Читаем Le coup du père François полностью

Mon œil sagace explore le trottoir d'en face. J'avise un porche imposant sommé d'une hampe sans drapeau. Un macaron de fer est fixé à la hampe. D'où je suis, il m'est impossible de distinguer les lettres peintes sur le macaron.

— C'est une ambassade qui se trouve en face de chez vous, M'sieur Maupuy ?

— Non, c'est le Consulat Général d'Alabanie.

— Voyez-vous…

Mon regard étudie toujours aussi intensément la façade. Elle paraît très innocente, je dois en convenir.

C'est de la bonne façade parisienne, en pierre de taille, avec de larges fenêtres pourvues de persiennes. Les volets de l'une d'elles sont fermés.

— A quel étage se trouve le Consulat ?

— Au troisième, répond Morpion.

Justement à l'étage de la fenêtre aux volets clos.

Je m'apprête à quitter mon poste d'observation lorsque quelque chose me fait tiquer. Je m'abstiens de vous dire ce dont il s'agit, toujours soucieux de ménager mes effets.

— Vous n'auriez pas dés lunettes d'approche, par hasard, M'sieur Maupuy ?

— J'ai des jumelles de théâtre.

— Vous voulez bien me les prêter ?

Il opine, se gratte le lobe, et part à la recherche de ce précieux instrument d'optique. Il le découvre dans sa cuisine, à l'intérieur d'un pot de faïence marqué « Farine ».

Ce sont de petites jumelles à carapace de nacre. Leur puissance est très modeste, néanmoins elles grossissent plusieurs fois. Je me consacre aux volets fermés. Par les fentes latérales de ceux-ci, j'aperçois une tache blanche à l'intérieur. Cette tache, je m'efforce de la délimiter et j'y parviens. Elle est carrée et occupe la partie centrale de l'encadrement. Pas d'erreur : il s'agit d'un morceau de carton dont on s'est servi pour remplacer une vitre brisée. Ladite vitre aurait été pulvérisée par une ou plusieurs balles que ça ne me surprendrait pas.

Je rends ses jumelles à Morpion.

— Vous avez découvert quelque chose, mon jeune ami ?

Son jeune ami le met au courant de sa découverte. Le prof hoche la tête à deux reprises, ce qui a toujours été chez lui le signe d'une profonde réflexion.

— Vous estimez donc qu'un individu s'est introduit chez moi afin de mitrailler le Consulat d'en face ?

— C'est cela même, Prof. Des gens ont su votre absence et ils sont venus s'embusquer dans votre appartement à cause de sa position stratégique.

— Vous pensez que ces gens ont tué quelqu'un ?

— Peut-être. Je pense que vous avez mis le doigt sur une curieuse affaire.

Morpion ne se rengorge pas. C'est un vieux philosophe pour qui l'existence est une vague récréation un jour de pluie. Les hommes, tels des élèves, sont entassés frileusement sous un préau et regardent tomber la flotte en attendant l'heure de rentrer sous terre.

— L'assassin aurait placé un ruban à la barre d'appui de ma fenêtre et remonté ma pendule ?

— Probablement.

— Vous avez une hypothèse concernant ces deux actions plutôt surprenantes ?

— Pas encore, Prof, mais ça peut venir.

Je lui retends la pogne.

— Cette fois je vous laisse. Ne parlez à personne de cette histoire, je vous prie.

— Qu'allez-vous faire ?

— Aviser.

Mon laconisme ne le choque pas. Il chope un de ses greffiers dans ses bras et m'escorte jusqu'à la lourde en caressant l'animal.

<p>CHAPITRE III</p>

Le Vieux a écouté mon récit sans broncher : Le dos droit, les mains à plat sur le buvard, l'œil couleur des mers du Sud, il semble rêvasser.

— C'est intéressant, décide-t-il enfin. Ainsi, selon vous, on aurait tiré dans une fenêtre du consulat ?

— Oui, monsieur le directeur.

— Aucune plainte n'a été déposée… Vous savez que nos rapports ne sont pas des meilleurs avec l'Alabanie ?

J'essaie de suivre les méandres de sa pensée.

— Attentat politique, d'après vous ?

— Je suppose.

— Et les gens du consulat auraient gardé bouche cousue ?

— La preuve…

Un silence un peu plus long qu'un rouleau de ruban adhésif nous sépare momentanément ; puis le Vioque se met à pianoter son sous-main.

— Occupez-vous de cela, San-Antonio.

Je n’en espérais pas moins.

— A quel titre, monsieur le directeur ?

Je lui balance ça, manière de le faire réagir car je suis déjà certain de la réponse. Effectivement, cette dernière ne se fait point attendre.

— A titre officieux, bien entendu. Mais tenez-moi au courant au fur et à mesure.

— A vos ordres, patron !

Je quitte son bureau sur un petit salut plus ou moins militaire. La porte capitonnée de cuir de son antre me bat les miches, comme si elle m'incitait à me remuer le prose.

Plus pensif qu'une sculpture de Rodin, je descends chez moi. Béru et Pinuche y jouent à la belote en buvant du vin rouge. Je m'amène en plein carré de dames. Il appartient au Gros, lequel ne se tient plus de joie.

— Les frangines m'ont toujours porté bonheur, affirme l’Enflure.

Insensible à leurs jeux, je décroche mon bigophone pour sonner le labo. C'est Magnan qui me répond.

— Dites voir, mon jeune ami, l’attaqué-je, parodiant Morpion, auriez-vous dans votre équipe un homme capable de remplacer un carreau ?

Ma question l'éberlue.

— De remplacer un quoi ?

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