Читаем Orchéron полностью

Elle haussa les épaules et, d’un geste machinal, retira un brin d’herbe coincé dans ses cheveux emmêlés. Encore en sueur, Orchéron frissonna malgré la tiédeur diffusée par les rayons de Jael.

« Nous croyons qu’ils sont à la fois les régulateurs et les symboles de ce monde, mais nous n’avons pas encore trouvé le moyen d’établir la communication avec eux.

— Que vous apporte la communication avec les furves ?

— Ils nous enseignent les secrets des plaines, ils nous signalent les abris, les sources chaudes, les racines nourricières, les vergers souterrains, les peaux, les os et la corne des cadavres de yonks.

— Ils vous demandent quoi en échange ? »

La question parut offusquer Ezlinn.

« Pourquoi nous demanderaient-ils quelque chose ? Ils sont heureux de nous découvrir, de nous connaître, de nous faire découvrir et de nous faire partager leur monde.

— C’est vous qui leur avez demandé de me venir en aide ? »

Elle se rapprocha du feu et remua la cendre du bout de son pied nu, dérangeant des braises qui lancèrent des éclats colériques.

« Nous n’aurions pas dû intervenir. Nous ne voulons pas que les chasseurs et les permanents des domaines soient informés de notre relation avec les furves. Mais tu sembles… différent des autres, nous avons eu des remords de ne pas t’avoir prévenu de l’arrivée des chasseurs et nous avons demandé à Arjam d’appeler les furves.

— Ils se tenaient là, tout près ? »

Elle renversa la tête en arrière et émit un rire musical qui s’envola entre les sifflements des rafales.

« Vous les permanents, vous n’avez pas la moindre idée de la puissance des furves. De l’incroyable finesse de leurs perceptions. De la vitesse à laquelle ils parcourent le réseau des galeries qu’ils entretiennent depuis des millénaires.

— Ni de leur voracité. Il ne leur a pas fallu longtemps pour engloutir une vingtaine d’hommes… »

Elle pivota avec vivacité sur elle-même et le dévisagea avec une attention soutenue, presque agressive. Un nuage gris se dispersa autour de son pied couvert de cendres.

« Ils peuvent aussi se montrer plus féroces que les plus féroces des humains. Pour l’instant, ils ont toléré les chasseurs parce qu’ils les aident à réguler les grands troupeaux de yonks. Mais si les lakchas ne comprennent pas rapidement qu’ils doivent cesser de nous harceler, alors les furves les élimineront sans pitié. De même, si les mathelles s’obstinent à s’étendre, elles briseront les équilibres du continent et seront à leur tour menacées.

— Vous devriez les prévenir. »

Une moue d’amertume plissa les lèvres d’Ezlinn.

« Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais les mères de Cent-Sources ne renonceront jamais à leur héritage de l’Estérion, à leur position de reines des domaines. Pour elles les ventresecs ne sont que des parasites à qui de temps à autre elles font l’aumône d’un peu de travail, de quelques repas et de quelques heures de repos sur la paille des silos. »

Orchéron se souvint des termes employés par Orchale et par ses constants pour décrire les ventresecs, « paresseux, pouilleux, propres à rien, menteurs, pique-assiette… ». Les paroles d’Ezlinn n’étaient que le strict reflet de la vérité. Pourtant, à la lueur de ce qui venait de se passer dans le campement, les mathelles auraient eu tout intérêt à tenir compte des mises en garde des errants.

« Les furves, ils mangent quoi en dehors de la chair humaine ?

— Ils ne nous ont pas livré ce genre d’information. Mais il semble qu’ils se nourrissent d’une autre substance que les aliments solides ou liquides, quelque chose comme de l’énergie pure. »

Orchéron croisa les bras et se frictionna les épaules pour essayer de se réchauffer.

« Qu’est-ce que vous comptez faire maintenant ?

— Nous attendrons le retour de la prochaine saison sèche pour reconstruire les abris de peau, répondit Ezlinn. Nous passerons l’amaya de glace dans un refuge souterrain. Tu… tu peux rester avec nous si tu veux. En tout cas, moi je le souhaite. »

Elle avait lâché cette dernière phrase entre ses lèvres serrées, incertaine de l’accueil qu’il réserverait à sa proposition, incertaine de ses propres désirs, comme elle aurait lancé un de ces dés de pierre où étaient gravés les symboles des héros de l’Estérion et dont se servaient les permanents des domaines pour disputer des parties animées de sept-sentiers.

« Je dois aller sur l’autre continent avant les premières averses de cristaux de glace », dit-il.

La surprise le disputa à la déception dans les yeux sombres d’Ezlinn.

« Sur l’autre continent ? Pour quoi faire ?

— Il me semble que c’est là que… l’ordre invisible me commande d’aller.

— Mais tu devras franchir les montagnes de l’Agauer et les grandes eaux orientales.

— Je trouverai un moyen. »

Elle hocha la tête à plusieurs reprises, visiblement absorbée dans ses réflexions, puis son regard revint se poser sur lui, empli d’une flamme nouvelle.

« Nous t’accompagnerons jusqu’au pied des montagnes.

— Je croyais que vous deviez chercher un refuge. »

D’un ample geste du bras elle montra la plaine céleste éclaboussée de l’or de Jael.

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