Читаем Le Soldat Oublié полностью

— Ici, camarades, je suis là avec un blessé !

— Ne bougez pas encore, répondit le capitaine, nous allons les déloger.

Il venait aussi d’apercevoir le popov mort quasiment à mes pieds. Il y eut un bruit de moteur qui se rapprochait rapidement. Sans bouger de ma place, je vis arriver une automitrailleuse couleur sable qui dandinait sur la neige molle. Le véhicule, armé d’une S.M.G. qui pointait de la meurtrière de sa tourelle, engagea son avant par la brèche pratiquée. Un phare puissant s’alluma et fouilla le hangar. Près de la voiture, des soldats allemands se dissimulaient et braquaient leurs armes vers l’intérieur. Le phare passa sur moi et un frisson me parcourut l’échine. J’imaginai un instant la mine des Russes mortifiés de peur. Au portail d’entrée, là où gisaient encore deux compagnons, les soldats allemands, allongés en tirailleurs dans la neige se regroupaient. Le Hauptmann éleva la voix.

— Rendez-vous ou nous allons vous abattre comme des rats !

Il n’y eut aucune réponse. Simplement un cri qui descendit des poutrelles vaguement éclairées. Un cri de terreur comme j’avais failli en pousser un quelques instants auparavant. Alors, la mitrailleuse lourde de l’auto blindée commença son massacre.

Chaque détonation résonnait effroyablement sous le hangar et semblait vouloir le faire exploser. Les balles étaient explosives et déchiraient la toiture qui s’ouvrait en de nombreux points d’où le jour apparaissait. En outre, tous les soldats allemands tiraient en direction du faîtage. Je m’étais laissé tomber accroupi et je pressais les mains sur mes oreilles pour amortir un peu le vacarme. Du toit, des poutrelles, dans lesquelles s’étaient réfugiés une quinzaine de terroristes, le bruit de leurs mitraillettes parachevait le tumulte. Il y eut une fois de plus des cris horribles. Un corps tomba sur le sol avec le bruit sourd d’un quartier de viande que l’on jette sur le billot. La S.M.G. démantibula tout le toit. Tout fut mis au jour. Il n’y avait plus de cachette possible pour les fugitifs. L’un d’eux venait encore de chuter. Ils tentèrent une fuite éperdue parmi les ferrailles du toit. Certains tombèrent et se brisèrent les os à terre. Les autres restèrent suspendus aux poutres. Tous furent impitoyablement abattus. Ce fut horrible. Les morts du déraillement étaient vengés. Les soldats investirent la place et je pus enfin quitter ma retraite. J’étais couvert de poussière et je devais même retrouver des débris de toutes sortes entre mon ceinturon et ma capote.

Nous redescendîmes au village en chantant :

« Märkische Heide,

Märkischer Sand

Sind des Märkers Freude,

Sind mein Heimatland…

Nous étions encore les maîtres. Personne à part le ciel ne pouvait nous juger.

Les S.S. chargèrent les quelques prisonniers qui avaient capitulé avant le massacre et leurs camions s’éloignèrent sur le chemin que nous avions pris pour venir. Le groupe de fortune, dont je faisais partie et que les S.S. avaient engagé pour l’occasion, redescendit au village à pied. Quelqu’un commanda le rang par trois. Au pas cadencé, nous entrâmes dans le village en chantant. La foule de tout à l’heure avait été dispersée. Cela nous soulagea.

Le groupe d’opération S.S. nous distribua à chacun un papier motivant notre retard vis-à-vis de notre unité. Puis on nous conseilla de rejoindre nos pénates, c’est-à-dire le train en panne. Nous quittâmes sans regret ce bourg et son souvenir sinistre. Un autre spectacle aussi déprimant que celui du hangar s’offrit à nous à la sortie du patelin. Un peloton d’exécution opérait juste au moment où nous pûmes l’apercevoir. Quatre salves furent tirées consécutivement. Chacune d’elles abattit quatre partisans. Leurs corps furent abandonnés sur la neige et le peloton regagna le village. Personne parmi nous ne souffla mot. Nos morts, ceux du déraillement et de l’explosion de certains wagons, furent, eux aussi, sommairement ensevelis. Ils étaient au moins une centaine. On nous fit un petit discours sur la tragédie qui venait de se dérouler. Les partisans furent rendus responsables de tout ce qui arrivait et on nous expliqua bien qu’un franc-tireur n’avait, en aucun cas, droit aux égards d’un homme portant l’uniforme. Les lois de la guerre les condamnaient automatiquement à être passés par les armes sans jugement.

La nuit qui suivit, et que nous passâmes dans le train immobilisé, je ne trouvai le sommeil qu’avec difficulté. Chaque fois que je fermais les yeux, un horrible cauchemar m’assaillait. En songe, une haute pierre se dressait devant moi. Sous cette pierre une mare de sang rouge noirâtre coulait, venant souiller mes pieds et les brûlant à son contact.

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