Читаем Le monde inverti полностью

Il avait perdu le compte des jours écoulés, mais le terrain lui était de plus en plus familier et il savait que jusqu’à présent, le temps qu’il avait passé loin de la ville restait considérablement moindre que celui prévu par Clausewitz. Même compte tenu des trois jours qui avaient paru passer si rapidement quand il était dans la zone de pression, la cité ne pouvait guère avoir avancé de plus de deux ou trois kilomètres vers le nord durant son absence.

Cette pensée était rassurante, car ses vivres diminuaient.

Il marchait sans cesse et les jours passaient. Toujours aucun signe de la ville, et les marques de voies ne revenaient nullement à leur écartement normal. Toutefois, il était maintenant si bien habitué à la notion de distorsion latérale au sud de ce monde qu’il ne s’en souciait guère.

Un matin une nouvelle pensée le troubla. Depuis plusieurs jours, l’écartement des voies n’avait pas paru se modifier… se pouvait-il qu’il fût dans une région où le mouvement du sol était exactement proportionnel à la vitesse de sa progression ? Telle une souris dans une cage tournante, faisait-il du sur-place ?

Pendant une heure ou deux, il pressa l’allure, puis sa raison reprit le dessus. Après tout, il avait réussi à s’éloigner de la zone de pression où le mouvement vers le sud était le plus accentué. Mais les jours s’additionnaient, et la ville n’était toujours pas plus proche, apparemment. Il en fut bientôt réduit à deux rations et dut augmenter sa provision d’eau en puisant aux sources locales.

Le jour où il fut au bout de ses vivres, il ressentit une vive excitation. La famine probable n’était plus un problème… il avait reconnu l’endroit où il se trouvait ! C’était cette région où il avait chevauché en compagnie d’Échanges Collings… et qui, à l’époque, était à quatre ou cinq kilomètres au nord de l’optimum !

Selon son estimation, il avait été absent au maximum durant cinq kilomètres… donc la ville aurait dû être en vue.

Devant lui, les traces de voies se prolongeaient jusqu’à une petite butte… et aucun signe de la ville. Les emplacements de traverses étaient toujours déformés et la rangée suivante de cicatrices – la gauche intérieure – était à quelque distance.

Tout ce que cela pouvait signifier, raisonnait Helward, c’était que pendant son absence, la ville s’était déplacée beaucoup plus rapidement. Peut-être avait-elle même dépassé l’optimum et se trouvait-elle dans une région où le sol bougeait plus lentement. Il commençait à comprendre pourquoi la ville se mouvait sans cesse : peut-être qu’en avant de l’optimum, il y avait une zone où le terrain restait parfaitement immobile.

Auquel cas la ville pourrait s’immobiliser… le grand tapis roulant s’arrêterait enfin.

<p>10</p>

Helward passa une mauvaise nuit car il était affamé.

Au matin, il avala quelques gorgées d’eau et se remit en route. La ville ne pouvait qu’apparaître bientôt.

Il dut rester immobile pendant la partie la plus chaude de la journée. La campagne, dénudée et plate, ne lui offrait aucune ombre. Il s’assit au bord des voies.

Alors qu’il regardait tristement droit devant lui, il aperçut quelque chose qui lui redonna bon espoir… Trois personnes longeaient lentement la voie, dans sa direction. Elles devaient avoir été envoyées de la ville à sa recherche…

À leur approche, il voulut se lever, mais il chancela et resta allongé.

— Appartenez-vous à la ville ?

Helward ouvrit les yeux et regarda celui qui avait parlé. Un jeune homme, portant l’uniforme des apprentis de guilde. Il fit un signe affirmatif, la mâchoire pendante.

— Vous êtes malade… que vous arrive-t-il ?

— Tout va bien. Auriez-vous quelque chose à manger ?

— Buvez ceci.

On lui tendit une gourde. Il avala une rasade. L’eau était fade, un peu croupie. L’eau de la ville.

— Pouvez-vous vous lever ?

Avec un peu d’aide, Helward se remit debout et s’écarta de la voie en direction de quelques maigres buissons. Il s’assit sur le sol et le jeune homme ouvrit son sac. Helward s’aperçut tout à coup que le sac était identique au sien.

— Est-ce que je vous connais ? demanda-t-il.

— Apprenti Kellen Li-Chen.

Li-Chen ! Il se le rappelait, du temps de la crèche.

— Moi, je suis Helward Mann.

Kellen Li-Chen ouvrit une ration alimentaire et y ajouta un peu d’eau. Bientôt Helward put s’attaquer, presque avec enthousiasme, à la bouillie grise bien connue.

À quelques mètres de distance, deux filles attendaient, debout.

— Vous descendez vers le passé ? demanda-t-il entre deux bouchées.

— Oui.

— J’en reviens.

— Qu’y trouve-t-on ?

Soudain, Helward se rappela avoir rencontré Torrold Pelham dans des circonstances analogues.

— Vous êtes déjà dans le passé, répondit-il. Ne le sentez-vous pas ?

Kellen secoua la tête.

— Que voulez-vous dire ? fit-il.

Helward faisait allusion à la pression en direction du sud, dont il éprouvait encore la subtile attraction en marchant. Mais il comprenait à présent que Kellen ne s’en était pas encore aperçu. Tant qu’il ne l’aurait pas éprouvée à son maximum, il ne la reconnaîtrait pas comme une sensation à part.

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