Plus j’y pense, plus je vois que mon existence est inséparable de la vôtre; je suis né pour vous aimer et vous suivre — tout autre soin de ma part est erreur ou folie; loin de vous je n’ai que les remords d’un bonheur dont je n’ai pas su m’assouvir. Tôt ou tard il faut bien que j’abandonne tout, et que je vienne tomber à vos pieds. L’idée de pouvoir un jour avoir un coin de terre en Crimée est la seule qui me sourit et me ranime au milieu de mes mornes regrets. Là je pourrai venir en pèlerinage, errer autour de votre maison, vous rencontrer, vous entrevoir… {64}
297. К. А. СОБАНЬСКОЙ
2 февраля 1830 г.
В Петербурге.
Vous vous jouez de mon impatience, vous somblez prendre plaisir à me désappointer, je ne vous verrai donc que demain — soit. Cependant je ne puis m’occuper que de vous.
Quoique vous voir et vous entendre soit pour moi le bonheur J’aime mieux vous écrire que vous parler. Il y a en vous une ironie, une malice qui aigrissent et découragent. Les sentiments deviennent pénibles et les paroles du coeur se tournent en pures plaisanteries en votre présence. Vous êtes le démon, c’est à dire
Dernièrement, vous avez cruellement parlé du passé. Vous m’avez dit ce que je tâchais de ne pas croire — pendant 7 ans entiers. Pourquoi cela?
Le bonheur est si peu fait pour moi, que je ne l’ai pas reconnu quand il était devant moi. Ne m’en parlez donc plus, au nom du Christ. Le remords, si tant est que je l’eusse connu, le remords aurait eu sa volupté — un regret pareil ne laisse à l’âme que des pensées de rage, de blasphème.
Chère Ellénore, permettez-moi de vous donner ce nom qui me rappelle et les lectures brûlantes de mes jeunes années et le doux fantôme qui me séduisait alors, et votre propre existence si violente, si orageuse, si différente de ce qu’elle devait être. Chère Ellénore, vous le savez, j’ai subi toute votre puissance. C’est à vous que je dois d’avoir connu tout ce que l’ivresse de l’amour a de plus convulsif et de plus douloureux comme tout ce qu’elle a de plus stupide. De tout cela il ne m’est resté qu’une faiblesse de convalescent un attachement bien doux, bien vrai, et qu’un peu de crainte qu’il m’est impossible de surmonter.
Si jamais vous lisez cela, je sais bien ce que vous penserez — que de maladresse — il est humilié du passé, voilà tout. Il mérite bien que je le joue encore. Il a toute la fatuité de Satan son maître. N’est-ce pas.
Cependant en prenant la plume je voulais vous demander quelque chose — je ne sais plus quoi — ha oui — c’est de l’amitié. Cette demande est bien vulgaire, bien… C’est comme un mendiant qui demanderait du pain — le fait est qu’il me faut votre intimité.
Et cependant vous êtes toujours aussi belle que le jour de la traversé ou bien celui du baptême, lorsque vos doigts me touchèrent le front. Cette impression me reste encore — froide, humide. C’est elle qui m’a rendu catholique. Mais vous allez vous faner; cette beauté va pencher tout à l’heure comme une avalanche. Votre âme restera debout quelque temps encore, au milieu de tant de charmes tombés — et puis elle s’en ira et peut-être jamais la mienne, sa timide esclave, ne la rencontrera dans l’infini de l’éternité.
Et bien, qu’est-ce qu’une âme? Ça n’a ni regard, ni mélodie — mélodie peut-être… {65}
298. К. М. БОРОЗДИНУ
Около (после) 4 февраля 1830 г.
В Петербурге.
Издателям «Литературной газеты» вместо К. С. Сербиновича дали недавно в цензоры профессора Щеглова, который своими замечаниями поминутно напоминает лучшие времена Бирукова и Красовского — в доказательство позвольте привести Вам один из тысячи примеров: Давыдов в одном послании Зайцевскому и Казарскому говорит:
Цензор усомнился, можно ли допустить называть таковым образом двух капитан-лейтенантов и вымарал приветствие не по чину. Издатели решились прибегнуть к Вашему покровительству и просить, если только то возможно, дать другого, менее своенравного цензора, если уже невозможно возвратить г-на Сербиновича.
299. М. О. СУДИЕНКЕ
12 февраля 1830 г.
Из Петербурга в Стародуб.
Vous m’écrivez, mon cher Soudenko, une lettre si horriblement cérémonieuse que j’en suis tout étourdi. Les 4000 r. en question vous attendaient tout cachetés depuis le mois de juillet; mais j’avais perdu l’adresse de votre homme d’affaires et je n’avais pas la vôtre. Il y a un mois que M-r Lerch est venu revendiquer la somme et qu’il l’a touchée tout de suite. Je voulais vous envoyer le reçu qu’il m’a laissé, mais je ne sais ce que j’en ai fait. Pardon encore une fois, et merci pour la complaisance que vous avez eu d’attendre si longtemps.