Les lakchas préparèrent les yonks, entassèrent les réserves de vivres dans les sacs, remplirent les gourdes aux dernières flaques. Les aiguilles immaculées de l’Agauer se découpaient avec netteté sur le fond mauve du ciel. Ils les estimèrent à deux jours de chevauchée, moins peut-être si le temps restait clair et leur permettait de progresser une partie de la nuit. D’autant que les cavaliers, au nombre de onze, disposaient de seize montures et pouvaient établir un roulement. Une fois les montagnes franchies, il leur faudrait encore deux jours pour atteindre les bords des grandes eaux orientales.
Jozeo tira son poignard de sa gaine.
« Je dois régler le sort de cette ventresec avant de… »
Ankrel l’interrompit d’un geste.
« Je m’en charge. C’est moi qu’elle a soigné, c’est à moi de la remercier. »
Jozeo sonda son vis-à-vis d’un regard perçant, puis hocha la tête avec un sourire entendu.
« Bon, mais fais vite. »
Ankrel lâcha la rêne de la femelle baie qu’on lui avait assignée pour monture et s’éclipsa dans la grotte.
Il en revint quelques instants plus tard, pâle, les traits tirés. Il répondit d’un clignement de paupières à l’interrogation muette de Jozeo, se jucha sur la yonkine puis, sans attendre le signal du départ, se lança au grand galop sur la plaine qui, à nouveau, rutilait sous les ors de Jael.
CHAPITRE XVII
YONKS