Читаем Le Soldat Oublié полностью

Nous savions tous qu’elles signifiaient « en avant ». Nous eûmes un moment de stupéfaction et d’hésitation, puis, prudemment, nous nous mîmes en devoir de progresser. Certains s’étaient soulevés et avançaient pliés en deux. Les fusées russes déclinaient et nous en profitâmes pour faire un bond en avant. Je me retrouvai, à ce moment, dans une petite cuvette bordée de courtes broussailles. Deux camarades venaient de me rejoindre et leurs deux respirations bruyantes et précipitées trahissaient la tension nerveuse qui leur nouait la gorge. Je ne connais rien de plus inquiétant que la progression de nuit sur un terrain touffu où derrière chaque buisson, là à deux mètres de vous, un éclair blanc peut vous éblouir un instant avant qu’une douleur violente ne vous fasse tout oublier de cette terre inhospitalière. Il était évident que notre progression par bonds était bruyante et que, pour un moujik silencieux et le doigt sur la détente, l’occasion ne tarderait pas à se présenter.

Pourtant tout demeurait à peu près silencieux. L’ennemi sans doute très proche ne se décidait pas à se montrer et prolongeait ainsi notre indisposition. Lentement, avec précaution, nous nous remîmes à avancer. Le sang frappait dur à mes tempes et tout mon être était tendu, prêt au plongeon que nous allions tous être obligés de faire d’un moment à l’autre.

Sur la gauche, à vingt ou trente mètres, une voix se fit entendre. Les deux gars tout proches et moi-même, nous piquâmes du nez dans l’herbe brûlée. Un instant, nous crûmes que ça y était. Les yeux plissés, comme toujours pour prévenir le premier fracas, j’ajustais mon mauser au creux de mon épaule. Pourtant, rien ne se passa encore. Sur la gauche, là où nous venions d’entendre du bruit, deux Ruskis venaient de « faire camarade » et de tomber dans les mains de mes compagnons. Un peu plus loin, la même chose se produisait, et de nombreux Russes se laissèrent faire prisonniers sans que nous puissions comprendre. Que s’était-il passé dans la tête de ces hommes chargés de nous arrêter ? Allez donc le savoir ! Peut-être crurent-ils que leur progression des derniers temps les avait coupés de leurs arrières et avaient-ils eu peur ? Car, à cette époque où tout n’était que vengeance, les Russes avaient aussi peur des Allemands que les Allemands des Russes. Nous crûmes même à une ruse.

Une heure s’écoula encore avant que l’ordre de regroupement ne nous parvînt. Depuis une heure aussi, nos chars étaient repartis à l’action, et les éclairs des départs de leurs pièces jetaient des lueurs roses sur les gueules de mes camarades qui se repliaient en silence. À travers l’obscurité, nous gagnâmes nos véhicules, et la division blindée sembla continuer sa progression. Les estafettes tourbillonnaient autour de nos lourds transports. Devant, peut-être à trois kilomètres, nos chars semblaient repousser un ennemi assez peu vigoureux.

L’aube retrouva la colonne ou plutôt les colonnes, car nos véhicules avançaient aussi bien à cinq cents mètres à gauche qu’à droite.

De la nuit, les détonations des canons de nos éléments de pointe n’avaient pas cessé. À travers deux nappes de brouillard nous discernâmes un bourg dont je ne saurais dire le nom. Les motorisés de la « Gross Deutschland » s’engagèrent dans les rues bordées de maisons serrées les unes contre les autres et aux volets clos. Nos véhicules avançaient lentement ; à leur bord, nos soldats, le doigt sur la gâchette, étaient prêts à toute éventualité. Nous arrivâmes à une petite place où un groupe de véhicules avait stoppé. Deux camions-ambulances étaient parmi le groupe. Des maisons alentour, des soldats allemands entraient et sortaient. Une trentaine de civils russes étaient groupés auprès d’une maison et surveillés par des sentinelles. Nous continuâmes ainsi notre chemin. À la sortie de la ville, nous retrouvâmes des tankistes de notre unité en train de réparer quelques dégâts que leurs machines avaient subis. Alentour, les faubourgs vétustes brûlaient. Nous garâmes un instant nos véhicules auprès des misérables bicoques de bois et de paille. Aucun trottoir, aucune orientation des constructions, et pas davantage d’alignement. Les faubourgs de nombreuses villes de Russie ressemblent à d’immenses cours de ferme. Des abreuvoirs, ou des preikas obstruent brusquement ce qui pourrait éventuellement être une rue, et on se demande quel ingénieux service d’urbanisme a bien pu manifester un tel souci d’esthétique ! Probablement aucun. Les villages perdus dans la steppe ont beaucoup plus d’allure avec leurs isbas qui semblent tourner le dos au nord. Les faubourgs et même une grande partie des villes que j’ai traversées, à l’exception de Kiev, sont d’une tristesse désolante.

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