Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

Villefort regarda un instant la tasse d’un air sombre, puis, tout à coup, il la prit avec un mouvement nerveux, et avala d’un seul trait le breuvage qu’elle contenait. On eût dit qu’il espérait que ce breuvage était mortel et qu’il appelait la mort pour le délivrer d’un devoir qui lui commandait une chose bien plus difficile que de mourir. Puis il se leva et se promena dans son cabinet avec une espèce de sourire qui eût été terrible à voir si quelqu’un l’eût regardé.

Le chocolat était inoffensif, et M. de Villefort n’éprouva rien.

L’heure du déjeuner arrivée, M. de Villefort ne parut point à table. Le valet de chambre rentra dans le cabinet.

«Madame fait prévenir monsieur, dit-il, que onze heures viennent de sonner et que l’audience est pour midi.

– Eh bien, fit Villefort, après?

– Madame a fait sa toilette: elle est toute prête, et demande si elle accompagnera monsieur?

– Où cela?

– Au Palais.

– Pour quoi faire?

– Madame dit qu’elle désire beaucoup assister à cette séance.

– Ah! dit Villefort avec un accent presque effrayant, elle désire cela!»

Le domestique recula d’un pas et dit:

«Si monsieur désire sortir seul, je vais le dire à madame.»

Villefort resta un instant muet; il creusait avec ses ongles sa joue pâle sur laquelle tranchait sa barbe d’un noir d’ébène.

«Dites à madame, répondit-il enfin, que je désire lui parler, et que je la prie de m’attendre chez elle.

– Oui, monsieur.

– Puis revenez me raser et m’habiller.

– À l’instant.»

Le valet de chambre disparut en effet pour reparaître, rasa Villefort et l’habilla solennellement de noir.

Puis lorsqu’il eut fini:

«Madame a dit qu’elle attendait monsieur aussitôt sa toilette achevée, dit-il.

– J’y vais.»

Et Villefort, les dossiers sous le bras, son chapeau à la main, se dirigea vers l’appartement de sa femme.

À la porte, il s’arrêta un instant et essuya avec son mouchoir la sueur qui coulait sur son front livide.

Puis il poussa la porte.

Mme de Villefort était assise sur une ottomane, feuilletant avec impatience des journaux et des brochures que le jeune Édouard s’amusait à mettre en pièces avant même que sa mère eût eu le temps d’en achever la lecture. Elle était complètement habillée pour sortir; son chapeau l’attendait posé sur un fauteuil; elle avait mis ses gants.

«Ah! vous voici, monsieur, dit-elle de sa voix naturelle et calme; mon Dieu! êtes-vous assez pâle, monsieur! Vous avez donc encore travaillé toute la nuit? Pourquoi donc n’êtes-vous pas venu déjeuner avec nous? Eh bien, m’emmenez-vous, ou irai-je seule avec Édouard?»

Mme de Villefort avait, comme on le voit, multiplié les demandes pour obtenir une réponse; mais à toutes ces demandes M. de Villefort était resté froid et muet comme une statue.

«Édouard, dit Villefort en fixant sur l’enfant un regard impérieux, allez jouer au salon, mon ami, il faut que je parle à votre mère.»

Mme de Villefort, voyant cette froide contenance, ce ton résolu, ces apprêts préliminaires étranges, tressaillit.

Édouard avait levé la tête, avait regardé sa mère; puis, voyant qu’elle ne confirmait point l’ordre de M. de Villefort, il s’était remis à couper la tête à ses soldats de plomb.

«Édouard! cria M. de Villefort si rudement que l’enfant bondit sur le tapis, m’entendez-vous? allez!»

L’enfant, à qui ce traitement était peu habituel, se releva debout et pâlit; il eût été difficile de dire si c’était de colère ou de peur.

Son père alla à lui, le prit par le bras, et le baisa au front.

«Va, dit-il, mon enfant, va!»

Édouard sortit.

M. de Villefort alla à la porte et la ferma derrière lui au verrou.

«Ô mon Dieu! fit la jeune femme en regardant son mari jusqu’au fond de l’âme et en ébauchant un sourire que glaça l’impassibilité de Villefort, qu’y a-t-il donc?

– Madame, où mettez-vous le poison dont vous vous servez d’habitude?» articula nettement et sans préambule le magistrat, placé entre sa femme et la porte.

Mme de Villefort éprouva ce que doit éprouver l’alouette lorsqu’elle voit le milan resserrer au-dessus de sa tête ses cercles meurtriers.

Un son rauque, brisé, qui n’était ni un cri ni un soupir, s’échappa de la poitrine de Mme de Villefort qui pâlit jusqu’à la lividité.

«Monsieur, dit-elle, je… je ne comprends pas.»

Et comme elle s’était soulevée dans un paroxysme de terreur, dans un second paroxysme plus fort sans doute que le premier, elle se laissa retomber sur les coussins du sofa.

«Je vous demandais, continua Villefort d’une voix parfaitement calme, en quel endroit vous cachiez le poison à l’aide duquel vous avez tué mon beau-père M. de Saint-Méran, ma belle-mère, Barrois et ma fille Valentine.

– Ah! monsieur, s’écria Mme de Villefort en joignant les mains, que dites-vous?

– Ce n’est point à vous de m’interroger, mais de répondre.

– Est-ce au mari ou au juge? balbutia Mme de Villefort.

– Au juge, madame! au juge!»

C’était un spectacle effrayant que la pâleur de cette femme, l’angoisse de son regard, le tremblement de tout son corps.

«Ah! monsieur! murmura-t-elle, ah! monsieur!… et ce fut tout.

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