Читаем Mange et tais-toi полностью

Et le voilà qui se met à entonner: «Nous entrerons dans la barrière, quand nos ainés n'y seront plus». C'est beau de marseiller à un pareil moment, vous trouvez t’y pas? Tout le talent béruréen est ainsi démontré. Le camion prend de plus en plus de vitesse. Les soldats ricains gesticulent comme des sémaphores pour nous intimer l'ordre de stopper, mais, réalisant que telle n'est pas notre intention, ils s'écartent en vitesse pour nous laisser passer.

Les cataphores de la barrière ont, sous le soleil saigonais, des reflets de diamants. C'est la devanture de chez van Cleeft qu'on va défoncer, les gars!

Rrraôum! Le camion a subi comme un monumental coup de fouet. La pointe de la barrière tordue par l'impact est sortie de son logement (deux pièces avec alcôve et vue sur la mer). Notre véhicule zigzague, fait une embardée, écrase la voiture d'un marchand de glaces qui n'a eu que le temps de sauter en arrière, et poursuit.

— Où vais-je? Où cours-je? demande Béru.

— Vire à gauche! dis-je.

Il obéit. On perturbe vachement la circulation. Nous avons réussi à sortir du camp, seulement il s'agit maintenant de foutre le camp! J'aperçois une grosse auto noire stationnée en double file. Laura a la tête hors de la portière. Elle a entendu les sirènes, elle est aux aguets.

— Fout le camion en travers de la chaussée, Gros! hurlé-je.

Ce Béru! il est téléguidé par la Nasa, je vous jure! Il a un coup de volant fabuleux qui le fait percuter un tramway à l'arrêt. Deux autos particulières se joignent à l'embrassade. En une seconde il y a un paquet de tôles enchevêtrées gros comme ça au milieu de la rue.

— A la bagnole! je crie.

Le Gros est déjà au galop, je pousse Curtis ahuri en direction de la voiture noire, couvrant notre fuite de ma mitraillette braquée à la ronde.

Laura tient la porte ouverte. Elle est à l'arrière de la voiture qui s'avère être un break américain. Il y a un gros zig au volant. On se bouscule à l'intérieur et l’auto dont le moteur ronronnait fait une décarrade supersonique.

Curtis se jette sur la banquette, essoufflé, sanguin. Sa détention l'a drôlement amaigri. Il a les joues creuses, du bistre sous les yeux.

Personne ne moufte. L'auto, pilotée de main de maitre, fonce à tombeau ouvert dans les rues populeuses.

Laura a le regard brillant. Elle me prend le cou.

— Tony, soupire-t-elle enfin, vous êtes vraiment un superman.

Je suis gêné par sa démonstration de tendresse.

Malgré la gravité de l'instant je pense à notre séance de la veille et, en présence de Curtis, ça me tracasse.

— Eh ben, Curt, l'interpellé-je, tu pourrais faire la bibise de retrouvailles à ton épouse au lieu de rester là comme un crapaud sur une feuille de nénuphar.

Il fronce les sourcils, me sourit d'un air indécis et murmure:

— Qu'est-ce que tu racontes, San-Antonio, je n'ai jamais été marié!

<p>CHAPITRE VIII</p>

Je vais apprendre une chose: la stupeur, ça a une odeur et ça fait du bruit. Elle sent le sucre caramélisé et elle craque comme du papier froissé, si bien qu'on se croirait tout à coup, à la fois dans le laboratoire d'un pâtissier et dans les cagoinses de Richelieu-Drouot.

Pendant le quart d'une fraction de seconde (impossible d'être plus précis) je me dis que la détention a perturbé le ciboulot de mon copain. Je le regarde avec cet effarement dont témoigne toujours une douairière lorsqu'elle trouve douze tirailleurs sénégalais en train de se sodomiser dans son lit à baldaquin, et je décide qu'il n'est point dingue. Néanmoins, pour la bonne règle, je laisse tomber un «qu'est-ce que tu débloques, Mec» qui me donne le temps d'étouffer mon incompréhension.

— La vérité, fait Curt Curtis, je suis un célibataire aussi endurci que toi, San-A. Où as-tu pris que j'avais convolé?

Le con-volé, c’est vraiment mézigue, les gars. Je me tourne vers Laura. Changement à vue; elle n'a plus son air tendre et anxieux. Je découvre un visage dur, fermé, avec toujours les mêmes yeux clairs, mais qui, maintenant, ont des reflets de glaciers.

— J’attends vos explications, Laura, dis-je, en chiquant les pères nobles lorsqu'ils sont outragés en apprenant que leur grande fille vient de déguster un moucheron dans l'abat-jour.

— Rien ne presse, Tony. Pour l'instant, nous avons des choses plus importantes à faire.

Je me penche pour zyeuter le chauffeur dans le rétroviseur. Cette bouille ne m'est pas inconnue. Je ne crois pas me gourer en vous disant qu'il s'agit du gros touriste qui voulait baratiner Laura chez le taulier-chimpanzé de l'hôtel borgne. Ça chancelle drôlement sous ma coiffe, mes amis. Bien que l'évasion de Curt ait réussi, je me dis que «rien ne va plus», Je m'explique maintenant le pressentiment angoissant qui me coupait les cannes avant d'agir. Mon camarade subconscient, un drôle de futé, avait plus ou moins subodoré tout ça. Il essayait de m'alerter, mais moi, belle poire, je ne pigeais pas ses signaux de détresse.

Bérurier s'est calé dans un coin du break et considère les autres passagers avec prudence.

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