Читаем Le monde inverti полностью

— Impossible d’en parler, reprit Helward. Allez dans le passé, vous verrez par vous-même. (Il lança un coup d’œil aux femmes. Assises par terre, maintenant, elles tournaient ostensiblement le dos aux deux hommes. Il ne put s’empêcher de sourire intérieurement.) Kellen, à quelle distance est la ville ?

— Quelques kilomètres. Neuf, à peu près.

Neuf kilomètres ! Elle devait avoir maintenant largement dépassé l’optimum !

— Pouvez-vous me laisser un peu de nourriture ? Rien qu’un peu… de quoi tenir jusqu’à la ville.

— Certainement.

Kellen lui tendit quatre rations. Helward les considéra un instant, puis lui en rendit trois.

— Une me suffira. Vous aurez besoin des autres.

— Je ne vais pas loin, observa Kellen.

— Je sais… mais vous en aurez quand même besoin.

Il examina de nouveau l’autre apprenti :

— Depuis combien de temps avez-vous quitté la crèche, Kellen ?

— Une vingtaine de kilomètres.

Mais Kellen était beaucoup plus jeune que lui. Il se rappelait clairement que Kellen était deux classes en dessous de lui à la crèche. La cité devait recruter ses apprentis bien plus jeunes, à présent. Toutefois Kellen paraissait adulte, et bien nourri. Son corps n’avait rien d’adolescent.

— Quel âge avez-vous ?

— Mille quarante kilomètres.

Impossible… il devait être plus jeune que Helward d’au moins quatre-vingts kilomètres, alors que ce dernier, d’après ses propres calculs, s’en attribuait mille soixante-dix.

— Avez-vous travaillé aux voies ?

— Oui. Fichtrement pénible, ce boulot.

— Je sais. Comment la ville a-t-elle pu avancer si vite ?

— Vite ? Nous avons traversé une mauvaise période. Il a fallu franchir une rivière et pour le moment, la ville est ralentie par une région accidentée. Nous avons perdu beaucoup de terrain. À mon départ, elle était à neuf kilomètres en arrière de l’optimum.

— Neuf kilomètres ? Alors l’optimum a accéléré ?

— Pas que je sache. (Kellen observait les femmes, par-dessus son épaule.) Je pense qu’il nous faut repartir, à présent. Tout va bien ?

— Oui. Comment vous entendez-vous avec elles ?

Kellen sourit.

— Pas mal, dit-il. Des barrières linguistiques, mais j’arriverai bien à nous trouver un langage commun.

Helward rit et se rappela de nouveau Pelham.

— Alors, faites-le en vitesse, conseilla-t-il. Après, cela devient difficile.

Kellen Li-Chen le regarda fixement, puis se leva.

— Le plus vite sera le mieux, je crois.

Il retourna près des filles qui protestèrent d’une voix forte en s’apercevant que la halte ne serait pas plus longue. Quand elles passèrent devant lui, Helward remarqua que l’une des deux avait déboutonné son chemisier et en avait noué les pans à sa taille.

Avec la ration que lui avait donnée Kellen, Helward se sentait certain de parvenir à la ville sans nouvelles difficultés. Après le terrain qu’il avait couvert, neuf kilomètres n’étaient rien et il comptait bien arriver à la tombée de la nuit. Le paysage qui l’entourait était entièrement nouveau pour lui : en dépit de ce qu’avait affirmé Kellen, il semblait que la ville eût beaucoup avancé pendant son absence.

Le soir vint pourtant et il n’apercevait toujours rien de la ville.

Le seul signe d’espoir, c’étaient les dimensions plus normales des emplacements de voies. À sa halte suivante pour boire, Helward mesura une fosse et l’évalua à deux mètres de long.

Le sol montait devant lui et il distinguait une crête par-dessus laquelle passaient les traces des voies. Il se sentait sûr de trouver la ville dans le creux, de l’autre côté, aussi pressa-t-il le pas pour la voir au moins avant la nuit.

Le soleil touchait l’horizon quand il parvint à la crête et put contempler la vallée.

Une large rivière coulait au fond. Les empreintes des voies atteignaient la rive sud, et continuaient de l’autre côté. Aussi loin qu’il pût voir, elles couraient à travers la vallée pour se perdre dans une région boisée. Pas signe de la ville.

En colère, un peu perdu, Helward contempla la vallée jusqu’au soir, puis campa pour la nuit.

Peu après l’aube, il se remit en route et en quelques minutes fut au bord de la rivière. De ce côté, on apercevait de nombreux indices d’activité humaine… le sol boueux avait été abondamment foulé et était couvert d’étais brisés et de morceaux de béton provenant des fondations. C’était probablement tout ce qui restait du pont que la ville avait dû construire.

Helward s’engagea dans l’eau, en se cramponnant d’abord à un bloc de ciment, puis, l’eau devenant plus profonde, se mit à nager ; mais le courant le prit et l’entraîna loin en aval avant qu’il ait pu se hisser sur la rive nord.

Tout trempé, il remonta jusqu’à l’endroit où se trouvaient les restes des voies. Son sac et ses vêtements étaient très pesants, aussi se déshabilla-t-il pour faire sécher son uniforme et son sac de couchage au soleil. Une heure après, les vêtements étaient secs et il les enfila, prêt à repartir. Le sac de couchage était encore humide, mais Helward comptait bien l’aérer à sa prochaine halte.

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