Un coup de tonnerre s’est produit, avant-hier, dans le dossier Simonis. Nous n’en avons été informés que cette nuit car les événements se sont déroulés en Suisse. Le 1er décembre, à 19 heures, un homme a été interpellé à son domicile par la police helvétique. Richard Moraz, 42 ans, artisan horloger chez Moschel, au Locle, dans le canton de Neuchâtel.
Selon nos informations, des soupçons pèsent sur l’horloger depuis deux semaines. Son interpellation, sur le territoire helvétique, posait d’évidentes difficultés juridiques. Nos deux gouvernements se sont entendus pour organiser l’inculpation de l’homme et Gilbert de Witt, juge d’instruction, escorté par les gendarmes de Sartuis, a commencé son interrogatoire, de l’autre côté de la frontière.
Qui est Richard Moraz ? Un collègue de travail de Sylvie Simonis, qui n’a jamais accepté la promotion de Sylvie à ses dépens, en septembre dernier. Cette déception coïncide, exactement, avec le début des appels anonymes…
Un tel mobile — la jalousie professionnelle — paraît insuffisant pour expliquer le meurtre. Mais il y a un autre indice : Delphine Moraz, l’épouse de Richard, est salariée des entreprises Lammerie, qui fabriquent justement des transformateurs de voix.
Nous avons découvert, au
Ces éléments ne font pas de l’horloger un coupable. Et Moraz n’appartient pas au cercle des proches qui auraient pu convaincre Manon de le suivre vers le site d’épuration. Physiquement, l’artisan est un colosse de plus de cent kilos qui n’a rien de rassurant. Certains murmurent qu’il aurait pu bénéficier de la complicité de sa femme. Le « tueur » serait-il un couple ?
Si Gilbert de Witt n’obtient pas d’aveux, il devra libérer le suspect. Dans tous les cas, le juge et le commandant Lamberton feraient bien de stopper leur stratégie du silence. En étant plus explicites, ils pourraient apaiser les esprits et réduire les soupçons. À Sartuis, la température monte chaque jour un peu plus !
Peu après, Richard Moraz avait été libéré. Son dossier d’accusation était si léger qu’un courant d’air l’aurait fait passer sous la porte. La ville des horlogers avait de nouveau plongé. Les rumeurs continuaient, les opinions se multipliaient. Et Chopard brodait sur cette atmosphère délétère.