Что за перо, что за почерк, что за пытка!* Надо же быть таким одержимым, чтобы себя этому подвергать. Как разберешь ты эту гнусность? — Да хранит тебя Бог.
Тютчевой Эрн. Ф., 21 июля 1863*
12. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 21 июля 1863 г. МоскваMoscou. Dimanche. 21 juillet
Je vois bien que je n’aurai pas le dernier mot de ton silence et que j’aurai beau ajourner mes 'ecritures, cela ne h^atera pas l’arriv'ee des tiennes. Mais cette fois-ci, ce n’est pas un silence simple, mais double et triple! Car l’excellent*, lui aussi, n’a pas donn'e signe de vie depuis son d'epart de Moscou. De mani`ere que je suis dans la plus enti`ere ignorance de tout ce que je tiens le plus `a savoir, comme, p ex, quand, o`u et comment il a rejoint Marie, comment, cette jonction faite, ils sont revenus `a Ovstoug — etc. etc. Enfin, si toutes ces choses s’'etaient pass'ees en Australie, elles ne m’auraient pas 'et'e plus profond'ement inconnues…
Il est assur'ement tr`es malheureux et quelque peu niais que l’on tienne tant `a savoir des choses que d’autre part on se soucie si peu de vs apprendre… Mais, susceptibilit'e `a part, j’ai beau faire, je ne puis m’emp^echer dans mes moments de spleen de me laisser `a des mouvements d’inqui'etude, et la profonde s'ecurit'e qui m’entoure ici ne fait que m’irriter, sans me rassurer le moins du monde.
Et cependant ce matin encore, `a l’heure de la messe, je me suis laiss'e transporter en imagination dans l’'eglise d’Ovstoug, o`u je vous ai vu tous successivement arriver, les uns apr`es les autres, jouissant d’avance de la surprise que vous 'eprouvriez de m’y voir. Puis, la messe finie, nous sommes rentr'es tous ensemble par cette all'ee, si bien connue de mon enfance, et puis on m’a servi mon d'ejeuner sur le balcon, du c^ot'e du jardin inf'erieur… Marie faisait le th'e, toi, tu causais, comme d’habitude, avec la Nounu*, et moi — avec Polonsky. Les garcons 'etaient je ne sais o`u… Et voil`a de ces hallucinations qui me hantent, sans que j’y pense, `a travers toutes les pr'eoccupations politiques qui vont se compliquant et s’aggravant de jour en jour.
Je t’ai dit, ce me semble, que j’avais 'ecrit `a Gortchakoff pour lui rendre compte de l’accueil que Moscou avait fait `a ses d'ep^eches. Il m’a fait r'epondre, par Jomini*, une lettre que je t’enverrai d`es qu’elle me reviendra, car elle court la ville. Comme fait, elle ne t’apprendra rien de nouveau, mais consid'er'ee comme profession de foi elle ne laisserait rien `a d'esirer, si ce n’est la certitude qu’on y restera fid`ele. Mais c’est l`a malheureusement ce sur quoi on peut le moins compter. Un incident, qui date d’hier, ne justifie que trop ces doutes et ces craintes.