Читаем Mange et tais-toi полностью

Bon, je vais vous actionner les Manda. Selon moi, ils ont quelque chose à faire avouer à Curtis. Seulement, ils se sont dit que mon copain parlerait peut-être pas, malgré leur science de l'interrogatoire: vous voyez où se place la résurgence? Pas encore? Je vous jure que votre cas va prendre rang parmi les plus beaux parce qu'il est un peu désespéré sur les bords. Les camarades popofs ont tout bêtement pensé que si Curt ne leur disait rien, il me parlerait peut-être à moi, et qu'ainsi ils apprendraient indirectement ce qu'ils veulent savoir. Comment? Tout couennement en plaçant des micros dans notre geôle. Réfléchissez tout de même un peu: ce matin, dans l'hélicoptère, Olga m'a dit qu'elle avait drogué Curt pour qu'il n'ait pas de conversation avec nous. Or v’là qu'on le met dans la même pièce que nous. C'est logique? Moi je vous dis que non.

Je bigle autour de moi… Mon regard s’arrête sur les bouches d'aération. Aussitôt, je place deux escabeaux l'un sur l'autre afin de pouvoir enfiler la main par les orifices. Un bon point, San-Antonio! Mes doigts rencontrent une tige arrondie et perforée.

Bien entendu Béru qui a suivi mon numéro d'équilibriste s'apprête à me questionner. Mon index placé perpendiculairement à mes lèvres l’en dissuade. Il lève les gobilles au plaftard, comme un nabus surveille le ciel en se demandant s'il ferait bien de rentrer son foin avant qu'il ne pleuve.

— C'est relayé par Europe? me chuchote-t-il.

Je lui intime l'ordre de se taire complètement et je retourne à Curt. Mon ami paraît sortir d'une catastrophe aérienne. Il a les yeux hallucinés du bonhomme qui se trouvait aux gogues lorsque le zinc a perdu une aile et qui, par bonheur (et par mégarde) a tiré sur la commande d'un parachute en croyant qu'il s'agissait de la chasse d'eau. Je lui bassine le front de la main. Il sue abondamment.

— Tu te sens un peu mieux, fils? lui fais-je affectueusement.

Il exhale un soupir.

— J'ai cru devenir fou, San-A., soupire-t-il.

— Qu'est-ce qu'on t'a fait?

Il ferme les yeux.

— Je ne sais plus, c'était insoutenable.

— Tu as parlé?

— Je n'ai rien à dire…

J'ignore s'il est sincère; il me semble, en tout cas. Bon, si lui n'a rien à dire, c'est pas mon cas. Ma décision est prise dans la foulée. Je me penche sur lui, je plaque ma bouche contre son oreille, et dans un souffle je lui murmure:

— On nous écoute. Je vais te demander de parler. Tu me chuchoteras n'importe quoi pour leur faire croire que tu me révèles des choses.

Il a un bref hochement de tête.

Je m'écarte de lui et, d'une voix distincte, sans pourtant monter le ton, je déclare:

— Et à moi, Curt, t'es sûr de ne rien avoir à dire?

— A toi, c'est pas pareil, répond mon copain qui a pigé en partie mes intentions.

— Je ne suis pas certain qu'on ne nous écoute pas, reprends-je, alors tu vas me parler dans le tuyau de l'oreille, par mesure de précaution.

Cette dernière phrase, je l'ai prononcée en baissant encore la voix, mais en m'arrangeant pour qu'elle demeure audible.

— Parle, Curt, je t'écoute! ajouté-je.

Docilement, mon vieux haricot de Corda bredouille des mots incohérents. Dans leur murs, les Russes ne doivent ouïr qu'un vague sifflement. J'entrecoupe la fausse confession de Curt de «Ah bon!» et autres «C'est pas possible» qui, en toute autre circonstance, feraient rigoler la veuve d'un fabricant de poil à gratter. On continue ce petit manège pendant trois minutes et je le conclus par un: «Eh ben! mon pauvre vieux!» lourd de compassion, d'effroi et de tout ce que vous voudrez.

Le Gros, salivant de curiosité, s'approche de mézigue, fils dorloté de Félicie.

— Alors!

Les poils de ses portugaises me chatouillent la lèvre supérieure. Je lui déclare:

— Grâce toujours à mon don de voyance, Gros, je suis prêt à te parier une étole de vison contre un écale de cané que dans pas longtemps, on va venir me chercher. Durant mon absence, ne pose aucune question à Curtis, compris?

<p>CHAPITRE X</p>

Vous parlez d'une feinte à Jules.

Dresser un plan machiavélique et le voir se retourner contre soi, ça perturbe le système moelleux. J'avais fabriqué un piège à San-Antonio, vachement téméraire, et c'est devenu un piège à Béru. Ce qu'il y a de plus duraille à assimiler dans la vie, c'est le courage inemployé. Vous êtes là, vous vous apprêtez à souffrir, à subir, à braver. Vous enfilez votre costar de toréador, vous exercez vos nerfs, bandez vos muscles, aguerrissez votre âme, et puis l'allumette ne s'enflamme pas. Ce potentiel constitué, cette abnégation, cette espèce de volupté de la douleur que vous avez créée vous restent pour compte. C'est un état d'érection mentale qui ne trouve pas à s'assouvir: L'esprit de sacrifice, c'est terrible à mettre au bouillon. Quel autodafé, miséricorde (à nœuds).

Pourquoi est-on venu chercher Béru et pas moi? L'estiment-ils moins coriace que le vaillant San-Antonio?. Pauvre Gros, va! Ce qu'il doit me maudire in petto.

Curt Curtis geint sur son plumard. Son corps est agité d'un tremblement bizarre.

—Ça ne va pas, baby? je lui demande.

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