Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Au nom de notre enfant! Ah! pour notre enfant, laissez-moi vivre!

– Non, non, non! vous dis-je; un jour, si je vous laissais vivre, vous le tuerez peut-être aussi comme les autres.

– Moi! tuer mon fils! s’écria cette mère sauvage en s’élançant vers Villefort; moi! tuer mon Édouard!… ah! ah!»

Et un rire affreux, un rire de démon, un rire de folle acheva la phrase et se perdit dans un râle sanglant.

Mme de Villefort était tombée aux pieds de son mari.

Villefort s’approcha d’elle.

«Songez-y, madame, dit-il, si à mon retour justice n’est pas faite, je vous dénonce de ma propre bouche et je vous arrête de mes propres mains.»

Elle écoutait, pantelante, abattue, écrasée; son œil seul vivait en elle et couvait un feu terrible.

«Vous m’entendez, dit Villefort; je vais là-bas requérir la peine de mort contre un assassin… Si je vous retrouve vivante, vous coucherez ce soir à la Conciergerie.»

Mme de Villefort poussa un soupir, ses nerfs se détendirent, elle s’affaissa brisée sur le tapis.

Le procureur du roi parut éprouver un mouvement de pitié, il la regarda moins sévèrement, et s’inclinant légèrement devant elle:

«Adieu, madame, dit-il lentement; adieu!»

Cet adieu tomba comme le couteau mortel sur Mme de Villefort. Elle s’évanouit.

Le procureur du roi sortit, et, en sortant, ferma la porte à double tour.

<p>CIX. Les assises</p>

L’affaire Benedetto, comme on disait alors au Palais et dans le monde, avait produit une énorme sensation. Habitué du Café de Paris, du boulevard de Gand et du Bois de Boulogne, le faux Cavalcanti, pendant qu’il était resté à Paris et pendant les deux ou trois mois qu’avait duré sa splendeur, avait fait une foule de connaissances. Les journaux avaient raconté les diverses stations du prévenu dans sa vie élégante et dans sa vie de bagne; il en résultait la plus vive curiosité chez ceux-là surtout qui avaient personnellement connu le prince Andrea Cavalcanti; aussi ceux-là surtout étaient-ils décidés à tout risquer pour aller voir sur le banc des accusés M. Benedetto, l’assassin de son camarade de chaîne.

Pour beaucoup de gens, Benedetto était, sinon une victime, du moins une erreur de la justice: on avait vu M. Cavalcanti père à Paris, et l’on s’attendait à le voir de nouveau apparaître pour réclamer son illustre rejeton. Bon nombre de personnes qui n’avaient jamais entendu parler de la fameuse polonaise avec laquelle il avait débarqué chez le comte de Monte-Cristo s’étaient senties frappées de l’air digne, de la gentilhommerie et de la science du monde qu’avait montrés le vieux patricien, lequel, il faut le dire, semblait un seigneur parfait toutes les fois qu’il ne parlait point et ne faisait point d’arithmétique.

Quant à l’accusé lui-même, beaucoup de gens se rappelaient l’avoir vu si aimable, si beau, si prodigue, qu’ils aimaient mieux croire à quelque machination de la part d’un ennemi comme on en trouve en ce monde, où les grandes fortunes élèvent les moyens de faire le mal et le bien à la hauteur du merveilleux, et la puissance à la hauteur de l’inouï.

Chacun accourut donc à la séance de la cour d’assises, les uns pour savourer le spectacle, les autres pour le commenter. Dès sept heures du matin on faisait queue à la grille, et une heure avant l’ouverture de la séance la salle était déjà pleine de privilégiés.

Avant l’entrée de la cour, et même souvent après, une salle d’audience, les jours de grands procès, ressemble fort à un salon où beaucoup de gens se reconnaissent, s’abordent quand ils sont assez près les uns des autres pour ne pas perdre leurs places, se font des signes quand ils sont séparés par un trop grand nombre de populaire, d’avocats et de gendarmes.

Il faisait une de ces magnifiques journées d’automne qui nous dédommagent parfois d’un été absent ou écourté; les nuages que M. de Villefort avait vus le matin rayer le soleil levant s’étaient dissipés comme par magie, et laissaient luire dans toute sa pureté un des derniers, un des plus doux jours de septembre.

Beauchamp, un des rois de la presse, et par conséquent ayant son trône partout, lorgnait à droite et à gauche. Il aperçut Château-Renaud et Debray qui venaient de gagner les bonnes grâces d’un sergent de ville, et qui l’avaient décidé à se mettre derrière eux au lieu de les masquer, comme c’était son droit. Le digne agent avait flairé le secrétaire du ministre et le millionnaire; il se montra plein d’égards pour ses nobles voisins et leur permit même d’aller rendre visite à Beauchamp, en leur promettant de leur garder leurs places.

«Eh bien, dit Beauchamp, nous venons donc voir notre ami?

– Eh! mon Dieu, oui, répondit Debray: ce digne prince! Que le diable soit des princes italiens, va!

– Un homme qui avait eu Dante pour généalogiste, et qui remontait à La Divine Comédie!

– Noblesse de corde, dit flegmatiquement Château-Renaud.

– Il sera condamné, n’est-ce pas? demanda Debray à Beauchamp.

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