Mais c’est une lourde tâche, un simple trieur de lettres à la poste n’en viendrait pas à bout. Tâtonner à leur suite au fond des mers, approcher les mains des indicibles fondations, des côtes, du bassin même de la terre, c’est une tentative effrayante. Qui suis-je pour prétendre «mettre un jonc dans les narines» du léviathan! Les sarcasmes dont Job se vit accablé peuvent bien me glacer de terreur. «Fera-t-il (le léviathan) un accord avec toi? Tout espoir de le prendre s’évanouit!» Mais j’ai traversé à la nage les bibliothèques et fait voile sur les océans. J’ai eu affaire avec les baleines avec les mains que voici, je suis sincère, et je vais me risquer. Il y a toutefois quelques préliminaires à établir.
Tout d’abord: que la cétologie en soit encore au stade incertain et indéfini de son enfance, un seul fait suffirait à le prouver: on discute parfois encore la question de savoir s’il faut ou non classer les cétacés dans le genre des poissons. Dans son
Linné donne les raisons pour lesquelles il s’appuie pour dire que les cétacés ne participent pas du seul Océan: «à cause de leur sang chaud, de leur cœur biloculaire, de leurs poumons, de leurs paupières mobiles, de leurs oreilles sans pavillon externe,
Qu’on sache donc que, faisant fi de tout argument, je vais tabler sur la bonne vieille croyance qui fait de la baleine un poisson et que j’implorai le soutien du saint Jonas. Ce point essentiel étant fixé, le suivant est celui-ci: quelles sont les caractéristiques physiques qui distinguent les cétacés des autres poissons? Linné, dans le passage précité, les énumère, j’ajoute plus succinctement: des poumons, le sang chaud tandis que tous les autres poissons ont le sang froid et point de poumons.
Ensuite: quelle définition allons-nous donner de la baleine d’après son aspect extérieur, de façon que son signalement reste valable pour les temps à venir? En bref,
Par cette définition, je n’entends nullement exclure de la confrérie léviathanesque une quelconque créature marine jusqu’ici appelée cétacé par les Nantuckais les mieux informés, ni d’autre part les apparenter à des poissons jusqu’ici considérés par des gens compétents comme leur étant étrangers [3] Dès lors tous les poissons de moindre dimension, souffleurs et plagiures entreront dans le plan ichnographique de la cétologie. Et maintenant établissons les grandes divisions dans la région des cétacés.
Tout d’abord: selon leur ordre de grandeur je sépare en VOLUMES (subdivisibles en chapitres) tous les baleinoptères tant petits que grand. I: LA BALEINE IN-FOLIO – II: LA BALEINE IN-OCTAVO – III: LA BALEINE IN-DOUZE.
Comme type de l’in-folio, je donnerai le cachalot, de l’in-octavo le grampus ou orque épaulard, de l’in-douze, le marsouin.
IN-FOLIO: j’y inclus les chapitres suivants: I: le cachalot – II: la baleine franche – III: le rorqual commun – IV: la jubarte – V: la baleine à dos en rasoir – VI: le sulphur bottom.