Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Peu après, il arpentait les couloirs et descendait des escaliers souterrains, longeant des cellules immondes où la lumière de toute évidence perçait à peine et manquait terriblement, mais il ne tarda pas à trouver Nestor en compagnie de son fils. Tous deux étaient maigres, défigurés, au point que le patricien, fusse en raison de l'abattement physique du jeune homme ou de l'obscurité dans laquelle ils étaient, d'emblée n'a pas reconnu Cirus et en ces termes qui l'ont profondément ému, il s'est adressé au libéré :

Nestor, je connais les raisons pour lesquelles on t'a amené en prison et je n'ai pas hésité à venir jusqu'ici t'entendre personnellement, telle fut la surprise que le récit des faits exposés m'a causée !

Ces paroles furent prononcées sur un ton de sensibilité et de sympathie blessée que l'ex-esclave reçut comme une douce consolation à son cœur.

Maître - a-t-il répondu respectueusement - du plus profond de mon âme, je vous remercie de votre généreuse impulsion... Dans ces cachots gisent aussi des fous et des lépreux, et pourtant, vous n'avez pas hésité à apporter à votre misérable esclave votre parole d'exhortation et de réconfort !...

Nestor - a continué Helvidius avec un généreux respect -, mon beau-père m'a rapporté certains faits à ton sujet que j'ai du mal à croire, malgré son honorabilité d'homme public et son intérêt paternel envers moi.

A cet instant, père et fils regardaient inquiets celui dont dépendait peut-être leur liberté, alors que Cirus reculait dans un coin de la cellule, craignant l'attitude d'anxiété soupçonneuse avec laquelle Helvidius Lucius l'observait.

Le tribun a continué :

Je n'ai pu accepter dans son intégralité ce qui m'a été dit et je suis venu m'en assurer par moi-même à travers tes propres propos.

Et accentuant ces mots, il lui a soudainement demandé :

Es-tu donc chrétien ?

Oui, Maître - a murmuré l'interpellé, comme s'il répondait contraint face à la si grande générosité qui lui était témoignée. - J'ai promis à Jésus, au plus profond de ma conscience, que je ne renierai ma foi à aucun moment.

Le tribun a frotté son visage d'un geste qui lui était caractéristique et contrarié il ajouta sur un ton affligé :

Je n'aurais jamais imaginé que j'avais placé un chrétien au sein de mon foyer et je suis venu jusqu'ici sincèrement désireux de plaider pour ta liberté.

Je vous remercie, Maître, de tout cœur et jamais je n'oublierai votre intervention -

ajouta

Nestor avec une douloureuse sérénité.

M'intéressant à ton sort - a continué Helvidius gêné -, je suis allé voir le sénateur Quirinus Brutus, chargé par l'autorité impériale de l'instruction de la procédure concernant les agitateurs chrétiens, et j'ai appris, hier encore, que treize des impliqués ont reçu le jugement de bannissement perpétuel et vingt deux seront condamnés à mort sous la torture.

Malgré leur ferveur religieuse, les deux prisonniers sont devenus livides.

Helvidius Lucius, quant à lui, restait imperturbable.

Parmi ces derniers, j'ai vu ton nom et celui d'un jeune homme qu'ils m'ont dit être ton fils. Que me dis-tu de cela ? Ne désirerais-tu pas, par hasard, abjurer une foi qui ne t'apportera que la mort infamante par les supplices les plus atroces ? Et celui qui t'accompagne, serait-il effectivement ton fils ? Dis quelque chose qui clarifierait la situation ou me fournisse des éléments pour une juste défense...

Maître - se défendit l'affranchi invoquant toutes ses énergies pour ne pas faiblir dans son témoignage -, ma gratitude pour votre généreux intérêt sera éternelle ! Vos paroles émeuvent toutes les fibres de mon cœur !... À vous entendre, je sens que je devrais suivre vos pas avec humilité et soumission par tous les chemins ; mais c'est aussi par amour pour ma foi que je ne peux céder à ma tentation de liberté !... Jésus exerce en moi un joug doux et divin... Bien que vous aimant, Maître, je ne peux trahir Jésus face aux circonstances actuelles de ma vie... Si le Maître de Nazaré s'est laissé immoler sur la croix, pur et innocent qu'il était, pour la rédemption de tous les pécheurs de ce monde, pourquoi serais-je épargné du sacrifice quand je me sens rempli de la boue du péché ? Jamais je ne pourrai, en toute conscience, abjurer une foi qui a été la lumière de mon âme pendant toute ma vie !... La mort ne m'intimide pas car au-delà du martyre et de la tombe, une aube immortelle resplendit pour notre esprit !

Helvidius Lucius écoutait surpris cette démonstration d'espoir en une vie spirituelle que sa mentalité était loin de comprendre, alors que Nestor continuait à parler, posant alors sur le jeune homme qui l'accompagnait, ses yeux humides et tendres :

Néanmoins, Maître, je suis père et, en tant que père, je suis encore très humain ! Ne vous intéressez pas à moi, raté et malade que je suis, pour qui la condamnation à mort pour la cause de Jésus doit représenter une bénédiction divine !... Mais, si cela vous est possible, sauvez mon fils, de sorte à ce qu'il vive pour vous servir !...

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