Читаем Le monde inverti полностью

Il arrangeait les courroies de son paquetage quand il perçut un bruissement dans l’air ; quelque chose lui tirailla l’épaule. Il se tourna juste à temps pour voir retomber à terre un carreau d’arbalète.

Il plongea pour s’abriter dans le creux d’un emplacement de traverse.

— Ne bougez pas.

Il regarda dans la direction d’où venait la voix, mais sans voir celui qui avait parlé. Toutefois, il y avait un buisson à une cinquantaine de mètres de lui.

Helward examina son épaule. Le projectile avait déchiré sa manche, mais sans le blesser. Il était sans défense, ayant perdu sa propre arbalète avec le reste de ses affaires.

— J’arrive… Ne bougez pas !

L’instant d’après, un homme vêtu de l’uniforme des apprentis sortit des buissons, l’arbalète pointée sur Helward. Ce dernier cria :

— Ne tirez pas… je suis de la ville.

L’homme continua d’avancer sans répondre. Il s’immobilisa à cinq mètres de Helward.

— C’est bon ! Levez-vous !

Helward obéit, espérant bien se faire reconnaître.

— Qui êtes-vous ?

— Un homme de la ville, répéta-t-il.

— Quelle guilde ?

— Les Futurs.

— Quelle est la dernière ligne du serment ?

Helward, surpris, secoua la tête :

— Écoutez, que…

— Allons ! Le serment…

— Tout ceci est juré en pleine connaissance de ce que toute violation d’un…

L’homme abaissa son arme.

— Bien. Il fallait que je m’en assure. Comment vous appelez-vous ?

— Helward Mann.

L’autre l’examina de plus près :

— Seigneur ! Je ne t’aurais jamais reconnu ! Tu t’es laissé pousser la barbe…

— Jase !

Les deux jeunes gens s’examinèrent encore un moment, puis échangèrent des paroles amicales. Helward se rendit compte qu’ils avaient changé depuis leur dernière rencontre au point d’être méconnaissables. À l’époque, ils n’étaient encore que de jeunes garçons qui souffraient de la vie décevante à la crèche… et maintenant, ils avaient changé à la fois d’attitude et d’apparence. À la crèche, Gelman Jase avait affiché du scepticisme et même du dédain pour l’ordre selon lequel ils devaient vivre ; il s’était campé comme le chef insouciant et irresponsable des garçons qui « mûrissaient » moins vite. Rien de tout cela n’apparaissait plus à Helward tandis qu’ils se tenaient au bord de la rivière et tentaient de renouer leur ancienne amitié. Les expériences de Jase hors de la ville l’avaient vieilli, tout comme elles l’avaient marqué physiquement.

— Mais pourquoi diable m’as-tu tiré dessus ? fit Helward.

— Je t’avais pris pour un took.

— Un quoi ? Ah, oui ! (Il avait oublié ce terme militaire.) Mais n’as-tu pas reconnu mon uniforme ?

— Cela ne veut plus rien dire.

— Mais…

— Ecoute, Helward, les choses changent. Combien d’apprentis as-tu rencontrés dans le passé ?

— Deux. Trois, en te comptant.

— Bien. Savais-tu que la cité envoie un apprenti dans le passé à peu près tous les kilomètres ? Il devrait y en avoir bien davantage ici… et comme nous prenons tous la même route, nous devrions nous croiser presque tous les jours. Mais les tooks deviennent astucieux. Ils tuent les apprentis pour leur voler leurs uniformes. As-tu été attaqué ?

— Non.

— Moi, oui.

— Tu aurais pu essayer de voir à qui tu avais affaire avant de me tirer dessus.

— J’ai visé de façon à ne pas te toucher.

Helward montra sa manche déchirée :

— Alors tu n’es qu’un tireur lamentable.

Jase alla ramasser son carreau, l’examina pour s’assurer qu’il n’était pas endommagé et le replaça dans son étui.

— Nous devrions nous efforcer de regagner la ville, dit-il au bout d’un moment.

— Sais-tu où elle est ?

Jase parut soucieux.

— Je peux le calculer, dit-il. Je marche depuis des kilomètres. Est-ce que la ville aurait soudain accéléré ?

— Pas que je sache. J’ai vu hier un autre apprenti. Il prétendait, lui, que la ville avait été retardée.

— Alors où diable est-elle ?

— Quelque part par là. (Helward montrait les restes de voies qui allaient au nord.)

— Alors, allons-y.

À la fin de la journée, la ville n’était toujours pas en vue. Et pourtant les voies avaient à présent leurs dimensions normales, du moins apparemment. Ils campèrent dans un coin boisé où coulait un ruisseau d’eau fraîche.

Jase était beaucoup mieux équipé que Helward. Outre son arbalète, il avait un second sac de couchage (celui de Helward, mouillé, avait commencé à sentir mauvais et il l’avait jeté), une tente et des vivres en abondance.

— Qu’est-ce que tu penses du passé ? demanda Jase.

— Je cherche encore à comprendre. Et toi ?

— Je ne sais pas. Comme toi, j’imagine. Rien de ce que j’ai vu n’est logique… et pourtant je sais que je l’ai vu et connu.

— Comment le sol pourrait-il se mouvoir ?

— Tu l’as également remarqué ?

— Je crois. C’est bien ce qui se passe, n’est-ce pas ?

Plus tard, ils échangèrent le récit de leurs aventures. Celles de Jase différaient sur de nombreux points de celles de Helward.

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