On est ici d’un accueillant pour les 'etrangers qui est presque touchant. Il y a de la reconnaissance dans l’accueil qu’on leur fait. Il est vrai que c’est bien petit et qu’il faut avoir r'eduit ses pr'etentions `a un temps assez humble pour supporter `a la longue un pareil s'ejour. Cependant on ne manque pas, tant s’en faut, de soci'et'e ici. Hier j’ai pass'e la soir'ee chez le Ministre de Prusse* o`u il y avait une cinquantaine de personnes. Avant-hier chez la belle-fille de Goethe, etc. etc. C’est que tout le monde vit continuellement r'euni, comme `a bord d’un vaisseau. Que dis-tu de ce changement de temp'erature? Je m’en ressens fort d'esagr'eablement, et toi, ma chatte? Et la cure, comment s’en trouve-t-elle? Je suis fort impatient de juger par moi-m^eme des r'esultats obtenus.
D’apr`es ce que tu me dis de ton petit genre de vie depuis mon d'epart, je vois bien que tu as renonc'e `a la pr'etention de lutter de popularit'e `a Kissingen avec Madame <1 нрзб> et que l’aubergiste de l’h^otel de Russie ne doit pas compter sur les s'eductions de ta pr'esence pour augmenter le nombre des convives `a la table d’h^ote. Tout cela me fait esp'erer que je ne trouverai pas `a mon retour
Maltitz me parle souvent de toi. L’autre jour il riait encore en se rappelant la mani`ere dont tu regardais
Au reste je me trompe fort ou la pauvre femme a quelque chagrin secret. C’est probablement celui de n’avoir pas d’enfants et de voir aussi son mari beaucoup moins amoureux d’elle, qu’il en faudrait pour lui donner l’espoir de voir ce voeu se r'ealiser. H'elas, h'elas. Quand on est au lit avec sa femme, ce n’est pas tout que de lui lire les vers de Schiller. Tous les deux, et la vieille Hannstein aussi, me chargent de te dire mille amiti'es de leur part. Anna t’'ecrit elle-m^eme*.
Comment va la petite Marie? A distance il me semble que tu es injuste pour elle et que ses pr'etendus caprices ne sont que de gentillesses. Je me flatte que je la retrouverai dans l’'etat de sant'e le plus normal.
Adieu, ma chatte, je partirai sans faute le 21, car il y a des moments dans la journ'ee o`u je me sens tout manchot, tout d'epareill'e.
J’oubliai de te dire que j’ai 'et'e dans la n'ecessit'e de me faire faire un pantalon de drap pour pouvoir me pr'esenter `a la cour. Il s’est trouv'e que le Brochet avait oubli'e d’en prendre un. Mais comme il ne voulait pas de prime abord convenir de cette n'egligence, il m’a tout bonnement apport'e le sien, esp'erant que je prendrais ce change. Et cela lui aurait probablement r'eussi, si l’ampleur du pantalon, dans lequel il voulait m’endosser, ne m’avait pas fait 'eprouver un sentiment de bien-^etre inaccoutum'e qui mfait aussit^ot d'ecouvrir la superch'erie. Rus'e Brochet, va?..
Веймар. Суббота. 18 июня
Милая кисанька, читая твое письмо, я принужден был в очередной раз произнести:
Здесь столь радушны к иностранцам, что это почти трогательно. В приеме, какой им здесь оказывают, проглядывает благодарность. По правде говоря, жизнь здесь весьма скучная и нужно оставить в стороне всякую притязательность, чтобы долго переносить ее. Однако это не означает, что здесь нет общества. Вчера я провел вечер у прусского посланника*, где собралось до полусотни гостей. Третьего дня был у невестки Гёте и т. д. Дело в том, что все живут тесным кругом, постоянно собираясь друг у друга, как на борту корабля. Что ты скажешь о такой перемене погоды? Я испытываю весьма неприятное ощущение, а ты, моя кисанька? А как подвигается твое лечение? Мне не терпится самому оценить достигнутые успехи.
Судя по тому, что ты пишешь о своем образе жизни после моего отъезда, я ясно вижу, что ты отказалась от намерения поспорить с популярностью г-жи <1 нрзб> в Киссингене и что хозяин h^otel de Russie не должен более рассчитывать на приятность твоего присутствия, чтобы увеличить число обедающих за табльдотом. Все это заставляет меня надеяться, что я по возвращении не найду