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« J’ai voulu en savoir davantage sur Orrin Mather, m’a-t-il dit. Il est né avec une espèce de lésion cérébrale. Il a vécu la plus grande partie de sa vie avec sa sœur aînée en Caroline du Nord. Il a été mêlé à beaucoup de bagarres, il buvait pas mal et il a fini par partir vers l’ouest. Il a braqué quelques magasins quand il s’est retrouvé à court d’argent et a envoyé comme ça un type à l’hôpital. Ce n’était pas un saint, loin de là. Mais je ne savais rien de tout ça quand j’ai fait ce que j’ai fait. Vraiment, c’était juste quelqu’un que la vie n’avait pas gâté. Dans d’autres circonstances, il aurait pu être différent. »

Ce qu’on pouvait dire de chacun d’entre nous, bien entendu.

J’ai répondu à Turk que s’il écrivait ce dont il se souvenait sur Orrin Mather et Centre-Vox, je garderai ces mots en lieu sûr, avec ceux d’Allison, tant que survivraient Vox et l’écologie des Hypothétiques.

« Tu crois que ça changera quelque chose ?

— Non, sauf pour nous. »

Il a dit qu’il y réfléchirait.

Ces gens, Allison et Turk, étaient mes amis, les seuls véritables amis que j’ai jamais eus, et cela me désolait de devoir les quitter un jour. Je voulais garder quelque chose d’eux.

L’écologie des Hypothétiques était une forêt, luxuriante et stupide, mais pas forcément inhabitée pour autant. On aurait pu dire qu’elle était hantée.

J’en avais déjà eu quelques indications. Je n’étais pas le premier humain à accéder à la mémoire des Hypothétiques, même si je représentais sûrement un cas unique. Les Martiens s’étaient sporadiquement efforcés d’établir de telles connexions dans les années précédant la suppression par le mouvement bionormatif de toutes les expériences de ce genre. Le premier être humain sur Terre à y arriver, Jason Lawton, avait survécu à sa propre mort en colonisant l’espace computationnel des Hypothétiques… peut-être survivait-il toujours à l’intérieur, mais sa capacité à agir, son agence, avait été très limitée. (Il m’est venu à l’idée que c’était plus ou moins la définition d’un fantôme.)

Et un grand nombre des civilisations non humaines qui nous avaient précédés avaient réussi par leurs propres moyens à pénétrer dans la forêt.

Elles s’y trouvaient encore, bien après le déclin et la disparition de leurs civilisations physiques. J’avais du mal à les détecter, leur activité étant dissimulée pour empêcher les réseaux hôtes des Hypothétiques de les identifier et de les détruire. Elles existaient sous forme d’amas d’informations opérationnelles – de mondes virtuels – qui s’exécutaient dans les protocoles de collecte de données de l’écosystème galactique.

Je sentais leur présence, mais sans distinguer grand-chose d’autre sur elles. Le contenu de ces amas était distribué de manière fractale et impénétrablement complexe. Il y avait néanmoins là une authentique agence… non seulement une conscience, mais une activité délibérée qui modifiait les systèmes externes.

Je n’étais donc pas seul !… Sauf que ces virtualités étrangères étaient si bien défendues que je ne trouvais aucun moyen de les contacter, et si vieilles et inhumaines que je n’aurais sans doute rien compris de ce qu’elles pourraient avoir à dire.

Presque un an après notre conversation à ce sujet, Turk m’a tendu, sans commentaire, une liasse de papiers constituant son récit de ce qui lui était arrivé à Centre-Vox. (Cela commençait ainsi : Je m’appelle Turk Findley et je vais vous raconter ce que j’ai vécu longtemps après la disparition de tout ce que j’aimais ou connaissais.) Je l’ai remercié gravement et n’ai rien dit de plus.

Nous approchions de l’étoile d’une planète de l’Anneau des Mondes. J’ai ralenti Centre-Vox, transférant l’énergie cinétique dans les mines d’énergie de ce nouveau système (ce qui a augmenté la température de son soleil d’une imperceptible fraction de degré), et commencé à réduire le différentiel temporel entre Vox et l’univers extérieur. Quand nous avons croisé l’orbite de la planète la plus éloignée, j’ai montré à Turk et à Allison une capture d’image que j’avais réalisée : l’étoile, au disque encore à peine perceptible, vue à travers le pourtour d’une géante gazeuse glacée en orbite bien au-delà de la zone habitable. Au fond de ce système stellaire, mais encore bien trop loin pour être visible, sinon comme un minuscule reflet, il y avait la planète que ses habitants humains appelaient (ou avaient appelé) Port Nuage (dans une douzaine de langues, aucune d’elles n’étant l’anglais.)

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