Читаем Le monde inverti полностью

Helward aimait bien travailler au nord de la ville. Ce serait d’ailleurs bientôt son territoire, car c’était là, au-delà de l’optimum, que la guilde du Futur opérait. Il voyait souvent des Futurs qui chevauchaient en direction du nord dans le territoire lointain où la ville devrait passer un jour. Il avait rencontré une ou deux fois son père et ils avaient eu de brefs entretiens. Helward avait espéré que son expérience d’apprenti aurait fait disparaître le malaise qui gâtait leurs rapports, mais son père était toujours aussi embarrassé en sa compagnie. Helward pensait que cela n’avait pas de raison profonde ni subtile, car une fois où Collings parlait de la guilde du Futur, il avait mentionné Futur Mann. « Un homme à qui il est difficile de parler, avait-il dit. Agréable quand on le connaît, mais très réservé. »

Au bout d’une demi-heure, Helward remonta à cheval et tourna bride. Un peu plus tard, il retrouva Collings qui se reposait à l’ombre d’un grand rocher. Ils partagèrent un repas improvisé. En témoignage de bonne volonté, le chef du village leur avait remis un grand morceau de fromage frais ; ils en mangèrent une partie, savourant ce changement à leur régime habituel d’aliments synthétiques.

— S’ils ont de telles choses à manger, observa Helward, je comprends qu’ils n’aient pas très envie de nos ersatz.

— Ne croyez pas qu’ils en mangent tout le temps. C’est le seul fromage qu’ils avaient. Et ils l’avaient sans doute volé ailleurs, car je n’ai pas vu de bétail.

— Alors pourquoi nous l’ont-ils offert ?

— Parce qu’ils ont besoin de nous.

Helward et Collings avaient repris la route vers la ville. Ils allaient à pied, menant leurs montures par la bride. Helward était à la fois impatient de rentrer et lourd de regret que son temps d’apprentissage fût à son terme. Il se rendait compte que c’était sans doute là son dernier entretien avec Collings, et sentit se réveiller en lui l’envie longtemps réprimée d’aborder un sujet qui l’agitait encore de temps à autre… De tous les hommes qu’il avait connus hors de la cité, Collings était le seul avec qui il pût en discuter. Et cependant il retourna longuement le problème dans son esprit avant de se décider enfin à l’évoquer.

— Vous êtes bien silencieux, lui dit soudain Collings.

— Je sais… veuillez m’excuser. Je pensais à mon accession au titre de membre de la guilde. Je ne suis pas certain d’être prêt.

— Pourquoi ?

— Ce n’est pas facile à dire… un vague doute.

— Voulez-vous me l’exposer ?

— Oui. Ou plutôt… est-ce possible ?

— Pourquoi non ?

— Eh bien… certains des hommes de guilde ne seraient pas d’accord, déclara Helward. J’étais plutôt perdu quand j’ai quitté la ville pour la première fois et j’ai très vite appris à ne pas poser trop de questions.

— Lesquelles, par exemple ?

Helward songea qu’il n’avait plus à se chercher de justifications.

— Il s’agit de deux choses… l’optimum et le serment. J’ai des doutes sur l’un et sur l’autre.

— Rien d’étonnant. J’ai travaillé avec des douzaines d’apprentis en cours de route, et ils s’inquiètent tous de ces points.

— Pouvez-vous me dire ce que je désire savoir ?

Collings secoua la tête :

— Pas sur l’optimum. Il vous appartient de le découvrir vous-même.

— Mais tout ce que j’en sais, c’est qu’il se déplace en direction du nord. Est-ce quelque chose d’arbitraire ?

— Ce n’est pas arbitraire… mais je ne dois pas en parler. Je vous promets que vous apprendrez bientôt ce que vous voulez savoir. Mais quel problème vous pose le serment ?

Helward resta un moment silencieux, puis reprit :

— Si vous saviez que je l’ai violé – si vous l’appreniez en ce moment même — vous me tueriez, n’est-ce pas ?

— Oui, en théorie.

— Et en pratique ?

— Cela me tourmenterait sans doute pendant quelques jours, puis j’en parlerais probablement à un autre membre pour voir ce qu’il me conseillerait. Mais vous ne l’avez pas violé, j’espère ?

— Je n’en suis pas certain.

— Alors mieux vaut m’en parler.

— Très bien.

Helward se mit à énumérer les questions que lui avait posées Victoria. Il s’efforçait de maintenir son récit dans les limites de vagues généralités. Mais comme Collings continuait à se taire, Helward se surprit à lui fournir de plus en plus de détails. Bientôt, il répétait presque mot pour mot tout ce qu’il avait révélé à sa femme.

— Je ne pense pas que vous ayez à vous faire du souci, lui dit Collins quand il eut terminé.

— Pourquoi ?

— Il n’a résulté aucun mal de ce que vous avez dit à votre épouse.

La ville était maintenant en vue et ils y reconnaissaient l’activité habituelle autour des voies.

— Mais cela ne peut pas être aussi simple, objecta Helward. Le serment est catégorique et le châtiment n’est pas des plus légers.

— Exact… mais les membres des guildes d’aujourd’hui ont hérité cette tradition du passé. Le serment nous a été transmis et nous le transmettons à notre tour. Vous ferez de même un jour. Cela ne signifie pas que les guildes l’acceptent, mais personne n’a encore trouvé le moyen de s’en passer.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аччелерандо
Аччелерандо

Сингулярность. Эпоха постгуманизма. Искусственный интеллект превысил возможности человеческого разума. Люди фактически обрели бессмертие, но одновременно биотехнологический прогресс поставил их на грань вымирания. Наноботы копируют себя и развиваются по собственной воле, а контакт с внеземной жизнью неизбежен. Само понятие личности теперь получает совершенно новое значение. В таком мире пытаются выжить разные поколения одного семейного клана. Его основатель когда-то натолкнулся на странный сигнал из далекого космоса и тем самым перевернул всю историю Земли. Его потомки пытаются остановить уничтожение человеческой цивилизации. Ведь что-то разрушает планеты Солнечной системы. Сущность, которая находится за пределами нашего разума и не видит смысла в существовании биологической жизни, какую бы форму та ни приняла.

Чарлз Стросс

Научная Фантастика