Читаем Том 4. Письма 1820-1849 полностью

Quant au voyage, c’est un des plus agr'eables qu’on puisse faire. Ces bords du Rhin que je ne connaissais encore ont tout `a fait r'epondu `a mon attente. Il est vrai que je les ai vus dans un moment plus favorable que mon pauvre oncle Николай Николаевич* qui en 1828, ne voulant pas quitter l’Allemagne sans avoir vu le Rhin, est parti de chez nous pour aller le visiter par une belle matin'ee du mois d'ecembre, avec 14 degr'es de froid et quatre pieds de neige. J’ai eu grand plaisir aussi `a voir la Belgique, avec ses superbes villes et ses campagnes qui ne sont qu’un jardin continu que l’on traverse du Rhin jusqu’`a la mer sur un espace de pr`es de 300 verstes en 8 heures du temps gr^ace au chemin de fer.

A notre retour nous avons fait `a Mayence une rencontre qui nous a fait grand plaisir et `a laquelle certainement j’'etais loin de m’attendre. C’est celle d’Евтих Ив<анович> Сафонов*, et qui de plus est mari'e. Malheureusement, ce n’est pas `a l’occasion de son mariage qu’on aura pu dire qu’on ne perdait rien pour attendu. Il est 'evident qu’il aurait mieux fait de se marier plus t^ot. Il atteint l`a, sa femme et ses deux belles-soeurs, faire une tourn'ee en Suisse et de l`a `a Paris o`u il compte passer l’hiver. Ce n’est pas, vous le pensez bien, le seul compatriote que nous ayons rencontr'e dans notre voyage. C’est prodigieux, ce qu’il y a de Russes sur les grandes routes et combien leur nombre a augment'e depuis la nouvelle taxe sur les passeports. Le fisc a 'evidemment fait l`a une excellente affaire. A Kissingen, o`u j’ai pass'e six semaines, la colonie russe 'etait la plus nombreuse de toutes. Il y avait l`a entr’autres la Pesse Чернышев, femme du Ministre de la guerre, Mad. Нарышкин, n'ee Лобанов, que je connaissais d'ej`a, Мальцов et sa femme, le g'en'eral Тучков* et une des plus anciennes connaissances de papa qui je ne m’attendais gu`eres `a rencontrer, le vieux Новосильцов avec son fils et sa fille mari'ee. C’est m^eme `a Kissingen et le lendemain de son arriv'ee que le pauvre homme a eu la douleur d’apprendre la nouvelle de la mort de sa m`ere* qu’il quittait pour la premi`ere fois depuis plus de cinquante ans.

Nous sommes de retour ici depuis une semaine, et ma femme nous a d'ej`a quitt'es pour aller `a Tegernsee retrouver les enfants* qu’elle 'etait impatiente de voir et qui n’ont cess'e de se bien porter pendant tout ce temps de notre absence. Elle se r'eserve de vous 'ecrire elle-m^eme sous peu et me charge en attendant de ses respects.

Je vous ai dit qu’`a mon retour je comptais prendre un arrangement d'efinitif `a l’'egard des deux petites. Apr`es un examen je me suis d'ecid'e `a les placer dans l’Institut des demoiselles nobles* qui est un 'etablissement tout `a fait recommandable et est plac'e sous la protection imm'ediate du Roi et de la Reine. L’'education qu’on y recoit est compl`ete et ne laisse rien `a d'esirer pour le fonds. La pension pour chacune des petites est de 800 roubles par an, except'e la premi`ere ann'ee, o`u elle est de 1200 roubles, `a cause des frais que n'ecessite leur 'equipement, dont la charge est `a l’Institut. J’ai tout lieu de croire qu’elles y seront bien et que cet arrangement n’est pas moins dans leur int'er^et que dans le mien. Pour ce qui est de la religion, comme il y a dans l’Institut plusieurs 'el`eves de la religion grecque, elles receveront un aum^onier grec qui est ici, une instruction religieuse convenable. C’est pour pouvoir r'ealiser tous ces arrangements que je vous ai pri'e de me faire passer l’argent que je dois `a vos bont'es et que je t^acherai `a employer dans sa totalit'e et du mieux que je pourrais `a l’objet auquel je l’avais de tout temps destin'e. Quant `a Anna, elle est toujours aupr`es de sa tante Maltitz. J’ai 'et'e la voir au mois de juin dernier, de Kissingen*. Depuis j’ai appris qu’elle avait 'et'e malade, mais d’apr`es des derni`eres nouvelles elle 'etait de nouveau en voie de convalescence.

Voici, chers papa et maman, une lettre que vous aurez quelque peine `a d'echiffrer, tant `a cause de l’'ecriture que du papier qui est abominable. Mais comme Nicolas avait aussi l’intention de vous 'ecrire, je m’en rapporte `a sa lettre pour vous expliquer les endroits peu lisibles de la mienne.

Adieu, je baise vos ch`eres mains et suis `a tout jamais votre tr`es d'evou'e fils

T. T.

Перевод

Мюнхен. 1/13 сентября 1842

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