Et puisque la date du mariage dépend de moi, nous la marquerons pour le mois prochain, comme il vous plaira !... Notre unique désir est que vous nous honoriez de votre présence, puisqu'en raison de votre paternelle protection, nous sentons que les dieux nous bénissent et nous guident !...
- Oui - confirma Hadrien en réfléchissant -, le mois prochain, je prétends réaliser mon dernier voyage en Italie et en Grèce. J'ai promis à mes amis d'Athènes que je ne me retirerai pas à Tibur sans leur avoir fait une dernière visite ! Avant de m'absenter, je prétends commémorer l'inauguration des nouveaux édifices de la ville2 avec des fêtes publiques. Nous profiterons, alors, de cette occasion pour que ton bonheur s'accomplisse.
(2)
Alba Lucinie qui avait les yeux larmoyants étreignait sa fille joyeusement et c'est ainsi que se termina le banquet dans une joie parfaite.
Le lendemain, l'Empereur prit toutes les mesures nécessaires pour la donation, et alors qu'Helvidius Lucius et sa famille se préparaient à cet événement familial, Caius Fabrice se dirigea vers l'ancienne « terre de Labour », afin de connaître la région où se trouvait sa future résidence.
Néanmoins, malgré les grandes joies, les graves préoccupations et les grandes douleurs persistaient.
Helvidius et sa femme ne pouvaient s'esquiver de la contrariété qui les martyrisait intimement en voyant Célia qui maigrissait malgré tous les efforts qu'elle même faisait, grâce aux puissantes énergies de sa foi pour ne pas affliger le cœur de ses parents.