Читаем Vas-y, Béru ! полностью

— Freddy ! interrompt Valérie avec irritation, le jour où tu auras envie de publier tes mémoires, tu les vendras à Ici-Paris, ça te fera au moins de l'argent. J'aimerais bien rentrer à Evian, demain nous avons du pain sur la planche !

— D'accord, ma jolie ! répond l'interpellé.

Il tire de sa ceinture un pétard long commak, chapeauté du classique silencieux.

— On sort, fait-il, allons, debout commissaire. Si vous n'avez pas encore la Légion d'honneur, je peux vous assurer qu'on va vous la décerner dans pas longtemps à titre posthume.

Je me lève, sans hâte, sans joie, et avec difficulté à cause de mes mains menottées.

— On va faire une balade au clair de lune? je rigole.

— En amoureux, répond-il.

— Dépêche-toi, lance Valérie, maussade, je commence à avoir sommeil.

— Je reviens, petite fille, il gazouille, le boucher de Charenton, en me poussant hors du fourgon avec le cylindre du silencieux.

C'est pourtant vrai qu'il fait une belle nuit d'été, les amis. La lune est là, avec sa cour d'étoiles toutes mieux fourbies les unes que les autres. Le ciel c'est du velours et, au milieu des sapins, l'air a un petit goût de sirop des Vosges.

La clairière au milieu de laquelle stationne le fourgon de Miss Valérie n'est pas très grande. Elle s'élargira because on a entamé une vaste coupe de bois. C'est plein de bûchers qui, dans la clarté blafarde, ressemblent à des huttes.

Nos ancêtres les Gaulois devaient drôlement bien se porter au milieu de toute cette chlorophylle ! De leur temps le flingue à silencieux n'existait pas. On se payait l'adversaire à la lance ou à l'épée.

— Vous me la placez dans le chignon? interrogé-je en désignant son pétard d'un hochement de tête par-dessus mon épaule.

— Parce que vous m'êtes sympa, révèle Freddy Vergeot. Sinon, ma spécialité c'est un coin de tripaille. Le client se tortille pendant deux heures avant de lâcher la rampe !

— Merci pour la faveur, soupiré-je.

— Vous n'avez pas les jetons? s'étonne mon tourmenteur.

Je m'abstiens de lui dire que je ne me bile pas outre mesure vu que je suis le narrateur car il ne faut jamais narguer personne, ça manque de générosité chrétienne !

— Un peu, soyons logique, le rassuré-je. Mais je me dis que puisque nous devons tous y passer…

Je m'arrête.

— On fait ça ici?

— J'aimerais mieux plus loin, c'est trop près de la clairière et l'on vous découvrirait demain matin.

Vous le voyez mes amis, nous nous trouvons entre gentlemen intelligents. Il fait bon causer « à plat».

— Je vous comprends parfaitement, assuré-je.

Et tout en foulant le sol, hérissé de résidus de fausses souches, je me tiens le langage suivant : « Mon petit San-A., d'accord t'es le narrateur. T'as de la malice, du talent, beaucoup d'imagination et juste ce qu'il faut de génie pour te donner l'air d'en posséder beaucoup : seulement faudrait tout de même trouver le moyen de sortir tes pinceaux de cette tartine de miel, Gars ! A force de jouer avec le feu (comme dirait Barbusse) tu vas finir par te laisser brûler les plumes. Un moment d'inattention de ton ami Frédéric et c'est râpé pour ta pomme, beau commissaire au teint bruni ! Que faire? On n'affronte pas un homme armé, menottes aux poignets ! On ne se sauve pas non plus avec les bras ramenés à l'avant du corps. Surtout que c'est pas n'importe qui, Freddy Vergeot. Pour le prendre en défaut il convient de s'entraîner pendant quelques mois avec du matériel approprié, j'ai pas le temps.

Nous achevons de traverser la clairière et allons pénétrer dans l'épaisseur du bois. C'est alors que j'avise quelque chose de magnifique, grâce à la participation efficace du clair de lune. Un objet banal lorsqu'on déambule dans une rue de Paris, de Bordeaux, de Lyon, de Marseille, de Lille, de Rouen, d'Orléans, de Strasbourg, de Toulouse, de Lautrec, de Nice, de Chambéry, de Poitiers, de Caen, d'Angoulême, de Nancy, de Romorantin, de Beauvais, de Toulon, d'Angers, de Montpellier, de Pau, ou même d'ailleurs, d'ailleurs, et qu'on l'avise à la vitrine d'un quincaillier, mais qui revêt une signification toute particulière quand on se promène en forêt, menottes aux mains, avec le canon d'un 9 mm entre les omoplates. Oui, les objets inanimés possèdent une âme qui captive notre âme et la force d'aimer dans certains cas. Ainsi je puis vous dire que la cognée plantée à la verticale contre un arbre, et sur laquelle je louche à m'en faire gicler les lotos, possède bien une âme et mieux encore : une lame. L'objet se trouve à quelque trois mètres zéro cinq de moi, sur ma droite. Encore deux pas et j'aurai dépassé l'arbre dans lequel elle est enfoncée.

Cela s'appelle the last chance, en anglais et le dernier coup de pot en français. Félicie m'a toujours répété qu'il ne faut pas jeter le manche après la cognée, mais moi je me jetterais volontiers sur le manche de la cognée si je n'étais absolument certain d'héberger, dans la seconde qui suivrait mon mouvement, une série de projectiles dans le bibus.

Je stoppe. Le canon du feu s'enfonce durement entre mes épaules athlétiques.

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