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La nuit, pendant que mon corps dormait, j’agrandissais ma perception de moi-même pour inclure tout Centre-Vox. Je modélisais la galaxie vieillissante et ma place dans celle-ci. Je récupérais des filets d’informations dans l’écheveau toujours plus complexe de l’écologie des Hypothétiques. Des étoiles encore jeunes quelques instants plus tôt épuisaient leur combustible nucléaire et se réduisaient à une braise ardente : naines brunes, étoiles à neutrons, singularités dans leurs tombes sans fond. Comparativement au passage du temps dans l’univers extérieur, ma conscience était vaste et lente. Voilà ce que les Hypothétiques auraient véritablement vu avec une conscience unitaire, me disais-je.

Les signaux circulaient à la vitesse de la lumière d’une étoile à l’autre, aussi rapidement qu’un neurone communiquait avec son voisin dans le cerveau mortel d’Isaac Dvali. Je me suis mis à percevoir la galaxie comme une entité complète et non comme un simple ensemble d’oasis stellaires séparées par des années-lumière de vide. Les réseaux des Hypothétiques les traversaient à la manière des hyphes de champignon dans un arbre pourri. Ma vision nocturne me montrait cette activité sous forme de fils de lumière multicolore, révélant une structure galactique complexe sans cela invisible. Des anneaux-mondes prospères se distinguaient comme des chaînes fermées d’atomes de carbone dans une molécule organique. Des anneaux anciens, morts, frissonnaient comme de pâles fantômes pendant que les machines des Hypothétiques qui leur étaient associées mouraient par manque de ressources, ou s’éparpillaient vers les pépinières stellaires avoisinantes.

La galaxie vivante vibrait d’épuisement et de regain. De nouvelles technologies et sources d’énergie étaient découvertes, exploitées, partagées.

Et tandis que l’univers vieillissait et se dilatait, d’autres galaxies, déjà immensément lointaines, fuyaient vers les limites de la perceptibilité. Mais même ces structures distantes et à peine discernables avaient commencé à révéler une vie cachée, des émissions de signaux parasites laissant penser qu’elles avaient développé leurs propres réseaux de style Hypothétiques. Elles chantaient comme des voix inintelligibles dans le noir, de moins en moins audibles.

Il était inévitable que j’en vienne à abandonner mon corps mortel pour vivre exclusivement dans les processeurs du Coryphée et dans le nuage de nanotechnologie des Hypothétiques qui entourait Centre-Vox. Mais je voulais continuer à pouvoir me déplacer physiquement dans la ville. Aussi, tout en laissant le corps d’Isaac Dvali mourir de faim dans un coma autoinduit, ai-je confectionné un substitut plus résistant, un corps robotique équipé de sens analogues, dans lequel je pouvais instancier ma conscience. Une fois ce projet achevé, j’ai pris dans mes bras non organiques les restes de mon moi organique que j’ai emportés dans une station de recyclage pour que les précieuses protéines du cadavre nourrissent les circuits fermés biochimiques de Centre-Vox. Je n’ai ressenti ni peine ni remords, et pourquoi en aurais-je eu ? J’étais ce que j’étais devenu. La viande fragile dans laquelle le message de moi-même avait d’abord voyagé jusqu’aux étoiles, l’ancienne galaxie somatique dans ses limites de chair, j’ai été heureux d’en nourrir les forêts de la ville.

Centre-Vox n’était pas un système tout à fait autosuffisant. Cela m’obligeait à récupérer des oligo-éléments dans des nébuleuses stellaires pour remplacer ce qui ne pouvait être recyclé. Bien entendu, à long terme, Centre-Vox était tout aussi mortel que n’importe quelle matière baryonique, même dans sa forteresse temporelle. Il suffisait d’attendre.

Je suis allé au-devant de la fin de toutes choses.

Centre-Vox tombait en une longue orbite elliptique autour du cœur galactique. J’ai commencé à diviser ma conscience en saccades, des moments de perception séparés par de longues périodes d’inactivité, afin que le temps semble passer plus rapidement, y compris à l’intérieur de la bulle temporelle entourant Centre-Vox.

L’entropie, sous la forme de liaisons chimiques défaites, de défaillances irréparables du système, de désintégration radioactive, rongeait les organes vitaux de la ville. Maladie et sécheresse massacraient les forêts et les décombres ont commencé à obstruer les passages publics. Les robots de maintenance mouraient faute d’entretien. Les régulateurs atmosphériques – les poumons de la ville – souffraient et finissaient par s’arrêter. L’air de Centre-Vox était toxique, même s’il n’y avait personne pour le respirer.

Protégés par de multiples redondances, les processeurs quantiques du Coryphée continuaient à fonctionner. Mais cela aussi n’était que temporaire.

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