Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

Balsamo continuait de garder le silence et semblait attendre un éclaircissement aux paroles du jeune homme, sans avoir la force ni la curiosité de le demander.

– Je vous tiens, continua Philippe, je vous tiens enfin, et nous allons nous expliquer, s’il vous plaît; mais veuillez d’abord congédier cet homme.

Et, du doigt, Philippe désignait Fritz, qui venait de soulever la portière comme pour demander à son maître ses derniers ordres à l’égard de l’importun visiteur.

Balsamo attacha sur Philippe un regard dont le but était de pénétrer ses intentions; mais, en se retrouvant en face d’un homme son égal par le rang et par la distinction, Philippe avait repris son calme et sa force. Il fut impénétrable.

Alors Balsamo, d’un simple mouvement de la tête, ou plutôt des sourcils, congédia Fritz, et les deux hommes s’assirent en face l’un de l’autre, Philippe le dos tourné à la cheminée, Balsamo le coude appuyé sur un guéridon.

– Parlez vite et clairement, s’il vous plaît, monsieur, dit Balsamo; car je ne vous écoute que par bienveillance et, je vous en préviens, je me lasserais promptement.

– Je parlerai comme je dois, monsieur, et autant que je le jugerai convenable, dit Philippe; et, sauf votre bon plaisir, je vais commencer par une interrogation.

À ce mot, un froncement terrible de sourcils dégagea des yeux de Balsamo un éclair électrique.

Ce mot lui rappelait de tels souvenirs, que Philippe eût frémi s’il avait su ce qu’il remuait au fond du cœur de cet homme.

Cependant, après un moment de silence employé à reprendre son empire sur lui-même:

– Interrogez, dit Balsamo.

– Monsieur, répondit Philippe, vous ne m’avez jamais bien expliqué l’emploi de votre temps pendant cette fameuse nuit du 31 mai, à partir de ce moment où vous enlevâtes ma sœur du milieu des mourants et des morts qui encombraient la place Louis XV?

– Qu’est-ce que cela signifie? demanda Balsamo.

– Cela signifie, monsieur le comte, que toute votre conduite, cette nuit-là, m’a été et m’est plus que jamais suspecte.

– Suspecte?

– Oui, et que, selon toute probabilité, elle n’a point été celle d’un homme d’honneur.

– Monsieur, dit Balsamo, je ne vous comprends pas; vous devez remarquer que ma tête est fatiguée, affaiblie, et que cette faiblesse me cause naturellement des impatiences.

– Monsieur! s’écria à son tour Philippe, irrité du ton plein de hauteur et de calme à la fois que Balsamo gardait avec lui.

– Monsieur, continua Balsamo du même ton, depuis que j’ai eu l’honneur de vous voir, j’ai éprouvé un grand malheur; ma maison a brûlé en partie, et divers objets précieux, très précieux, entendez-vous bien, ont été perdus pour moi; il en résulte que j’ai conservé de ce chagrin quelque égarement. Soyez donc fort clair, je vous prie, ou bien je prendrai congé de vous immédiatement.

– Oh! non pas, monsieur, dit Philippe, non pas, vous ne prendrez point congé de moi aussi facilement que vous le dites; je respecterai vos chagrins si vous vous montrez compatissant aux miens; à moi aussi, monsieur, il est arrivé un malheur bien grand, bien plus grand qu’à vous, j’en suis sûr.

Balsamo sourit de ce sourire désespéré que Philippe avait déjà vu errer sur ses lèvres.

– Moi, monsieur, continua Philippe, j’ai perdu l’honneur de ma famille.

– Eh bien, monsieur, répliqua Balsamo, que puis-je faire à ce malheur, moi?

– Ce que vous pouvez y faire? s’écria Philippe les yeux étincelants.

– Sans doute.

– Vous pouvez me rendre ce que j’ai perdu, monsieur!

– Ah çà! vous êtes fou, monsieur! s’écria Balsamo.

Et il étendit sa main vers la sonnette.

Mais il fit ce geste si mollement et avec si peu de colère que le bras de Philippe l’arrêta aussitôt.

– Je suis fou? s’écria Philippe d’une voix saccadée. Mais ne comprenez-vous donc pas qu’il s’agit de ma sœur, de ma sœur que vous avez tenue évanouie dans vos bras, le 31 mai; de ma sœur que vous avez conduite dans une maison, selon vous honorable, selon moi infâme; de ma sœur, en un mot, dont je vous demande l’honneur l’épée à la main?

Balsamo haussa les épaules.

– Eh! bon Dieu! murmura-t-il, que de détours pour en arriver à une chose si simple!

– Malheureux! s’écria Philippe.

– Quelle déplorable voix vous avez, monsieur! dit Balsamo avec la même impatience triste; vous m’assourdissez. Voyons, ne venez-vous pas de me dire que j’avais insulté votre sœur?

– Oui, lâche!

– Encore un cri et une insulte inutiles, monsieur; qui diable vous a donc dit que j’eusse insulté votre sœur?

Philippe hésita; le ton avec lequel Balsamo avait prononcé ces paroles le frappait de stupeur. C’était le comble de l’impudence, ou c’était le cri d’une conscience pure.

– Qui me l’a dit? reprit le jeune homme.

– Oui, je vous le demande.

– C’est ma sœur elle-même, monsieur.

– Eh bien, monsieur, votre sœur…

– Vous alliez dire? s’écria Philippe avec un geste menaçant.

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