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Ankrel avait encore une foule de questions à poser à Jozeo, entre autres la relation qu’il y avait entre leur expédition et cet homme qui était venu délivrer la fille sur la colline de l’Ellab et qui avait subitement disparu alors que les protecteurs l’encerclaient, mais le lakcha mit fin à la conversation en se détournant et se dirigeant d’un pas décidé vers le feu où grillaient les premiers morceaux de viande.

Ankrel le rejoignit après avoir jeté un coup d’œil anxieux sur la voûte céleste que pas un nuage n’assombrissait. Trop loin désormais pour être alertés par les cornes des guetteurs, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes pour prévenir le passage des umbres et, comme la plaine n’offrait aucun refuge apparent, ils évoluaient en permanence sous la menace des prédateurs volants. Ils n’en avaient pas rencontré un seul depuis leur départ, mais l’horizon pouvait à tout moment se couvrir de taches noires capables de combler de gigantesques distances à une vitesse effarante.

Ils mangèrent dans un silence bercé par les sifflements du vent, les crépitements du feu et les bruits de mastication. Ankrel resta debout tout au long du repas, les jambes écartées afin d’éviter les frottements de ses cuisses. Une certaine appréhension se lisait sur les visages burinés des autres membres du groupe. Bien sûr, ceux-là se seraient laissé couper en petits morceaux plutôt que d’avouer leur inquiétude, mais la fixité des regards, la crispation des mâchoires et une tendance de plus en plus prononcée à l’irritation trahissaient une nervosité rentrée, de moins en moins bien rangée sous l’assurance des poses et des mines.

Le premier soir, Ankrel avait demandé à quelques-uns d’entre eux en quoi avait consisté leur pacte d’admission dans le cercle des protecteurs des sentiers. Un seul avait accepté de lui répondre, les autres ayant éludé la question d’un mouvement d’épaules ou d’un grognement courroucé.

« Ils m’ont demandé de leur rapporter une dizaine de têtes de ventresecs, avait murmuré Mazrel, un homme d’une centaine d’années, d’une voix tellement basse qu’Ankrel avait dû se coller contre sa bouche pour saisir ses paroles.

— Ça n’a pas été trop difficile ? »

Mazrel avait secoué la tête d’un air las, presque abattu.

« J’avais à ce moment-là une relation très… intime avec une femme ventresec. Une vraie furie au lit. Je lui avais soigneusement caché que j’étais lakcha de chasse : les errants ne nous aiment pas pour les raisons que tu connais sans doute. Elle croyait que j’étais un permanent du satané mathelle où vivait ma famille. Je lui ai dit que je voulais rencontrer les membres de son clan parce que j’aimerais peut-être devenir à mon tour ventresec. Elle a fini par me conduire aux siens. Ils étaient ce jour-là en train de préparer leur départ à la fin de la période des moissons. Ils m’ont invité à rester en leur compagnie. Leur clan s’était formé un an plus tôt et ne comptait qu’une quinzaine de personnes, cinq femmes, sept hommes et trois enfants en bas âge. J’ai attendu qu’ils s’endorment pour les tuer l’un après l’autre. Je leur ai ouvert la gorge d’un coup sec pour les empêcher de crier, ça fait juste un bruit d’air, un bruit de bulle de pollen qui se dégonfle ou d’un tuyau qui fuit. J’ai eu juste maille à partir avec un des hommes, un foutu costaud qui s’est réveillé quelques instants trop tôt. Il a fallu que je m’y reprenne à trois fois pour lui planter ma lame dans le cœur. Il a gueulé comme un yonk en rut. Les autres étaient morts heureusement, sauf les enfants, mais j’avais pas grand-chose à craindre d’eux. J’ai coupé les quinze têtes, je les ai mises dans un sac et je les ai ramenées aux protecteurs. Non, comme tu vois, ça n’a pas été trop difficile.

— Je ne parlais pas de ce genre de difficulté. Tu n’as jamais éprouvé des… des remords ? »

Mazrel lui avait lancé un regard stupéfait. Il ne s’était probablement jamais posé la question, même si, à la manière dont il se tordait les mains en racontant cette histoire, il ne paraissait pas spécialement fier de son exploit.

« Des remords ? Cette femme, la ventresec, me plaisait bien. Pas une autre fichue bonne femme n’a su un jour me chauffer les sangs aussi bien qu’elle. Je me suis dit qu’avec elle j’aurais pu passer du bon temps, et j’ai souvent regretté de ne pas l’avoir épargnée.

— Et les autres ? Les enfants ?

— Eux, c’étaient de foutues graines de parasites, de futurs charognards des plaines. »

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