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Je détestais les Voxais – comme ils agissaient collectivement, je pouvais les détester collectivement – à cause de leurs superstitions limbiques profondément enracinées, et parce qu’ils m’avaient tiré de l’indifférence de la mort pour me ramener dans la douleur de mon corps physique. Mais je ne pouvais pas détester Turk Findley ou la femme qui en était venue à s’appeler Allison Pearl.

Ils étaient brisés et imparfaits, tout comme moi. Comme moi, la volonté de Vox les avait créés ou faits venir. Et comme moi, ils s’étaient révélés davantage et moins que ce à quoi s’attendait Vox.

J’avais fait la connaissance de Turk dans le désert d’Équatoria, avant que lui ou moi traversions l’Arc temporel. Par ignorance ou par dépit, et pas tout à fait par accident, Turk avait autrefois tué un homme, et il avait bâti son existence sur les fondations de cette culpabilité. Ses meilleures actions étaient des gestes d’expiation. Il acceptait ses échecs comme une espèce de punition. Il avait soif d’un pardon qu’il ne pourrait jamais obtenir et cela l’a horrifié que le Coryphée lui propose ce pardon. Accepter celui-ci aurait déshonoré l’homme que Turk avait tué (il s’appelait Orrin Mather), et le peuple de Vox, en immergeant tous les sentiments de ce genre dans leur collectivité limbique fermée, s’était rendu monstrueux à ses yeux.

Pour Allison, c’était différent. Elle avait vu le jour sur Vox et sa personnalité artificielle lui avait permis, par un privilège rare, de voir un instant au-delà des frontières et limitations de son existence. En adoptant cette personnalité comme sienne, elle avait réussi à se libérer du Coryphée. Au prix de sa famille, de ses amis et de sa foi.

C’était un marché que je comprenais très bien.

Je voulais que Turk et elle survivent. C’est pour cela que je les avais aidés à s’enfuir. Même si je doutais qu’ils arrivent à traverser l’Arc défaillant. Mais j’avais rendu possible pour eux de vivre un peu plus longtemps, suivant la manière dont on mesure le temps.

Pendant plus d’un millénaire, les machines des Hypothétiques avaient ratissé la surface de la Terre, en désassemblant, en interprétant, en se souvenant des ruines de la civilisation que nous avions bâtie sur notre planète natale.

Il n’y avait pas de volonté consciente derrière cet acte de récupération, pas de pensée, pas d’agence. Ce n’était qu’un comportement apparu au fil du temps, comme la photosynthèse. Les machines rencontrées par Turk sur la plaine antarctique avaient accumulé toute une richesse de données. Les ressources tangibles de la Terre – des éléments rares raffinés par l’activité humaine et concentrés dans les ruines de nos villes – avaient déjà été extraites puis transférées en orbite et au-delà, où s’en étaient régalés les éléments de l’écologie des Hypothétiques qui voyageaient dans l’espace. Les Hypothétiques en avaient vraiment presque terminé avec la Terre.

Mais leurs capteurs (des ensembles orbitaux de dispositifs moins gros que des grains de poussière, reliés en un réseau complexe) avaient détecté Vox dès sa traversée de l’Arc et expédié des récupérateurs terrestres à sa rencontre. Ce que les prophéties voxaises avaient imaginé comme une apothéose n’était qu’une opération de nettoyage : la dernière baie cueillie sur un buisson sec et mourant.

Les Hypothétiques sont arrivés peu après l’évasion de Turk et d’Allison, sous forme d’un nuage de démonteurs gros comme des insectes, efficaces et dotés de dents acérées. Ils ont exsudé des catalyseurs complexes qui ont brisé les liaisons chimiques, ils ont traversé comme de la fumée les parois en train de se dissoudre, suivis par l’atmosphère extérieure toxique. Des bourrasques empoisonnées ont balayé les couloirs et allées de Centre-Vox. Ce qui a été une chance, d’une certaine manière : la plupart des citoyens sont morts d’asphyxie avant de se faire dévorer vivants.

Aurais-je pu les sauver ?

Je détestais les Voxais parce qu’ils avaient aggravé mes souffrances en me ressuscitant, mais je n’aurais pu leur souhaiter un tel sort. J’ai d’ailleurs fait mon possible pour les protéger… mon possible, c’est-à-dire rien.

J’ai eu de la chance de pouvoir me sauver moi-même.

J’étais bien entendu moi-même protégé, au sens le plus élémentaire. Comme Turk, j’avais traversé l’Arc temporel. Pendant dix mille ans, j’avais été un souvenir dans les fonctions archivistiques des Hypothétiques et ils m’avaient recréé dans le désert d’Équatoria parce que c’était le rôle des Arcs temporels : reconstruire fidèlement certaines structures denses en information afin que les données qu’elles contenaient puissent servir à corriger les erreurs qui auraient pu se glisser dans les systèmes locaux. Ce n’était rien d’autre qu’un mécanisme homéostatique.

Les démonteurs ne toucheraient pas mon corps, car j’avais été identifié comme utile. Mais cette protection n’aurait aucune valeur si Vox se décomposait en ses constituants moléculaires. Il fallait que je puisse exercer un contrôle conscient sur l’activité des machines.

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