Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

M. de Villefort n’avait point revu le vieillard depuis le matin de cette mort. Toute la maison avait été renouvelée: un autre valet de chambre avait été engagé pour lui, un autre serviteur pour Noirtier; deux femmes étaient entrées au service de Mme de Villefort: tous, jusqu’au concierge et au cocher, offraient de nouveaux visages qui s’étaient dressés pour ainsi dire entre les différents maîtres de cette maison maudite et avaient intercepté les relations déjà assez froides qui existaient entre eux. D’ailleurs les assises s’ouvraient dans trois jours, et Villefort, enfermé dans son cabinet, poursuivait avec une fiévreuse activité la procédure entamée contre l’assassin de Caderousse. Cette affaire, comme toutes celles auxquelles le comte de Monte-Cristo se trouvait mêlé, avait fait grand bruit dans le monde parisien. Les preuves n’étaient pas convaincantes, puisqu’elles reposaient sur quelques mots écrits par un forçat mourant, ancien compagnon de bagne de celui qu’il accusait, et qui pouvait accuser son compagnon par haine ou par vengeance: la conscience seule du magistrat s’était formée; le procureur du roi avait fini par se donner à lui-même cette terrible conviction que Benedetto était coupable, et il devait tirer de cette victoire difficile une de ces jouissances d’amour-propre qui seules réveillaient un peu les fibres de son cœur glacé.

Le procès s’instruisait donc, grâce au travail incessant de Villefort, qui voulait en faire le début des prochaines assises; aussi avait-il été forcé de se celer plus que jamais pour éviter de répondre à la quantité prodigieuse de demandes qu’on lui adressait à l’effet d’obtenir des billets d’audience.

Et puis si peu de temps s’était écoulé depuis que la pauvre Valentine avait été déposée dans la tombe, la douleur de la maison était encore si récente, que personne ne s’étonnait de voir le père aussi sévèrement absorbé dans son devoir, c’est-à-dire dans l’unique distraction qu’il pouvait trouver à son chagrin.

Une seule fois, c’était le lendemain du jour où Benedetto avait reçu cette seconde visite de Bertuccio, dans laquelle celui-ci lui avait dû nommer son père, le lendemain de ce jour, qui était le dimanche, une seule fois, disons-nous, Villefort avait aperçu son père: c’était dans un moment où le magistrat, harassé de fatigue, était descendu dans le jardin de son hôtel, et sombre, courbé sous une implacable pensée, pareil à Tarquin abattant avec sa badine les têtes des pavots les plus élevés, M. de Villefort abattait avec sa canne les longues et mourantes tiges des roses trémières qui se dressaient le long des allées comme les spectres de ces fleurs si brillantes dans la saison qui venait de s’écouler.

Déjà plus d’une fois il avait touché le fond du jardin, c’est-à-dire cette fameuse grille donnant sur le clos abandonné, revenant toujours par la même allée, reprenant sa promenade du même pas et avec le même geste, quand ses yeux se portèrent machinalement vers la maison, dans laquelle il entendait jouer bruyamment son fils, revenu de la pension pour passer le dimanche et le lundi près de sa mère.

Dans ce moment il vit à l’une des fenêtres ouvertes M. Noirtier, qui s’était fait rouler dans son fauteuil jusqu’à cette fenêtre, pour jouir des derniers rayons d’un soleil encore chaud qui venaient saluer les fleurs mourantes des volubilis et les feuilles rougies des vignes vierges qui tapissaient le balcon.

L’œil du vieillard était rivé pour ainsi dire sur un point que Villefort n’apercevait qu’imparfaitement. Ce regard de Noirtier était si haineux, si sauvage, si ardent d’impatience, que le procureur du roi, habile à saisir toutes les impressions de ce visage qu’il connaissait si bien, s’écarta de la ligne qu’il parcourait pour voir sur quelle personne tombait ce pesant regard.

Alors il vit, sous un massif de tilleuls aux branches déjà presque dégarnies, Mme de Villefort qui, assise, un livre à la main, interrompait de temps à autre sa lecture pour sourire à son fils ou lui renvoyer sa balle élastique qu’il lançait obstinément du salon dans le jardin.

Villefort pâlit, car il comprenait ce que voulait le vieillard.

Noirtier regardait toujours le même objet; mais soudain son regard se porta de la femme au mari, et ce fut Villefort lui-même qui eut à subir l’attaque de ces yeux foudroyants qui, en changeant d’objet, avaient aussi changé de langage, sans toutefois rien perdre de leur menaçante expression.

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