Читаем Le coup du père François полностью

— Et moi, riposte Morpion en souriant, si je m'attendais à ce que le plus dissipé de mes garnements devienne un as de la police. Ça vous a pris comment, cette vocation ?

— Pendant les récréations, on jouait beaucoup au gendarme et au voleur et c'était toujours moi qui faisais le voleur, alors j'ai voulu changer…

Il sourit.

— Et c'est un travail, ça ? s'étonne-t-il.

— Pas exactement, mais c'est un joli passe-temps. Un passe-temps dans lequel on risque sa peau…

Morpion déniche deux verres aux parois encroûtées.

— Bast, fait-il, la vie, mon jeune ami, c'est si peu de chose. Elle n'est possible sur cette planète qu'entre moins vingt et plus quarante degrés. Or, le soleil qui nous l'assure dégage une température de cinq millions de degrés ! Rendez-vous compte de notre précarité. Que ce bougre-là fasse un léger écart dans un sens ou dans un autre et notre cher vieux globe devient glace ou cendres.

Il prend une bouteille dans une corbeille recelant pas mal de choses bizarres et emplit nos deux verres.

Je voudrais bien pouvoir essuyer les bords du mien avec mon mouchoir avant de boire, mais Morpion ne m'en laisse pas le temps.

— A votre santé, mon jeune ami.

Nous trinquons. Je goute et je parviens à à réprimer une grimace.

— Pas mauvais, n'est-ce pas, demande Morpion.

— Excellent, renchéris-je, qu'est-ce que c'est ?

Il tourne le flacon vers moi. Je constate alors qu'il s'agit d'un dépuratif. J'en fais aimablement la remarque à mon ancien prof et celui-ci hausse les épaules.

— Bast, fait-il, ça ne peut pas nous faire de mal.

Et là-dessus il vide son godet. Je commence à me demander pourquoi Morpion a fait appel à moi. Jusqu'ici il ne s'est guère pressé d'éclairer ma lanterne. Comme il ne se décide pas, je lui pose la question. Il a un sourire modeste.

— Je suis un littéraire mais cependant je n'aime pas le mystère, dit-il.

Il ramasse un bouton de sa chemise qui vient d'affirmer son indépendance en roulant sur le plancher.

— Lorsque je me suis décidé à entrer à l'hôpital, murmure le disséqueur de Pascal, j'ai embarqué mes chats chez une vieille amie, puis j'ai fermé mon appartement et mis la clé dans ma poche…

Il me regarde comme s'il hésitait à poursuivre :

— Et alors ? l'encouragé-je, de plus en plus intrigué.

Son regard triste et myope s'emplit d'une candeur infinie.

— Alors, mon jeune ami, j'ai donc passé deux mois dans cet hôpital pour ne regagner mon logis que ce matin. Auparavant j'ai fait un détour afin d'aller récupérer mes petits compagnons, ajoute-t-il en désignant les greffiers. Nous arrivons tous à la maison, joyeux de nous retrouver chez nous, j'entre, et, aussitôt, quelque chose me surprend…

— Quoi ? croassé-je.

Il lève la main, comme il le faisait Jadis pour réclamer le silence.

— Quelque chose d'indéfinissable, qui m'a troublé.

— Quoi ? coassé-je, espérant confusément que ma voix de grenouille serait plus efficace que ma voix de corbeau.

— Un tic-tac, répond-il du tac au tac.

— Une bombe ? espéré-je.

A l'extrémité des manchettes, ses doigts pianotent, nerveusement.

— Non : la pendule !

Il me montre une petite pendulette neuchâteloise sur la cheminée.

— Et alors ? béé-je.

Son regard se charge de commisération.

— On fait carrière dans la police et un pareil prodige vous laisse indifférent ? ricane Morpion.

— Mais- quel prodige ?

— Cette pendule a besoin d'être remontée tous les huit jours. Mon appartement est resté fermé deux mois. Or la pendule marchait lorsque je suis revenu…

— Vous pensez que quelqu'un s'est introduit chez vous en votre absence ?

— Ça m'en a tout l'air. Vous voyez une autre explication, vous ?

— Peut-être, riposté-je. Supposez que votre pendule se soit arrêtée peu de temps après votre départ, puis qu'à votre retour elle se soit remise en route…

Il hausse ses chétives épaules.

— Mon jeune ami, vous êtes en train de douter de la Suisse, et moi de la police. Ainsi, vous vous figurez que ma jolie pendule cesse de fonctionner dès que j'ai le dos tourné pour se hâter de reprendre sa besogne au moment ou je rouvre ma porte ? C'est drôle !

Il me cavale, Morpion, avec son ironie à la graisse de règle à calculer.

— Écoutez, Prof, attaqué-je, il arrive que des horloges s'arrêtent, non ? Supposez que la vôtre ait eu un petit pépin. Elle steppe.

Puis vous rentrez, vos chats qui sont très vadrouilleurs, d'après ce que je vois, la bousculent en rentrant et ce léger choc suffit pour la refaire partir. L'argument est valable !

— Non !

— Non ?

— Non !

— Pourquoi ? comme disent les Anglais lorsqu'ils refusent d'employer le mot because ?

Les petits yeux de Morpion se mettent à friser.

— Parce que ma pendule indiquait l'heure exacte, mon jeune ami. Avouez que le hasard pousserait ses fantaisies un peu loin en faisant redémarrer une pendule arrêtée à l'heure juste ?

Ça me cloue le bec.

— Certainement, monsieur le Professeur. Alors prenons le problème autrement. Quelqu'un est venu ici en votre absence. La concierge peut-être ?

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