Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Tu le verras avec moi demain dans la matinée. J'en parlerai aujourd'hui même à tes

parents.

La jeune fille lui a lancé un profond regard d'allégresse où l'on pouvait lire la plus tendre de toutes les joies, mêlée d'amour et de gratitude.

Dans l'après-midi, une litière sortait de l'Aventin, conduisant le vénérable patricien chez son fils qui, aux côtés de son épouse, reçut sa demande avec le plus grand embarras qui transparaissait sur son visage.

Avec sa sensibilité de femme, Alba Lucinie comprit immédiatement que l'accession au désir de sa fille était juste, reconnaissant vouloir accepter cette requête alarmée.

Le tribun quant à lui y était réfractaire et s'il n'opposait pas un refus formel, c'était en raison de l'intercesseur qui était non seulement son père, mais aussi son maître et son meilleur ami.

Mais, mon père - réagit-il après une longue pause -, cette demande venant de votre bouche me surprend beaucoup. Une telle mesure mise en pratique attirerait sur notre maison et sur nous-mêmes de nombreux commentaires et soupçons. Que diraient les administrateurs de la prison en voyant ma fille s'intéresser à un condamné ?

Mon fils - a répliqué Cneius Lucius imperturbable -, je comprends que tes scrupules soient justifiés, mais nous devons nous dire que Célia peut empirer et fatalement, si nous lui refusons la satisfaction d'un tel désir. En outre, je me propose de l'accompagner moi-même. Quant à notre entrée dans la prison, loin de la curiosité maladive, j'ai déjà pensé au meilleur moyen d'y arriver. J'y emmènerai ma petite-fille en tant que pupille de ma maison, comme si c'était la fille d'un condamné puisque nous savons que les prisonniers ne vont pas mourir comme des chrétiens mais comme des conspirateurs et des révolutionnaires. Avec les privilèges dont je dispose, je pénétrerai dans la prison en sa compagnie, sans la présence importune des fonctionnaires ou des prétoriens, de sorte que je serai l'unique témoin à savoir ce qui se passera entre eux deux !

Helvidius l'écoutait silencieux. Mais le vénérable patricien, sans abandonner ses intentions, lui prit ses mains entre les siennes, murmurant humblement :

Donne ton accord ! Ne nie pas à ta fille malade la satisfaction d'un désir aussi juste!... De plus, mon fils, souviens-toi qu'il ne s'agit que d'une simple rencontre pour la dernière fois...

L'idée que sa fille allait rendre visite au serviteur haï, et de surcroit avec son approbation, le répugnait ; mais, il y avait une telle tendresse dans les paroles de son père que son cœur a brusquement cédé à cette attitude aimante pleine d'humilité.

Fixant des yeux le généreux vieillard comme s'il n'y consentait que par considération pour celui qui était son père et son plus grand ami, il a murmuré un peu affecté :

C'est entendu, mon père, que votre volonté soit faite ! Je vous laisse vous occuper de

ce cas.

Et laissant entendre que le sujet lui déplaisait, il se mit à parler d'autres choses, emmenant son vieux père à l'intérieur où s'intensifiaient les préparatifs pour les fiançailles d'Helvidia.

Cneius Lucius, qui comprenait l'âme de son fils depuis tout petit, vanta toutes les initiatives prises par son garçon avec bonne humeur et joie, donnant son opinion avec optimisme sur tout ce qu'il entreprenait et se réjouissait également de ses décisions, manifestant sur son visage une satisfaction spontanée et sincère comme si aucune inquiétude ne peuplait son esprit.

Le lendemain dès les premières heures du jour, la litière du vénérable patricien se garait près de la prison Mamertine, pendant que le grand-père et sa petite-fille qui portaient des vêtements très simples dans de grandes tuniques qui dissimulaient même leurs traits, entrèrent dans le funeste édifice. Prétextant que Sixtus Plocius, préalablement informé, avait reçu Cneius Lucius et celle qu'il présentait comme étant la fille adoptive de sa maison, il lui avait donné toute la liberté de s'entretenir avec les prisonniers.

Dans la grande cellule où étaient entassés les vingt deux condamnés, les premiers rayons du soleil pénétraient à l'intérieur telle une bénédiction.

Nestor et Cirus, qui se trouvaient avec les autres, étaient profondément défigurés. L'alimentation déficiente, les perspectives angoissantes, les punitions appliquées dans la prison, tout se conjuguait pour anéantir leurs forces physiques. Néanmoins, dans leur regard serein tous les condamnés avaient un éclair sublimé et brûlant, extériorisant des énergies mystérieuses. Ils vivaient de la foi et pour la foi, plaçant tous leurs espoirs en ce royaume divin que Jésus leur avait promis dans chacun de ses enseignements.

Volusius et Lepidus, deux prétoriens qui avaient la confiance des administrateurs de la prison, ont conduit les visiteurs au cachot des condamnés.

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