Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Un lâche, continua Philippe, a voulu que le nom de Taverney… le mien… le vôtre, monsieur, fût souillé d’une tache indélébile… Voyons! où est votre épée de jeune homme pour répandre un peu de sang? La chose en vaut-elle la peine?

– Monsieur Philippe…

– Ah! ne craignez rien; je n’accuse personne, moi; je ne connais personne… Le crime s’est tramé dans l’ombre, exécuté dans l’ombre… le résultat disparaîtra dans l’ombre aussi, je le veux! moi qui entends à ma mode la gloire de ma maison.

– Mais comment savez-vous?… s’écria le baron revenu de sa stupeur par l’appât d’une infâme ambition, d’un ignoble espoir; à quel signe reconnaissez-vous?…

– C’est ce que ne demandera personne de ceux qui pourraient entrevoir ma sœur, votre fille, dans quelques mois, monsieur le baron!

– Mais alors, Philippe, s’écria le vieillard avec des yeux pleins de joie, alors la fortune et la gloire de la maison ne sont pas évanouies; alors nous triomphons!

– Alors… vous êtes bien réellement l’homme que je pensais, dit Philippe avec un suprême dégoût; vous vous êtes trahi vous-même, et vous venez de manquer d’esprit devant un juge, après avoir manqué de cœur devant votre fils.

– Insolent!

– Assez! répliqua Philippe. Craignez d’éveiller, en parlant si haut, l’ombre, hélas! trop insensible de ma mère, qui, si elle vivait, eût veillé sur sa fille.

Le baron baissa les paupières devant l’éblouissante clarté qui jaillissait des yeux de son fils.

– Ma fille, reprit-il après un moment, ne me quittera pas sans ma volonté.

– Ma sœur, dit Philippe, ne vous reverra jamais, mon père.

– Est-ce elle qui dit cela?

– C’est elle qui m’envoie vous le déclarer.

Le baron essuya d’une main tremblante ses lèvres blanches et humides.

– Soit! dit-il.

Puis, haussant les épaules:

– J’ai eu du malheur en enfants, s’écria-t-il: un sot et une brute.

Philippe ne répliqua rien.

– Bon, bon, continua Taverney; je n’ai plus besoin de vous; allez… si la thèse est récitée.

– J’avais encore deux choses à vous dire, monsieur.

– Dites.

– La première est celle-ci: le roi a donné, à vous, un écrin de perles…

– À votre sœur, monsieur…

– À vous, monsieur… D’ailleurs, peu importe… Ma sœur ne porte point de joyaux pareils… Ce n’est pas une prostituée que mademoiselle de Taverney; elle vous prie de remettre l’écrin à qui l’a donné; ou, comme vous craindriez de désobliger Sa Majesté, qui a tant fait pour notre famille, de garder l’écrin chez vous.

Philippe tendit l’écrin à son père. Celui-ci le prit, l’ouvrit, regarda les perles et le jeta sur un chiffonnier.

– Après? dit-il.

– Ensuite, monsieur, comme nous ne sommes pas riches, puisque vous avez engagé ou dépensé jusqu’au bien de notre mère, ce dont je ne vous fais pas reproche, à Dieu ne plaise…

– Il vaudrait mieux, dit le baron en grinçant les dents.

– Mais, enfin, comme nous n’avons que Taverney qui vienne de cette succession modique, nous vous prions de choisir entre Taverney et ce petit hôtel où nous sommes. Habitez l’un, nous nous retirerons dans l’autre.

Le baron froissa son jabot de dentelles avec une fureur qui ne se trahit que par l’agitation de ses doigts, la moiteur de son front, le frémissement de ses lèvres; Philippe même ne les remarqua pas. Il avait détourné la tête.

– J’aime mieux Taverney, répliqua le baron.

– Alors, nous garderons l’hôtel.

– Comme vous voudrez.

– Quand partirez-vous?

– Ce soir même… Non, tout de suite.

Philippe s’inclina.

– À Taverney, continua le baron, on paraît roi avec trois mille livres de rente… Je serai deux fois roi.

Il étendit la main vers le chiffonnier pour prendre l’écrin, qu’il serra dans sa poche.

Puis il se dirigea vers la porte.

Tout à coup, revenant sur ses pas, avec un atroce sourire:

– Philippe, dit-il, je vous permets de signer de notre nom le premier traité de philosophie que vous publierez. Quant à Andrée… pour son premier ouvrage… conseillez-lui de l’appeler Louis ou Louise: c’est un nom qui porte bonheur.

Et il sortit en ricanant. Philippe, l’œil sanglant, le front en feu, serra de sa main la garde de son épée, en murmurant:

– Mon Dieu! donnez-moi la patience, accordez-moi l’oubli!

<p id="_Toc103006339">Chapitre CLI Le cas de conscience</p>

Après avoir transcrit, avec ce soin méticuleux qui le caractérisait, quelques pages de ses Rêveries d’un promeneur solitaire, Rousseau venait de terminer un frugal déjeuner.

Quoiqu’une retraite lui eût été offerte par M. de Girardin dans les délicieux jardins d’Ermenonville, Rousseau, hésitant à se soumettre à l’esclavage des grands, comme il disait dans sa monomanie misanthropique, habitait encore ce petit logement de la rue Plâtrière que nous connaissons.

De son côté, Thérèse, ayant achevé de mettre en ordre le petit ménage, venait de prendre son panier pour aller à la provision.

Il était neuf heures du matin.

La ménagère, selon son habitude, vint demander à Rousseau ce qu’il préférait pour le dîner du jour.

Rousseau sortit de sa rêverie, leva lentement la tête et regarda Thérèse comme fait un homme à moitié éveillé.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза