Читаем Le passager полностью

Janusz attrapa les frusques et ferma le rideau. Il ôta sa veste et choisit les tons les plus neutres. Il enfila un pull beige, une doudoune chocolat, un bonnet noir jusqu’aux oreilles. Dans le miroir de la cabine, on aurait dit un bonhomme de glaise. En tout cas, il ne correspondait plus au signalement du fuyard du TGI. S’assurant que personne ne pouvait le voir par l’entrebâillement du rideau, il fourra son couteau et son calibre dans les poches de la parka.

— Je prends ces trois articles, fit-il en sortant de la cabine, cartable à la main.

— Vous êtes sûr pour les couleurs ?

— Certain. Je vous paye en liquide.

La vendeuse sautilla jusqu’à sa caisse.

— Vous voulez un sac pour votre veste et votre imper ?

— S’il vous plaît, merci.

Deux minutes plus tard, il marchait sur la Canebière, avec l’air du type qui cherche un télésiège. Mieux valait être ridicule que repéré. Maintenant, où aller ? En priorité, quitter l’axe de la Canebière pour des rues plus discrètes. Croisant une poubelle, il largua le sac plastique du magasin. Il avait l’impression de se délester chaque fois pour mieux s’envoler. Mais il ne décollait jamais.

Il prit le cours Saint-Louis et croisa la rue du Pavillon. Il tourna à droite et sut, d’instinct, qu’il descendait vers le Vieux-Port. Pas une bonne idée. Il hésitait quand un hurlement de freins déchira ses pensées. Des flics jaillissaient d’un fourgon et couraient vers lui.

Il tourna les talons et détala. Cette fois, c’était fini. Des mugissements de sirène s’élevaient aux quatre coins du quartier. Les VHF se passaient le message : Janusz était repéré. La ville n’était plus qu’un hurlement — qui signait son arrêt de mort.

Il trébucha contre un trottoir, évita la chute, se retrouva sur une place en longueur. Il courut à travers l’espace, serrant toujours son cartable d’écolier, convaincu que tout était foutu. À cet instant il aperçut, comme dans un conte de fées, un halo de vapeur. Il essuya la sueur de ses yeux et vit la bouche d’égout à demi ouverte, protégée par des barrières. Il sut, dans le tréfonds de son ventre, que la solution était là. Il prit cette direction en cherchant du regard les égoutiers.

Il les remarqua à trente mètres. Bottés, casqués, ils fumaient et achetaient des sandwiches en riant. Il enjamba les barrières, écarta la plaque d’un coup de talon, empoigna l’échelle en se disant que toutes ces chances étaient des signes de Dieu. Des signes qui prouvaient son innocence. Il descendit dans les ténèbres.

Pieds au sol. Il prit à droite dans le boyau, ôta son bonnet et marcha en évitant la gargouille qui s’écoulait au centre. Une nouvelle échelle. Puis une autre. Le réseau des égouts de Marseille n’était pas seulement souterrain — il était vertical.

Il tomba enfin sur un escalier, descendit encore, découvrit un vaste carré de ciment, surplombé de passerelles. Une espèce de salle des machines, éclairée par des néons, où s’alignaient citernes, canalisations, tableaux de bord. Il n’avait pas fait trois pas qu’il remarqua un homme, de dos, relevant des compteurs sur un terminal portable. Le gars semblait sourd — il n’avait pas bougé à son arrivée. Janusz s’approcha et comprit. Écouteurs dans les oreilles, le type hochait la tête sous son casque de protection.

Janusz lui planta le canon de son calibre dans la nuque. L’homme comprit aussitôt. D’un geste réflexe, il arracha ses écouteurs et leva les mains.

— Retourne-toi.

L’homme pivota. Quand il découvrit l’arme pointée vers son visage, il ne manifesta aucun signe de peur. Seulement un long silence. Englouti dans une combinaison grise, chaussé de bottes et coiffé d’un casque, il ressemblait à un scaphandrier en rupture de fonds. Il tenait encore dans ses mains un terminal portable et le stylet qui allait avec.

— Vous… vous allez me tuer ? demanda-t-il au bout de plusieurs secondes.

— Pas si tu fais ce que je dis. Y a une sortie ?

— Y en a plein. Chaque galerie s’ouvre sur plusieurs bouches d’accès. La plus proche…

— Quelle est la plus éloignée ? Celle qui nous fera sortir de Marseille ?

— Celle du grand collecteur, dans la calanque de Cortiou.

— On y va.

— C’est à six kilomètres !

— Alors, ne perdons pas de temps.

L’homme baissa lentement les bras et se dirigea vers une armoire en fer.

— Qu’est-ce que tu fous ? hurla Janusz en pointant son arme.

— Je prends du matos. Vous devez vous protéger.

Il ouvrit les portes en ferraille. Janusz l’attrapa par l’épaule et l’écarta. Il saisit lui-même un casque et le plaça sur sa tête, d’une main.

— Prenez aussi des masques, ajouta l’égoutier d’une voix calme. On va traverser des émanations acides.

Janusz hésitait face au matériel. Il y avait des bottes, des combinaisons, des systèmes respiratoires, des bouteilles en métal… Le gars s’avança.

— Je peux ?

Le technicien choisit deux modèles qui rappelaient les anciens masques à gaz de la guerre de 1914, version design. Il en tendit un à Janusz. Puis il attrapa une paire de bottes.

— Avec ça, vous serez plus à l’aise.

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