Читаем Orchéron полностью

La lumière qui baignait l’immense salle souterraine ne provenait pas de solarines, encore moins de Jael, elle semblait émaner directement du matériau lisse qui habillait le sol, les parois et le plafond. Un ronronnement se déclenchait à intervalles réguliers, des courants d’air circulaient, puissants, frais, exactement comme si le vent avait continué de souffler à ces profondeurs. Ils ne parvenaient pas à chasser toutefois l’odeur suffocante de yonk qui imprégnait les lieux et qui s’était intensifiée au fur et à mesure qu’Orchéron et ses compagnons ventresecs s’étaient avancés dans le passage.

Ils n’avaient pas croisé d’autres yonks que celui qu’Orchéron avait vu surgir de la bouche obscure quelques jours plus tôt. Un mâle à la robe brune et à la toison noire, isolé du reste du troupeau. Visiblement surpris par la présence d’un homme si près de la sortie du tunnel, il avait pris peur, mugi, frappé des sabots, montré les extrémités effilées de ses cornes. Orchéron était resté parfaitement immobile, refoulant la tentation de se saisir de son couteau, estimant que le moindre geste n’aurait réussi qu’à exciter l’agressivité du grand herbivore. Il avait observé la paroi rocheuse sur sa gauche et avisé une série d’aspérités qui s’échelonnaient jusqu’à un surplomb situé à une hauteur de trois hommes. Il s’en était approché avec une extrême lenteur tandis que le yonk continuait de renâcler, puis, après avoir mentalement préparé son escalade, il avait grimpé aussi vite que le lui permettait la pierre rendue glissante par la pluie.

Le yonk avait chargé. À l’issue d’une course lourde, rageuse, il avait percuté la paroi de plein fouet et soulevé une gerbe d’éclats et de roche pulvérisée. Il avait encore donné une série de coups de corne puissants et frénétiques avant de renoncer et de s’éloigner au petit trot dans le passage.

Étonné par la hargne du grand herbivore, frigorifié par la pluie, Orchéron avait attendu un long moment avant de descendre de son refuge et de remonter sur le plateau. Il avait repéré au milieu du troupeau son agresseur qui, sans doute rassuré par la proximité de ses congénères, broutait tranquillement les dernières feuilles d’arbuste sans prêter attention aux enfants du clan ventresec qui jouaient quelques pas plus loin.

Orchéron avait parlé de sa découverte aux errants. Ils avaient décidé, à l’issue de palabres animés, que six d’entre eux l’accompagneraient dans l’exploration du passage souterrain d’où venaient les yonks. Sur les six, quatre, dont Ezlinn, s’étaient portés volontaires et Arjam avait désigné les deux autres. Ils avaient également résolu de passer l’amaya de glace au bord des grandes eaux et demandé à Orchéron de repousser l’expédition à trois jours, le temps qu’ils préparent des abris et mettent des vivres de côté. Ils avaient donc monté une dizaine de constructions de forme hémisphérique avec des branches d’arbuste pour armature et des herbes liées en bottes pour toiture. Ils avaient ensuite dépecé les deux bêtes qui étaient venues mourir tout près, entreposé les quartiers de viande dans des cavités rocheuses, commencé à tanner les peaux, à assouplir les tendons, à tailler les cornes et les os.

La vitesse à laquelle ils avaient transformé ce bout de terre désolé en un lieu de vie avait ébahi Orchéron. Ils utilisaient les ressources de leur environnement de façon beaucoup plus rationnelle, beaucoup moins abusive que les mathelles. Il avait continué de dormir dans sa petite cavité rocheuse, mais Ezlinn n’était jamais venue le rejoindre et, même si son orgueil lui avait interdit de le montrer, il en avait éprouvé du dépit.

Des umbres, très nombreux, une trentaine au moins, avaient fait leur apparition au-dessus des grandes eaux le matin du troisième jour. Les errants n’avaient pas eu ces réactions de panique qui caractérisaient les permanents des domaines, ils avaient simplement cessé toute activité, levé la tête et contemplé, avec une forme d’adoration dans les yeux, les taches noires jusqu’à ce qu’elles s’éclipsent comme des songes.

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