L’eau n’était pas loin maintenant, l’air était saturé d’humidité, il percevait des clapotis lointains. L’escalier s’échappa du puits pour s’ouvrir sur le vide et franchir en douceur la hauteur d’une trentaine de pas qui le séparait du sol. Il donnait dans une immense cavité naturelle qu’éclairaient avec parcimonie de petites solarines serties dans les parois, dans les piliers ou dans les stalactites. Orchéron remarqua immédiatement les miroitements de la nappe d’eau qui occupait la plus grande partie du gouffre et franchissait les ouvertures en forme d’arches pour s’étendre dans les salles annexes. Il parcourut en courant la surface plate et rocheuse entre le bas de l’escalier et le bord de la nappe.
La créature se détacha de lui, sauta au sol et se mit à bondir elle aussi, mais dans la direction opposée. La soif d’Orchéron était tellement dévorante qu’il ne prêta pas attention à sa réaction ni à la sensation déchirante de froid et de manque. Il s’allongea devant la nappe, plongea le visage dans l’eau et s’abreuva à longues gorgées.
Il eut la sensation d’un mouvement dans son dos. Il ne s’en inquiéta pas, trop affairé à se désaltérer, croyant que la créature était revenue sur ses pas, puis il entendit une succession de crissements insistants qui l’entraînèrent à se relever et à se retourner.
Une ombre émergeait dans un recoin d’obscurité et s’avançait dans sa direction. Indistincte pour le moment, mais menaçante sans aucun doute. Il aperçut au-dessus d’elle, suspendue à une stalactite, l’un de ces cocons transparents qu’il avait entrevus dans ses visions et qui renfermait un corps.
Pas le corps rougeâtre d’une créature, mais celui d’une femme blonde et revêtue d’un tissu blanc.
Le corps d’Alma.
CHAPITRE XXVI
SAUTS